Austérité ou non ? La France la connaît depuis 2011

Par Ivan Best  |   |  455  mots
Les détracteurs d'Arnaud Montebourg estiment que, contrairement aux affirmations de l'ex ministre, la France ne connaît pas l'austérité. Au vu de la hausse des prélèvements obligatoires, cette affirmation ne tient pas la route

C'est une petite musique qui revient à longueur de commentaires télévisés, aussi bien dans la bouche d'experts de droite que de gauche : la France n'aurait, contrairement aux affirmations d'Arnaud Montebourg,  jamais subi une politique budgétaire d'austérité. A droite, on estime que l'équipe Hollande n'a jamais eu le courage de la mener, à gauche, des experts tel le politologue Gérard Grunberg, refusent d'associer un gouvernement socialiste à ce genre de politique.

La plus forte hausse des prélèvements en temps de paix

Quelle est la réalité ? Depuis 2011, la France subit effectivement l'austérité. C'est incontestable, si l'on veut bien admettre, suivant en cela les économistes, qu'une stratégie de réduction du déficit public à marche forcée, que ce soit au moyen de coupes dans les dépenses ou grâce des hausses d'impôts, est synonyme d'austérité.
Entre 2011 et 2013, les prélèvements obligatoires ont été accrus de trois points de PIB, passant de 41,3% du PIB en 2010 à 44,7% en 2013. Cette hausse de trois points en l'espace de trois ans est sans précédent en temps de paix. Seul Raymond Barre a augmenté autant les prélèvements, mais sur une période plus longue -de 1976 à 1981.

Quelles coupes dans les dépenses?

L'argument avancé par la droite pour affirmer l'absence d'austérité est l'absence de coupes franches dans le budget. Or le budget de l'Etat baisse bel et bien. Beaucoup moins qu'ailleurs ? L'examen objectif des statistiques conduit à constater qu'aucun pays n'a diminué franchement leurs dépenses en valeur absolue, par rapport au niveau d'avant crise (2008). Il est vrai que, compte tenu de l'inflation, elles ont baissé, dans deux pays : l'Espagne et l'Italie. Et, que la hausse en France (+14,1% depuis 2008) est supérieure à celle constatée par ailleurs : +12,6% en Allemagne, +10% en Grande Bretagne.

Les exemples usés de la Suède et du Canada

En tous cas, les exemples déjà anciens de la Suède et du Canada, mis en avant ad nauseam, n'en sont pas : ces pays n'ont pas baissé leurs dépenses en valeur absolue. Elles ont été simplement stabilisées. Si elles ont diminué en proportion du PIB -fortement dans le cas de la Suède, de l'ordre de 15 points au milieu des années 90- c'est en raison de la hausse de ce même PIB. En valeur absolue, les dépenses publiques suédoises ont augmenté de 12,6% entre 1994 et 1999.
Au Canada, les dépenses n'ont baissé qu'une seule année, en 1996 (source : OCDE), et elles sont ensuite reparties de l'avant. Sur la même période 1994-1999, elles ont augmenté de 9,3%.
Qu'en est-il sur le long terme ? Entre 1994 et 2013, elles ont progressé de 77% en Suède. En France, la hausse a été de 88%.