Conjoncture : les indicateurs restent dans le rouge

Par Fabien Piliu  |   |  725  mots
Les Français fréquentent de moins en moins les restaurants et les brasseries constate le Synhorcat
Selon plusieurs enquêtes de conjoncture dévoilées ce lundi, l'activité s'est ralentie au deuxième trimestre. Aucune amélioration de la conjoncture n'est attendue pour le moment.

Les enquêtes de conjoncture publiées la semaine dernière étaient moroses. Celles dévoilées ce lundi ne le sont guère davantage.

Ainsi, dans le commerce et l'artisanat, la morosité est de mise. " Les résultats de la dernière enquête UPA / I+C portant sur la conjoncture et l'emploi dans l'artisanat et le commerce de proximité au premier semestre 2014 ne révèlent pas d'amélioration, ni sur le plan de la conjoncture ni sur le front de l'emploi. Seules 19% de ces entreprises ont embauché sur l'ensemble du premier semestre, en stagnation par rapport à 2013. Les entreprises de proximité qui ont créé plus de 100.000 entreprises et 600.000 emplois supplémentaires au cours des dix années qui ont précédé la crise de 2008, ont accusé une baisse de 1,5% de leur chiffre d'affaires au deuxième trimestre ", constate l'Union professionnelle artisanale (UPA) qui n'anticipe aucun retournement de l'activité cet été.

Le Pacte de responsabilité, une promesse pour l'instant

Selon cette enquête, près d'un tiers (30%) des chefs d'entreprise de l'artisanat et du commerce de proximité prévoient encore une baisse de chiffre d'affaires au cours du 3ème trimestre, tandis que 18% d'entre eux anticipent au contraire une activité plus soutenue, à commencer par les hôteliers-restaurateurs qui traditionnellement fondent des espoirs sur la période estivale. " Ces chiffres nous rappellent que le pacte de responsabilité n'a encore aucune réalité dans les entreprises et que l'accélération du calendrier de baisse du coût du travail réclamée par l'UPA était totalement justifiée " estime l'organisation patronale. Pour mémoire, le gouvernement estime que le Pacte de responsabilité permettra la création de 200.000 emplois d'ici 2017. Une estimation plusieurs fois contredite.

Dans l'hôtellerie-restauration, la reprise se fait toujours attendre. " Malgré les ponts du mois de mai et une météo clémente, le printemps a été morose dans l'hôtellerie-restauration en France ", selon une synthèse également publiée lundi par le Synhorcat, le syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs. Au deuxième trimestre, l'ensemble du secteur enregistre ainsi un chiffre d'affaires en baisse de 2,5% par rapport au même trimestre l'année précédente, selon l'enquête I+C/Synhorcat.

Baisse de la fréquentation dans les restaurants et les brasseries

Si l'hôtellerie a tiré son épingle du jeu, avec un chiffre d'affaires en hausse de 1% pour les hôtels, et une quasi-stabilisation pour les hôtels-restaurants (-0,5%), les restaurants et les brasseries ont souffert, affichant des baisses respectives de chiffre d'affaires de 4% et 7% sur la période.

" La tendance annuelle demeure orientée à la baisse, de l'ordre de -3% à l'issue du printemps. Pour ce qui concerne la restauration sur le plan national, l'activité est tendue, voire préoccupante. On constate une stabilité relative du nombre de clients mais leurs dépenses subissent de plein fouet la crise du pouvoir d'achat ", avertit Jean-Pierre Chedal, le président des restaurateurs au Synhorcat. Pour la saison estivale, les professionnels restent prudents, misant sur une stabilité de leur activité. En effet, 30% d'entre eux attendent une hausse d'activité dans les prochains mois quand 23% anticipent une baisse.

L'industrie continue de souffrir

Les services ne sont pas les seuls à souffrir. L'enquête trimestrielle de conjoncture dans l'industrie publiée par l'Insee le 23 juillet n'indiquait-elle pas que la compétitivité au deuxième trimestre 2014 restait dégradée sur le marché hors de l'Union européenne et se détériorait sur les marchés nationaux et européens ?

Dans le secteur des biens d'équipement de production, la baisse de l'activité manufacturière est confirmée en juin après un premier décrochage en mai en raison de la détérioration de la conjoncture. " L'affaiblissement de la demande provient à la fois du marché domestique et des marchés export. Et cette situation pourrait bien persister au cours de la période estivale d'autant que les premiers indicateurs de l'activité industrielle française de juillet ne vont pas dans le sens d'une amélioration ", note le Syndicat des machines et technologies de production, le Symop. Interrogés en début d'année par l'Insee, les chefs d'entreprises n'avaient -ils pas prévus d'augmenter de 4% leurs investissements cette année ? A moins que l'activité reparte au second semestre, cette prévision pourrait donc être prochainement révisée à la baisse.