Réforme territoriale : 15 régions ? Le Sénat joue son va-tout

Par Fabien Piliu  |   |  476  mots
Le Sénat se penche une seconde fois sur le projet de réforme territoriale
Mardi et mercredi, le Sénat examinera le projet de réforme territoriale déjà voté par l’Assemblée nationale. Dans un discours introductif au débat des parlementaires, le Premier ministre Manuel Valls a expliqué qu’il souhaitait le statu quo. Autrement dit, le texte voté par les députés ne devrait pas être modifié. Le Sénat peut-il le convaincre de revoir sa copie ?

A quoi sert le Sénat ? Cette question devrait à nouveau être posée à l'issue des débats sur la seconde lecture du projet de réforme territoriale porté par le gouvernement. Amendé par l'Assemblée nationale en juin, rejeté dès juillet par le Sénat grâce à une alliance de circonstance entre l'UMP, les communistes et les radicaux de gauche, le texte pourrait certes être modifié par la chambre haute du Parlement à la suite des discussions qui se tiendront ces mardi et mercredi.

Mais comme l'Assemblée nationale a le dernier mot, et que le texte voté en juillet a le soutien du gouvernement, ce qu'a précisé Manuel Valls ce mardi après-midi dans un discours introductif aux débats, les discussions au Sénat ne devraient pas être suivies d'effet. Le Premier ministre a en effet saluer la "clarté" de la carte à 13 régions. Seul élément qui devrait rester gravé dans le marbre à l'issue des discussions au Sénat : le calendrier des élections départementales et régionales de 2015.

Pour mémoire, quatre cartes différentes ont été proposées depuis juin, partageant la France en 15, 14, puis 13 régions, pour aboutir au projet de 15 régions proposé aujourd'hui par le Sénat.

Quand l'Alsace ne veut pas de la région Champagne-Ardenne

Pourtant, les sujets de discussion sont nombreux et la volonté de l'Assemblée nationale de réformer la carte en 13 régions -12régions continentales et la Corse- est forte. Deux retouches importantes sont, du reste, souhaitées.

L'Alsace. Soutenue par les élus UMP et UDI et appuyée par une motion votée par près d'une commune sur cinq de la région, une manifestation contre le rattachement de l'Alsace à l'ensemble "Champagne-Ardenne- Alsace-Lorraine" s'est déroulée à Strasbourg, le 11 octobre. Motif de cette animosité ? Certains élus alsaciens redoutent que l'ajout de la Champagne-Ardenne aboutisse à faire de Metz la capitale régionale.

"C'est un argument trop réducteur. La région Alsace réfléchit depuis longtemps à son propre projet de développement, ce qui ne l'empêche pas de travailler très intelligemment avec les régions Champagne-Ardenne et Lorraine", explique à La Tribune Fabienne Keller, la sénatrice UMP du Bas-Rhin.

Fort de ce soutien populaire, la commission spéciale du Sénat a donc proposé, le 21 octobre, une nouvelle carte dissociant l'Alsace de l'ensemble "Champagne-Ardenne- Alsace-Lorraine". Soit la création d'une France à 15 régions.

Dans le sud, la bataille chaude s'annonce chaude entre Montpellier et Toulouse

Dans le sud de la France, une autre volonté « sécessionniste » s'est déjà exprimée, les régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon refusant de s'unir. En jeu, une fois de plus, le choix de la capitale régionale: Toulouse ou Montpellier. Pour le gouvernement, le casse-tête de la réforme territoriale est donc loin d'être terminé.