Jean-Paul Huchon candidat pour la 4e fois

Par Jean-Pierre Gonguet  |   |  691  mots
Jean-Paul Huchon veut un quatrième mandat à la tête de l’Ile-de-France. Mais les chances du président, élu en 1998, sont relativement faibles : concurrence interne, forte progression du FN, mauvais scores du PS, absence de projet régional… Valérie Pécresse est pour l’instant, la mieux placée

Jean-Paul Huchon (PS) va avoir beaucoup de mal à retrouver son siège en 2016. Trois raisons essentielles à cela. La première est que, pour la première fois, il a une concurrente, Valérie Pécresse (UMP), et qu'il devra, même s'il n'en a aucune envie, l'affronter dans une primaire.

Marie-Pierre de la Gontrie (PS), numéro deux de la région est aussi candidate. Les deux socialistes ont été élus en 1998, les deux ont, depuis, soutenu les mêmes candidats à toutes les présidentielles, les deux ont été strauss-kahniens, les deux ont fait la même politique régionale et les mêmes budgets. Rien ne les différencie vraiment, et il n'est pas sûr que leur éventuel affrontement dans une primaire passionnent les militants, et encore moins les franciliens.

Jean-Christophe Cambadélis (PS) est pour l'instant assez ennuyé de la chose, même s'il pourrait être tenté de donner un coup de pouce à Marie-Pierre de la Gontrie. Comme d'ailleurs Anne Hidalgo et la fédération socialiste parisienne dont la candidate est issue.

Seul le FN peut empêcher une majorité absolue pour l'UMP-UDI-Modem

Seconde raison, la plus importante : théoriquement, la Région est perdue pour la gauche. Lors du dernier scrutin de listes en Ile-de-France, les européennes de 2014, le PS a péniblement dépassé les 14%, soit 8 points de moins qu'en 1998. Juste devant l'UDI /Modem (près de 12%), mais derrière le FN (un peu plus de 17%) et l'UMP à près de 22%.

Les premières estimations pour les régionales de 2015 confirment la gifle annoncée pour le PS même si, à la différence de PACA et de Nord Picardie, le FN, encore donné à 17%, ne serait pas en tête. Mais plus il s'approchera des 20%, plus il va empêcher le bloc UMP/UDI/Modem (près de 34% en cas d'union dès le premier tour) de gouverner : en glanant le tiers ou plus du nombre de conseillers régionaux, le FN peut bloquer (en Ile-de-France comme ailleurs) la plupart des majorités.

Il faut se rappeler que, en 1998, Jean-Paul Huchon n'avait pas la majorité pour diriger la région et qu'il n'a pu le faire qu'avec le refus de la droite (en Ile-de-France) de travailler avec le FN qui avait alors plus de 16% des voix et 36 conseillers. De toute façon, Valérie Pécresse semble bien mieux placée pour diriger la région : même si elle n'a pas la majorité absolue, sa majorité relative sera beaucoup plus élevée que celle des socialistes et des écologistes.

Le projet?

La troisième raison, c'est la question du projet. Ou plutôt de son absence.

Jean-Paul Huchon s'en tient à l'existant et défend la Région telle qu'elle est. Il a eu beaucoup de mal à accepter le Grand Paris de Nicolas Sarkozy, il en a tout autant avec la Métropole que lui impose François Hollande. L'entretien qu'il nous a donné sur le développement économique le montre.

Marie-Pierre de la Gontrie, plus parisienne et plus proche d'Anne Hidalgo, n'a pas la même approche et accepte mieux que les temps changent. Elle avait même d'ailleurs théorisé la chose en publiant il y a un an « La nouvelle Ile-de-France » où elle proposait une redéfinition des frontières et des compétences de la région.  Une vision plus « expansionniste », plus européenne, moins arc-boutée sur l'existant. Reste à savoir si cela peut  lui donner un avantage.

Il y a bien sûr une dernière possibilité, la rue de Solférino n'ayant guère envie d'un combat fratricide de primaire pour calciner les maigres chances de garder la région : une jolie promotion pour l'un des deux. L'hypothèse a souvent été caressée dans les plus hautes sphères de l'Etat. Par exemple lorsqu'il avait été envisagé d'offrir à Cécile Duflot la succession de Jean-Paul Huchon en 2015 en échange de son soutien pour la présidentielle de 2017.

Mais c'était avant... Avant la déroute des élections municipales de 2014, les fâcheries diverses et avant que tous les postes pour les sénatoriales 2014 aient été attribués.