Le président du CRIF, reçu à l'Elysée, parle d'une « situation de guerre »

Par latribune.fr avec AFP  |   |  674  mots
Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Roger Cukierman a évoqué une "situation de guerre" avant d'être reçu avec d'autres représentants de la communauté juive dimanche par François Hollande à l'Elysée.

A l'aube d'une très longue journée qui verra une cinquantaine de dirigeants et responsables étrangers rejoindre le palais présidentiel et participer à la marche silencieuse organisée à Paris, Roger Cukierman, Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), a pris brièvement la parole dans la cour de l'Elysée pour réclamer des mesures "fortes parce que nous sommes dans une situation qui est une situation de guerre".

Il était accompagné du grand rabbin de France Haïm Korsia, du président du Consistoire israélite de France Joël Mergui ainsi que des dirigeants du Fonds Social Juif Unifié, de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), de la Fondation pour la mémoire de la Shoah et du Mémorial de la Shoah.

Tous ont été reçus à 09h00 par le chef de l'Etat entouré du Premier ministre Manuel Valls et les ministres de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et de la Justice Christiane Taubira. Un geste significatif alors que la communauté juive a été visée lors de l'attaque du magasin casher de la porte de Vincennes, où quatre personnes ont été tuées vendredi, deux jours après l'attentat contre Charlie Hebdo.

18.000 tweets pour le hashtag #jesuiskouachi !

Pour Roger Cukierman, "il est intolérable que sur les réseaux sociaux, il y ait eu un hashtag disant « je suis Kouachi », cet assassin, et que ce « hashtag ait eu 18.000 tweets »."C'est de l'apologie de meurtre et ça relève du pénal", a dénoncé le président du Crif, estimant que les réseaux sociaux doivent apprendre "à ne pas contribuer à la haine".
"Il faut aussi travailler sur les réseaux (télévisés) satellites qui diffusent la haine des juifs sur des réseaux arabes, il faut aussi que les prisons cessent d'être des lieux de formation de jihadistes", a-t-il enchaîné.

Et "Il faut que tous ceux qui sont supposés être des jihadistes sur le territoire national fassent l'objet de mesures préventives, peut-être de détention provisoire, peut-être avec des bracelets électroniques", a encore estimé le président du Crif. A l'issue de la manifestation, le président Hollande, qui accueillera à l'Elysée le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, le président palestinien Mahmoud Abbas et le couple royal jordanien, se rendra en fin de journée à la grande synagogue de la rue de la Victoire.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé samedi soir aux juifs de France qu'Israël était «leur foyer», évoquant dans une allocution télévisée la prise d'otages meurtrière dans un supermarché casher à Paris qui s'est soldé par la mort de quatre otages juifs. Des déclarations qui ont été suivies d'une réplique du Premier ministre français Manuel Valls qui a assuré avec force, lors d'un rassemblement de commémoration sur les lieux de la prise d'otages, que la place des juifs de France était en France : « la France, sans les juifs de France, n'est plus la France » a-t-il assuré.

« Les juifs de France, depuis de nombreuses années, ont peur », a rappelé le chef du gouvernement français. Salué par plusieurs salves d'applaudissements, il a rendu hommage à «la communauté juive la plus nombreuse d'Europe, la plus ancienne, qui a tellement contribué à la République». « N'ayons pas peur, d'être journalistes, d'être policiers, d'être juifs, d'être citoyens », a martelé Manuel Valls.

L'an dernier, pour la première fois depuis la création d'Israël en 1948, la France a été le premier pays d'émigration vers l'Etat hébreu avec plus de 6.600 juifs l'ayant quitté pour s'installer en Israël, contre 3.400 en 2013. Estimés à 500.000 ou 600.000 membres, les juifs de France représentent la première communauté juive d'Europe et la troisième au monde, derrière Israël et les Etats-Unis. Le Crif "respecte" le départ de Juifs en Israël mais juge qu'il faut "combattre (le terrorisme) en France" a aussi déclaré hier le président du Crif.