Vote de confiance à Manuel Valls : les frondeurs s'abstiendront

Par latribune.fr  |   |  681  mots
"Nous pensons qu'il n'est pas possible d'imposer au groupe socialiste une unanimité de façade," a expliqué Christian Paul, qui a réitéré l'appel à une autre politique économique de la part du gouvernement de Manuel Valls.
Nul n'est capable de dire quelle sera l'ampleur du vote de fronde, mais ses chefs de file ont déjà annoncé que certains députés socialistes ne voteraient pas la confiance au gouvernement mercredi. Manuel Valls a pourtant tenté de rassembler...

"Nous nous orientons vers une abstention collective."

Les mots sont signés Christian Paul, l'un des chefs de file des frondeurs du parti socialiste à l'Assemblée nationale. Ne pas choisir donc, c'est la solution qu'ont trouvé ces députés de la majorité, insatisfaits par la politique menée par l'exécutif, à l'approche du vote de confiance auquel va se soumettre le gouvernement Valls face à l'Assemblée nationale le 16 septembre.

Un choix difficile pour les frondeurs

Il faut dire que la chose n'est pas aisée. Voter contre pourrait en effet faire chuter la majorité, plongeant le pays dans un crise de régime dont la gauche aurait sans doute du mal à se remettre, et voter en faveur reviendrait à contredire leurs prises de positions en faveur d'un rééquilibrage entre relance de l'offre et relance de la demande.

Christian Paul, qui a réitéré l'appel à une autre politique économique de la part du gouvernement de Manuel Valls, a rappelé :

"Nous pensons qu'il n'est pas possible d'imposer au groupe socialiste une unanimité de façade"

Les frondeurs ne savent pas se compter

Le groupe socialiste, qui dispose exactement de la majorité absolue avec 289 députés, ne fera donc pas le plein de voix mais l'ampleur de l'abstention en son sein est difficile à estimer. Même les frondeurs semblent incapables de la prédire, Laurent Baumel se contentant d'évoquer un chiffre supérieur à 11 élus. Il s'agit du nombre de députés socialistes qui s'étaient déjà abstenus le 8 avril dernier lors du vote de confiance du premier gouvernement de Manuel Valls.

Mais ils avaient été 41 à s'abstenir le 29 avril sur le vote du programmes d'économies de 50 milliards d'euros pour 2015-2017 et 33 socialistes s'étaient abstenus le 8 juillet sur le projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale.

Aucune réserve de voix

Le gouvernement ne pourra en tout cas pas compter sur les voix du Front de gauche qui vote contre la plupart des textes socialistes. Ni même sur celles de l'UMP, qui voit dans une crise politique à gauche l'occasion de revenir au pouvoir à la faveur d'une dissolution de l'Assemblée nationale.

En revanche, le vote des écologistes reste l'autre grande inconnue avec celle des frondeurs. L'ex-ministre du Logement, Cécile Duflot, a annoncé mardi qu'elle ne voterait pas la confiance mais d'autres, comme Jean-Vincent Placé, chef du groupe écologiste au Sénat, ne se sont pas prononcés clairement pour l'instant.

Seul le groupe des radicaux de gauche reste fidèle à la majorité, même si ses 17 députés n'ont pas hésité à voter contre la réforme territoriale.

Manuel Valls tente rassembler

De son côté, le Premier ministre s'était dit convaincu qu'il obtiendrait une très large majorité au moment du vote de confiance lors de son interview sur France 2 à la suite du remaniement surprise fin août. Mais depuis, chacune de ses prises paroles est une occasion de tenter de convaincre, comme son allocution en marge du sommet des sociaux-démocrates de Bologne :

"Face à une situation politique très dégradée, (...) nous devons tenir, nous devons être à la hauteur. Il y a tellement de doutes, tellement de défiance, une telle crise de confiance dans notre pays qu'il faut être capable de gouverner dans la dignité et en tenant évidemment le cap"

"Nous ne sommes pas dans n'importe quel moment", a abondé Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du parti socialiste, qui a souligné la poussée du Front national dans le pays.

Montée du Front national

La montée du Front national, c'est là l'un des arguments de ceux qui, au sein de la majorité, plaident pour un rassemblement. "L'extrême droite et Marine Le Pen sont aux portes du pouvoir", avait d'ailleurs mis en garde Manuel Valls à Bologne ce week end.

Mais les frondeurs rejettent cet argument, considérant que la montée du parti de Marine Le Pen est surtout le résultat de la politique économique actuellement menée par l'exécutif, comme l'a affirmé le député tourangeaux Laurent Baumel.