Apprentissage, le gouvernement sonne le tocsin !

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  687  mots
Tous les acteurs en charge de l'apprentissage se réunissent le 19 septembre pour lever les frein à son développement (Crédits : (c) Copyright Thomson Reuters 2013. Check for restrictions at: http://about.reuters.com/fulllegal.asp)
Tous les acteurs en charge de l'apprentissage se réunissent le 19 septembre à Paris pour tenter de lever les freins à son développement. Sur la table: des aménagements possibles du code du travail, une revalorisation de la rémunération de certains apprentis, des simplifications administratives, etc...

L'heure est à la mobilisation générale pour relancer l'apprentissage... Une fois de plus, diront les pessimistes. Ah, enfin ! Rétorqueront les optimistes. En attendant, ce vendredi 19 septembre une cinquantaine de représentants des organisations syndicales et patronales, des Régions, des chambres de commerce, des chambres de métiers, etc... sont invités toute la journée à Paris à réfléchir sur les moyens de lever les freins à l'apprentissage. On connaît l'objectif présidentiel de parvenir à 500.000 contrats d'apprentisssage ou de professionnalisation à l'horizon 2017. Actuellement, ils ne sont que 420.000. Pis, à la rentrée 2013 dans les centres de formation des apprentis (CFA), les effectifs étaient en baisse de 3% par rapport à 2012.
Et les sondages n'incitent guère à l'optimisme: à la mi-juin, seuls 12% des chefs d'entreprises envisageaient d'avoir davantage recours à des personnes en alternance.
Or, lors de la Conférence sociale de juillet dernier, le chef de l'Etat - qui participera à la journée de mobilisation de vendredi - avait qualifié l'apprentissage de "voie d'excellence" mais constaté des "blocages" dus notamment à une "règlementation trop instable" et des "charges trop lourdes". Et ce alors que le chômage atteint des records (plus de 3,4 millions de demandeurs d'emploi), avec un taux particulièrement lourd chez les jeunes (22,8%). Manuel Valls avait lui pointé du doigt "un problème culturel, un problème français".

Plus de deux cents millions d'euros alloués


Le gouvernement a donc décidé de mettre la main à la poche. L'Assemblée a voté cet été le déblocage de 150 millions d'euros pour financer une aide de 1.000 euros dans les entreprises de moins de 50 salariés embauchant pour la première fois un apprenti, dans les secteurs ayant conclu un accord sur le sujet dans le cadre du pacte de responsabilité.... Une sorte de réparation à la suite de la suppression d'une aide similaire décidée en 2013 dans le cadre de la « modernisation de l'action publique », ce qui avait déclenché un tollé.
Quant aux régions, elles versent aussi une aide de 1.000 euros pour l'embauche d'un apprenti. Globalement, donc, dans les toutes petites entreprises, l'aide à l'embauche peut atteindre 2.000 euros. S'ajoute à cela une autre enveloppe de 80 millions d'euros destinés à l'hébergement des apprentis en provenance du Plan d'investissement d'avenir.
Mais le frein n'est pas que financier. Il faut aussi, vieille antienne, améliorer l'image de l'apprentissage, trop considéré comme une filière réservée aux collégiens ou lycéens en échec scolaire. A cet égard, Najat Vallaud Belkacem, ministre de l'Education nationale, finalise une circulaire pour sensibiliser les recteurs d'Académies à l'apprentissage. Des actions de revalorisation devront être entreprises dans le milieu scolaire.


Vers des aménagement du code du travail?

Des aménagements très ciblés du code du travail pourraient aussi être décidés pour faciliter l'embauche d'apprentis dans certaines filières, la boulangerie par exemple. Actuellement, l'interdiction du travail de nuit des mineurs empêchent les apprentis d'apprendre... à cuire du pain.

La rémunération des apprentis sera également étudiée. Celle-ci varie actuellement entre 25 et 60% du Smic en fonction de l'âge du titulaire du contrat. L'idée serait peut-être de ne plus retenir ce seul critère de l'âge mais aussi de tenir compte de celui du niveau de qualification.
Un volet simplification des démarches administratives sera également sur la table. De fait, notamment pour les TPE, il n'est pas toujours aisé de s'y retrouver dans le maquis actuel.
Pour rassurer les entreprises, qui bien souvent se plaignent de la non implication des apprentis, les CFA seraient appelés à jouer un rôle de « modérateur » pour régler en amont d'éventuels problèmes entre l'entreprise et un apprenti. De fait, un apprenti sur cinq décroche au cours de son contrat d'apprentissage du fait d'une inadéquation entre lui et son milieu professionnel.
Reste que si toutes ces mesures de relance de l'apprentissage sont réellement mises en route, il restera l'épineux problème de la conjoncture. Avec 0,4% de croissance en 2014 et 1% l'année prochaine, il n'est pas du tout certain que les entreprises souhaitent investir dans la formation des jeunes.