Valls défend sa ligne à La Rochelle

Par latribune.fr  |   |  1027  mots
Manuel Valls défend ce dimanche sa ligne en clôture de l'université d'été du Parti socialiste à La Rochelle.

Applaudi debout par les patrons mercredi au Medef, le chef d'un gouvernement purgé de son aile gauche parviendra-t-il à recevoir la même ovation de son propre parti? Alors que sa ligne a été contestée ce samedi par les « frondeurs » du Parti socialiste, Manuel Valls défend ce dimanche sa ligne en clôture de l'université d'été du PS à La Rochelle.

"Je suis des leurs, je suis leur Premier ministre. Je vais leur parler avec le coeur, il faut les entraîner. Je veux rassurer et rassembler", a confié Manuel Valls au JDD.

En se promenant "parmi les Français" dans le centre de La Rochelle samedi, le Premier ministre avait toutefois confié "ne pas chercher les applaudissements", mais "à convaincre". "Je suis pas dans les petits jeux, ma seule mission c'est de redresser le pays".

Accueil sans incident des militants

Si Manuel Valls a finalement eu droit à un accueil sans incident -et plutôt bienveillant- des militants socialistes pour ces premières heures rochelaises samedi (les sifflets qui l'attendaient à la sortie de la gare venaient de militants CGT) la partie ne s'annonce pas aisée.

Car des parlementaires "frondeurs" aux responsables communistes et aux écologistes en passant, à distance, par Martine Aubry, l'ex-maire d'Evry a en effet été sous le feu des critiques samedi au deuxième jour du traditionnel rendez-vous de la famille socialiste.

Capable de gouverner

S'il n'est pas prévu d'annonces de la part de Manuel Valls -la mesure fiscale promise par le gouvernement attendra- "il s'agit de montrer que la gauche, dans des moments difficiles, est capable de gouverner", indique-t-on dans l'entourage du Premier ministre. Manuel Valls "ne veut pas se laisser enfermer dans les mots comme social-libéral, social-démocrate, au moment où la France est dans cette situation difficile. Il connaît les pièges de ces débats", note un proche.

"A travers les militants, il veut s'adresser aux Français", explique-t-on. Dépasser le parti, tel était aussi le message d'un Premier ministre lors de cette "promenade" devant les caméras dans le centre de La Rochelle, qui visait notamment à montrer qu'il n'était pas "bunkerisé" par le pouvoir.

"Social-libéralisme"

Pour le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone, qui a glissé qu'à la place de Manuel Valls, il aurait réservé son discours de rentrée aux militants plutôt qu'aux patrons du Medef, il s'agira de dire "ce qu'est le socialisme aujourd'hui" pour ne pas se laisser entraîner vers des querelles sémantiques sur "le social-libéralisme".

Les retrouvailles de Manuel Valls avec les militants PS -qu'il n'a que peu croisé depuis la campagne des européennes- suivent une journée de samedi où la ligne Hollande-Valls aura subi son lot de remises en cause.

La première charge est venue dès le début de la matinée des députés "frondeurs" qui, furieux de la ligne économique "social-libérale" affichée par le nouveau gouvernement Valls II, ont profité du rendez-vous pour lancer leur club "Vive la gauche", devant plusieurs centaines de personnes rassemblées dans un amphithéâtre à l'ambiance surchauffée.

Taubira à La Rochelle

Alors que l'éviction d'Arnaud Montebourg pour contestation de la "seule ligne" gouvernementale était dans toutes les têtes, la ministre de la Justice Christiane Taubira a créé la surprise en venant brièvement assister au rassemblement. Mais Manuel Valls n'a pas trouvé à redire à l'initiative de sa garde des Sceaux.

"La cohérence, la clarté, la cohésion voulues par le président ne sont évidemment pas mises en cause", a-t-il jugé. "C'est très bien que ça se passe ainsi, c'est bien que cette université d'été montre qu'il y a des débats, des discussions", selon le Premier ministre, qui a même dîné assis à côté de sa ministre pour déminer encore un peu plus le début de controverse.

Une autre charge est venue de loin : Martine Aubry, l'un des grands absents du rassemblement, a réclamé que sa ville de Lille et d'autres communes volontaires bénéficient de l'encadrement des loyers, limité la veille à la capitale... par Manuel Valls. Ce dernier lui a répondu dans le JDD que si Lille (ou toute ville volontaire) voulait elle aussi expérimenter cette mesure, libre à elle.

Unité de la gauche

Un dernier incident notable a eu lieu en fin de journée, lors du débat sur "l'unité de la gauche", qui n'a eu d'unitaire que le nom.

D'ordinaire placide, le numéro un du PCF, Pierre Laurent, a fortement haussé le ton en lâchant, sous les applaudissements (et quelques sifflets) que le contrat qu'avait passé François Hollande en 2012 venait, cette semaine, "d'être déchiré devant les Français". "La politique engagée et qui veut être amplifiée par le nouveau gouvernement conduit par Manuel Valls", elle "nous mène dans le mur" et elle "ne permettra pas l'unité de la gauche", a-t-il prévenu.

Egalement présente, la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Emmanuelle Cosse, a elle fait passer "un message de colère et de déception après les dernières annonces pour démonter la loi Alur" sur le logement.

Le Pen prête à  gouverner

Lors de sa rentrée politique samedi à Brachay, en Haute-Marne, où elle avait obtenu son score le plus élevé à la présidentielle de 2012, Marine Le Pen a déclaré que la nouvelle équipe de Manuel Valls n'aura pas de majorité pour survivre aux échéances législatives de l'automne. Elle s'est dite prête à gouverner si le Front national devait être porté au pouvoir par un scrutin anticipé.

Si l'hypothèse semble exclue par François Hollande et si la plupart des figures de l'UMP n'y paraissent pas favorables, confrontées qu'elles sont à la reconstruction de leur parti, Marine Le Pen estime une dissolution inévitable à court terme.

"Si le peuple nous donne à l'Assemblée nationale une majorité pour gouverner, et bien nous gouvernerons", a-t-elle dit sous les applaudissements de son auditoire. "Nous ferons tout notre possible avec les moyens dont nous disposerons. Nous ne fuirons pas comme ces lâches nos responsabilités."