Austérité, 35 heures, frondeurs, Allemagne, ce que dit Valls aux socialistes

Par latribune.fr  |   |  1041  mots
A la Rochelle, le Premier ministre a nié mener une politique d'austérité. Il a demandé aux patrons de faire preuve de patriotisme économique et exhorté les militants socialistes de soutenir François Hollande.

A la Rochelle, en clôture de l'université d'été du Parti socialiste, Manuel Valls était attendu au tournant par des opposants qui n'ont pas digéré le choc politique de la formation du nouveau gouvernement, purgé de son aile gauche. Déclarant "j'aime les socialistes" en écho à son "j'aime les entreprises" prononcé mercredi au Medef qui avait suscité des critiques de l'aile gauche du parti, le Premier ministre a répondu dimanche à ses détracteurs de gauche en martelant que son gouvernement ne faisait "pas de l'austérité". Si la lutte contre les déficits est "une priorité", cette "réduction des déficits ne doit pas se faire par dogmatisme, ce n'est pas un but en soi" et "sur cette question, il n'y a pas de débat à avoir entre nous", a-t-il lancé sous les applaudissements.

"Pas d'austérité"

Dans une anaphore, il a asséné huit fois de suite "nous ne faisons pas l'austérité".

"Quand nous créons 60.000 postes dans l'Education nationale pour refaire de l'école une priorité, nous ne faisons pas de l'austérité. Quand nous préservons les missions du budget de la Culture pour la création et le spectacle vivant, nous ne faisons pas de l'austérité. Quand nous créons des postes de policiers et de gendarmes, pour garantir la sécurité des Français sur tout le territoire -dans les quartiers populaires, dans les zones rurales- nous ne faisons pas de l'austérité", a-t-il dit, sous de vifs applaudissements.

"Quand nous créons des postes dans la Justice, la pénitentiaire, et pour mettre en oeuvre la réforme pénale, nous ne faisons pas de l'austérité. Quand nous agissons avec les emplois d'avenir pour permettre aux jeunes de débuter dans la vie, nous ne faisons pas de l'austérité", a-t-il lancé.

"Quand nous augmentons le RSA de 10%, quand nous mettons en place un grand plan de lutte contre la pauvreté, nous ne faisons pas de l'austérité. Quand nous augmentons l'allocation de rentrée scolaire que viennent de toucher des milliers de familles, nous ne faisons pas de l'austérité. Quand nous augmentons les bourses pour les étudiants, nous ne faisons pas de l'austérité", a ajouté le chef du gouvernement.

Patriotisme économique

Ovationné mercredi par les patrons lors de l'université d'été du Medef, Manuel Valls a exhorté ce dimanche les chefs d'entreprise à "faire preuve de patriotisme économique". "La Nation a consenti un effort nécessaire et c'est donc maintenant aux chefs d'entreprise, parce que nous créons un début de confiance, de faire preuve de patriotisme économique, sur les salaires, en embauchant, en formant, en investissant", a-t-il lancé devant les militants PS.

"La Nation a consenti un effort sans précédent. Cet effort était nécessaire. Il va se mettre progressivement en oeuvre. J'assume que la gauche fasse ce qui est nécessaire pour renforcer l'économie et donc les entreprises qui créent de la richesse et de l'emploi. Et nous le faisons dans le dialogue, en associant les syndicats aux réformes conduites. Et nous sommes vigilants, exigeants sur les engagements qui ont été pris", a ajouté Manuel Valls.

Pas de remise en cause des 35 heures

Ce dernier a réaffirmé qu'il n'y aurait pas de "remise en cause" des 35 heures, promettant de réformer "pour débloquer" mais sans "aller en arrière".

"Bien sûr, il nous reste encore beaucoup de blocages à lever. De réformes à mener. Réformer pour débloquer, libérer ces énergies dans bien des domaines. Mais réformer, ce n'est pas aller en arrière", a déclaré le Premier ministre. "Je le réaffirme ici, simplement et clairement, car je ne veux pas de faux débats, il n'y aura pas de remise en cause des 35 heures, pas de remise en cause de la durée légale du temps de travail", a-t-il ajouté.

Face à la contestation interne au PS de la ligne gouvernementale, Manuel Valls a répondu que "ce qui nous unit doit être plus fort que nos différences". "Ce qui fait une famille, c'est une histoire partagée, c'est la solidité des liens. C'est la capacité à se rassembler. Car ce qui nous unit doit être plus fort que nos différences. C'est aussi la capacité à se retrouver, pour se parler et envisager ensemble l'avenir, le réinventer (...) j'aime le débat", a-t-il dit et le PS doit jouer "tout son rôle". "Je connais bien les débats qui peuvent agiter notre parti (...) Et c'est pour tous ces débats (...) que j'aime les socialistes", a déclaré le Premier ministre. "Qu'au sein d'un parti, il y ait des interrogations, des débats, c'est normal. C'est sain. C'est utile. c'est indispensable", a-t-il estimé.

"Mais faisons attention aux choix des mots, à nos attitudes, à nos comportements, à la manière dont nous nous adressons les uns aux autres", a poursuivi Manuel Valls.

"Les Français nous regardent. Si nous ne montrons pas l'exemple, nous tous, comment pourraient-ils comprendre, retrouver confiance, avoir le sentiment que leurs efforts ont un sens?", a-t-il interrogé.

"Quand on est ministre, quand on est parlementaire, le sens de l'Etat appelle la maîtrise de soi ; la maîtrise collective aussi", a ajouté le Premier ministre, dans une allusion transparente aux critiques d'Arnaud Montebourg sur la ligne gouvernementale qui ont conduit à l'éviction du ministre de l'Économie lundi.

Soutenir Hollande

Alors que François Hollande déclarait ce dimanche avoir besoin d'un parti dans la majorité "à l'unisson de ce qu'il propose" Manuel Valls a exhorté les militants socialistes qui se sont, très nombreux, mis debout, à "proclamer" leur "soutien" et leur "affection" au président François Hollande.

Quant à l'Allemagne, elle ne pourra pas "échapper à ses responsabilités" et aura elle aussi besoin d'une relance économique face au ralentissement de la croissance européenne, a estimé Manuel Valls. "Tous les pays doivent prendre leurs responsabilités. Et l'Allemagne ne peut pas échapper aux siennes. Elle aura aussi besoin d'une relance", a jugé le chef du gouvernement à la tribune de l'université d'été du Parti socialiste, alors que la France pousse pour ralentir le rythme de réduction des déficits publics en Europe pour ne pas étouffer la croissance.