Quand l’austérité fait plonger le secteur des travaux publics

Par Fabien Piliu  |   |  651  mots
La baisse de la commande publique, austérité oblige, pèse sur le secteur des travaux publics
La Fédération nationale des travaux publics (FNTP) tire la sonnette d’alarme. Elle redoute une baisse de 8% de son chiffre d’affaires en 2015, conséquence de la baisse de la commande publique.

" Catastrophique ". Tel est l'adjectif employé par les responsables de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) lors d'une conférence de presse organisée ce jeudi.

" Au total nous anticipons une baisse de l'activité de 8% en 2015, ce qui représentera la baisse la plus forte depuis 1984 ", a déclaré Bruno Cavagné, le président de la fédération professionnelle. Et de poursuivre. L'année 2014 " a été une année blanche en matière de politique d'infrastructures en France ", a-t-il déclaré avant de préciser : " année blanche pour les contrats de plan Etat Régions, année blanche en matière de programmation et de financement pour l'AFITF, année blanche en ce qui concerne le plan de relance autoroutier. Cette situation ne peut plus durer, c'est l'avenir du pays que l'on hypothèque ". Pour mémoire, le secteur dépend à 70% de la commande publique.

L'Etat pressé d'agir

Pour stimuler l'activité du secteur, le responsable souhaite que l'Etat prenne des décisions " qui apporteront de la visibilité aux entreprises ". Comment ? En pérennisant les ressources de l'AFITF, en signant les contrats de plan Etat-régions et en donnant son feu vert au plan de relance autoroutier.

La FNTP attend aussi la validation du 3ème appel à projet de transports en commun en sites propres, et veut des éclaircissements sur le financement du Grand Paris, ainsi que sur les transferts financiers et de compétences, liés à la réforme territoriale.

Des dossiers et des chantiers pour la plupart bloqués aujourd'hui, faute de moyens financiers accordés par l'Etat ou les collectivités locales.

Même la ligne à grande vitesse « Chirac Hollande » est menacée

Résultat, tous les signaux conjoncturels sont passés dans le rouge. " L'intérim est descendu à un niveau plancher, aux environs de 10% des effectifs ", constate Bruno Cavagné qui redoute par ailleurs que la décélération des grands chantiers LGV conduise à la fin de nombreux contrats de chantiers. Actuellement, quatre lignes sont en construction. Mais les autres projets prévus restent désespérément dans les cartons. C'est particulièrement le cas de la ligne reliant Poitiers à Limoges qui, parce qu'elle traverse leurs terres d'élection, a reçu le soutien de Jacques Chirac et de François Hollande.

Selon une information publiée par la lettre spécialisée Mobilettre,  le conseil d'État refuse d'autoriser sa construction, ne voulant pas cautionner la déclaration d'utilité publique de cette nouvelle ligne. La décision doit être prise par décret au plus tard le 12 janvier, soit dix-huit mois après la fin de l'enquête publique qui avait pourtant donné un avis positif. Le Conseil d'Etat met en cause la rentabilité socio-économique du projet, qui serait " désastreuse ", selon Mobilettre.

Des indicateurs dans le rouge

Dans ce contexte, la FNTP redoute une augmentation des défaillances d'entreprises. Bruno Cavagné table "au minimum" sur une baisse de 16.000 emplois permanents l'an prochain, et autant en 2016. " Les enquêtes d'opinion n'ont jamais été aussi terribles, il y a 180 défaillances d'entreprises par mois à l'heure actuelle, les PME ont des problèmes de trésorerie énormes. Certains sont dans une situation désespérée ", a-t-il déclaré à l'AFP.

" La construction (au sens large, y compris de logements, NDLR) est un secteur-clé dans notre économie, pesant pour 5% du PIB, 25% de l'investissement et plus de 5% de la population active en France. Or, elle représente également près d'un quart des faillites et sa situation semble se dégrader fortement depuis quelques mois. Sa sortie de crise est essentielle et requiert des mesures de soutien adaptées ", rappelait l'assureur-crédit Euler Hermes dans sa dernière enquête sur les défaillances d'entreprises en France. Selon la société Altares, le nombre de défaillances dans le secteur du bâtiment a augmenté de 3,2% au troisième trimestre sur un an pour s'élever à 3.232.