Croissance : pourquoi une petite embellie est possible

Par Fabien Piliu  |   |  709  mots
L’objectif de croissance annuelle fixé à 1% par Bercy serait-il atteignable ?
Selon l'Insee, l'activité repartirait à la hausse au premier semestre 2015 dans un contexte européen un peu plus amène. Si les prévisions de l'Insee s'avèrent justes, l'objectif de croissance annuelle fixé à 1% par Bercy serait atteignable.

Encore quelques jours à tenir ! Selon l'Insee, la reprise de l'économie française ne serait qu'une histoire de jours. Après un dernier trimestre 2014 bien terne, au cours duquel le PIB ne progresserait que de 0,1% - la faible consommation en énergie n'explique pas tout ! -, l'activité repartirait enfin au premier semestre. Une hausse de 0,3% du PIB est attendue au premier trimestre mais également au second. La "performance" observée au troisième trimestre 2014 ne serait donc pas un heureux accident isolé. Mieux, elle se répèterait, explique l'Institut dans sa note de conjoncture publiée ce jeudi soir !

Point intéressant, les facteurs à l'origine de cette timide embellie seraient multiples. Principal moteur de la croissance depuis plus d'une décennie, la consommation des ménages retrouverait un peu de vaillance, au-delà des à-coups liés principalement aux dépenses de chauffage. "Au premier trimestre 2015, le rebond des dépenses d'énergie, sous l'hypothèse d'un retour des températures aux normales saisonnières, dynamiserait quelque peu la consommation des ménages (+0,4 %). Elle se maintiendrait ensuite à un rythme proche (+0,3 %), soutenue par la progression du pouvoir d'achat ", anticipe l'Insee, qui estime cette dernière à +1% au premier semestre.

L'euro n'est plus un bouc émissaire

Même le commerce extérieur retrouverait un peu d'allant, sous l'effet du regain de croissance chez les partenaires économiques de la France. Portée par la progression de 1% du commerce mondial attendue d'ici mi-2015, la demande extérieure adressée à la France progresserait de 1% par trimestre, au quatrième trimestre 2014, comme au premier semestre 2015. Les exportations croîtraient à un rythme proche de celui des débouchés extérieurs au premier semestre 2015 (+1,1% puis +1%), "les effets favorables de la dépréciation récente de l'euro compensant les pertes tendancielles de parts de marché", avance l'Insee. Certains membres de la classe politique devront trouver un autre bouc émissaire pour expliquer les difficultés de l'économie française.

Les économies de la zone euro retrouvent un peu d'allant également

Ce regain de forme trouve également son origine dans l'amélioration de la conjoncture européenne au premier semestre.

"Soutenue par la mise en place d'un salaire minimum outre-Rhin et par l'instauration de nouvelles mesures favorables au revenu des ménages, la consommation des ménages accélèrerait au premier trimestre 2015 (+0,5 %), notamment en Allemagne (+0,7 %). Malgré la dissipation de ces facteurs ponctuels, la consommation continuerait de progresser au deuxième trimestre (+0,4 %), stimulée par le redressement progressif du pouvoir d'achat des ménages, du fait, selon les pays, de la reprise de l'emploi ou de l'évolution plus favorable des impôts", explique l'Institut.

L'investissement retrouverait également des couleurs. Il progresserait de 0,2% par trimestre jusqu'à fin juin, stimulé par un modeste regain des perspectives de demande et de la progression récente du taux d'utilisation des capacités de production. "Par ailleurs, le secteur de la construction cesserait progressivement de peser sur l'investissement en Espagne et en France", anticipe l'Insee qui, dans son inventaire, n'oublie pas de citer les facteurs externe à la croissance que sont la dépréciation récente du taux de change de l'euro et la baisse du cours du pétrole qui viendrait soutenir le pouvoir d'achat des agents comme facteurs de soutien à l'activité.

La reprise à portée de main ? Prudence, prudence

En conclusion, la reprise tant attendue, plusieurs fois annoncée par le gouvernement, serait à portée de main ? L'objectif de croissance annuelle fixé à 1% par Bercy et sur lequel repose la construction du budget 2015, serait atteignable ?

Il faut rester prudent, voire croiser les doigts. Un aléa majeur pèse sur ce scénario presque idéal. Ces anticipations ne se réaliseront que si les entreprises décident d'investir. "Si l'amélioration de leurs perspectives de demande à l'automne se poursuit, leurs dépenses pourraient plus franchement accélérer. À l'inverse, si la confiance des chefs d'entreprises rechutait, leur attentisme pourrait peser plus encore sur leurs décisions de dépenses", explique l'Insee. La montée en puissance du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) dont le taux sera porté de 4% à 6% le 1er janvier, le faible niveau de l'euro mais également des cours des matières premières ne seraient pas assez forts pour lever cet aléa.