Le niveau de vie a baissé en 2012, surtout pour les classes moyennes aisées

Par latribune.fr  |   |  631  mots
Le niveau de vie au seuil des 5% les plus aisés (courbe verte) a chuté de 3,2% en 2012
C'est le niveau de vie des ménages au seuil des 5% les plus riches qui a le plus reculé en 2012 (-3,2%), selon l'Insee. Le taux de pauvreté a baissé, surtout en raison de la diminution du revenu de référence pris en compte.

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Depuis que l'Insee établit des statistiques sur les revenus des ménages (1959), les Français ont subi deux périodes prolongées de baisse de leur pouvoir d'achat.

La première a commencé en 1983, avec ce qu'on a alors appelé la « récession Delors », c'est-à-dire une baisse des revenus liée aux décisions assumées par le ministre des Finances d'alors, Jacques Delors. Cette année-là, le pouvoir d'achat par unité de consommation -une mesure qui prend en compte la taille de chaque ménage- a reculé de 0,9%, puis de 2% en 1984, et enfin de 0,1% en 1985.

Depuis 2011, l'histoire se répète. Sous Sarkozy, le pouvoir d'achat a amorcé un recul (-0,4% en 2011). Le mouvement s'est accéléré en 2012 (-1,5%), année de l'accession de François Hollande aux affaires, et s'est un peu ralenti en 2013 (-0,6%). Mais la séquence est la même : trois années de baisse du pouvoir d'achat.

Et pour qui ? L'Insee publie ce mardi une étude sur l'évolution du niveau de vie en 2012, qui permet d'appréhender un peu mieux les évolutions. Toutes les catégories de la population ont vu leur revenu baisser. Cela dit la baisse est la plus forte en bas et surtout en haut de l'échelle. Encore que l'Insee, comme le plus souvent, ne dit rien des revenus de la petite minorité la plus aisée, les fameux 1%. Les données publiées -cf graphique ci-dessous- concernent les différents déciles de niveau de vie. Pour le premier décile (D1, courbe orange), 10% des ménages ont un revenu inférieur et 90% engrangent un revenu supérieur.

S'agissant du revenu médian (D50, courbe bleue), il s'agit de celui partageant la population en deux : 50% ont moins et 50% ont plus.
Quant au 95ème centile (C95, courbe verte), il s'agit des ménages au seuil des 5% les plus riches. La classe moyenne aisée, pourrait-on dire, encore qu'une telle définition soit contestée. Certains considèrent les ménages du dernier décile comme des "riches", même s'ils n'ont rien à voir avec des Français fortunés.

Forte baisse en haut de la hiérarchie

En 2012, les ménages du premier décile ont vu leur niveau de vie - évolution des revenus après impôts, et euros constants, une fois prise en compte l'inflation- baisser de 1,2%. Au niveau de la médiane, c'est une diminution de 1% qui a été enregistrée. Elle est plus forte pour le neuvième décile (-2%) et surtout pour le 95ème centile (-3,2%).

Pour l'ensemble de la population, le ralentissement salarial ainsi que la hausse du chômage, évidement synonyme de baisse du revenu, expliquent cette évolution. S'agissant des revenus les plus élevés, c'est la baisse des revenus du patrimoine -assurance-vie, notamment- et la hausse des impôts qui expliquent cette évolution.

Les plus aisés avaient pris de l'avance

Mais, comme le montre le graphique, les plus aisés avaient pris de l'avance au cours des années précédentes. Par rapport à l'année 1996, le revenu correspondant au 95ème centile revenu est en hausse de 22,3% -cf graphique-, alors que le niveau de vie médian n'a augmenté que de 16,7%.

Baisse du taux de pauvreté

De cette évolution, l'Insee tire la conclusion que les inégalités se sont plutôt réduites en 2012. Le revenu médian ayant baissé, le nombre de pauvres diminue, mécaniquement. En effet, le seuil de pauvreté correspond à 60% d'un revenu médian passé de 19.900 euros par unité de consommation en 2011 à 19.700 euros en 2012. Le nombre de pauvres a donc légèrement reculé, passant de 8,729 millions à 8,54 millions. Le taux de pauvreté recule ainsi de 14,3% à 13,9%, revenant à son niveau de 2010.