"L'échec du Pacte de responsabilité est aussi celui de Gattaz" (Macron)

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  586  mots
"Aujourd'hui, il y a très peu d'accords de branche qui sont signés" a fustigé Emmanuel Macron.
L'absence d'accord sur l'emploi dans la plupart des branches, dans le cadre du pacte de responsabilité, est un "échec" aussi imputable au Medef qui devrait cesser de réclamer toujours plus. C'est l'offensive lancée mardi 2 décembre par le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron.

La remarque du président du Medef a hérissé le ministre de l'Economie. Alors que le patronat a lancé lundi une semaine de mobilisation, Pierre Gattaz, qui assure défendre l'emploi, a appelé le gouvernement à mettre ses actions en conformité avec "ses belles paroles".

Emmanuel Macron lui a répondu mardi en l'appelant, à son tour, à faire en sorte que les quelque 41 milliards d'euros de réductions de charges et de fiscalité des entreprises trouvent leur contrepartie. Sur l'antenne de Radio Classique, le ministre s'est exprimé clairement.

"Je n'ai pas à qualifier l'attitude de Pierre Gattaz, j'ai simplement à dire que dans le pacte de responsabilité, il y a le mot responsabilité. Aujourd'hui il y a très peu d'accords de branches qui sont signés, c'est un échec et aujourd'hui c'est aussi le sien. L'Etat a pris ses responsabilités et donc je crois qu'aujourd'hui l'urgence pour le patronat, ce n'est pas de réclamer plus, c'est de prendre sa part de responsabilité avec un dialogue social efficace, parce que je veux insister là-dessus avec  vous, le dialogue social quand il est bien mené, et l'exemple allemand est très illustratif, c'est un facteur de compétitivité

Trop peu de négociations engagées

Début novembre, le Premier ministre Manuel Valls avait également haussé le ton en constatant que seules une quinzaine de branches professionnelles sur les 50 principales avaient entamé des négociations.

"Je crois qu'aujourd'hui, l'urgence pour le patronat, ce n'est pas de réclamer plus, c'est de prendre sa part de responsabilité avec un dialogue social efficace parce que (...) le dialogue social quand il est bien mené (...) est un facteur de compétitivité" a remarqué mardi Emmanuel Macron.

Pour justifier les propos d'Emmanuel Macron, le ministère rappelle que la moitié des 50 principales branches professionnelles est engagée dans des négociations : 2 branches ont déjà signé un accord de branche : la métallurgie et la chimie ; 13 branches ont ouvert une négociation, sur des périmètres variables ; 10 branches ont un programme de travail défini pour des négociations à venir ; une vingtaine de branches n'a pas encore ouvert de discussions et enfin, 6 branches n'envisagent pas de négocier sur le pacte

Quand Bercy fait les comptes

Bercy rappelle également que la mise en œuvre du Pacte de responsabilité jusqu'à aujourd'hui a permis de faire progresser le coût du travail en France (+1,8% au deuxième trimestre ) moins vite qu'en Allemagne (+3,6%) ou dans la zone euro (+1,8%). Le coût horaire du travail dans l'industrie est désormais plus bas en France (36,8 euros) qu'en Allemagne (38,5 euros) selon les estimations de COE-REXECODE, ce qui représente une source de satisfaction pour le gouvernement.

Quant au CICE, il sera complété à partir du 1er janvier 2015 par l'entrée en vigueur d'un allègement de cotisations sociales ciblé sur les bas salaires (entre 1 et 1,6 SMIC) pour 4,5 milliards d'euros, qui s'accompagne de la suppression de la distinction entre entreprises de moins de 20 et de plus de 20 salariés ; d'un allègement de cotisations des indépendants, pour 1 milliard d'euros et de la suppression d'une première tranche de contribution sociale et de solidarité des sociétés (C3S). Cette dernière mesure bénéficiera prioritairement aux PME et aux ETI. Son coût est estimé à 1 milliard d'euros.

Le Medef est insatisfait

De son côté, le Medef demande un nouvel effort au gouvernement. Selon ses calculs, les prélèvements sur les entreprises ont progressé de plus de 30 milliards d'euros entre 2011 et 2014. Malgré le CICE.