Comptes de campagne de Sarkozy : l'UMP avait reçu l'aval de Bercy

Par latribune.fr (avec AFP)  |   |  375  mots
Le rejet du compte de campagne de l'ex-président, décision inédite pour un candidat de premier plan, avait eu pour conséquence de le priver du remboursement par l'État de 10,6 millions d'euros de frais.
Des hauts-fonctionnaires du ministère de l'Économie avait rédigé une note dans laquelle ils ne voyaient pas "d'obstacle" à ce que l'UMP règle plus de 400.000 euros de pénalités à la place de Nicolas Sarkzoy pour le rejet de ses comptes de campagne.

Bercy avait donné son aval. Le ministère de l'Économie avait autorisé en novembre 2013 le paiement par l'UMP, à la place de Nicolas Sarkozy, de pénalités pour dépassement de ses comptes de campagne, une analyse juridique évoquée par le Journal du Dimanche ce 9 novembre. Déjà évoquée par les journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme dans leur ouvrage Sarko s'est tuer publié le 6 novembre, elle a toutefois été contestée depuis.

Le rejet du compte de campagne de l'ex-président, décision inédite pour un candidat de premier plan, avait eu pour conséquence de le priver du remboursement par l'État de 10,6 millions d'euros de frais. Pour compenser, l'UMP avait lancé avec succès un "Sarkothon", vaste collecte auprès de ses militants. L'UMP s'était alors substituée à Nicolas Sarkozy pour prendre en charge la pénalité de plus de 400.000 euros, établie en décembre 2012 par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP).

Le candidat "responsable de son compte"

Au printemps, des avocats mandatés par la nouvelle direction de l'UMP avaient toutefois contesté l'analyse faite par les hauts-fonctionnaires de Bercy (et mise en ligne par le JDD) et les commissaires au compte du parti avaient signalé les faits au parquet de Paris, déclenchant la procédure.

Le président de la CNCCFP, François Logerot, avait estimé que les pénalités s'adressaient au candidat lui-même, "responsable de son compte" : "On ne voit pas très bien quelle est la raison juridique qui permet au parti de se substituer au candidat."

Au terme d'une enquête préliminaire déclenchée en juillet 2014 après un signalement des commissaires au compte du parti de droite, le parquet de Paris avait confié le 6 octobre à des juges financiers une information judiciaire pour "abus de confiance", "complicité" et "recel".

Des juges financiers soupçonnent la mise en place d'un dispositif de fausses factures, destiné à imputer à l'UMP des dépenses de meetings, organisés par la société Bygmalion, qui auraient dû être réglées sur les comptes de la campagne. Selon une évaluation des enquêteurs, ce sont plus de 18 millions d'euros qui auraient ainsi été éludés.