Pour François Hollande, l'investissement repart. Vrai ?

Par Fabien Piliu  |   |  336  mots
"L'investissement repart", a déclaré François Hollande
Lors de sa conférence de presse, François Hollande, le président de la République a déclaré que l'investissement repartait. Est-ce si certain ?

« L'investissement repart ». François Hollande l'a affirmé ce jeudi lors de sa cinquième conférence de presse. Est-ce si certain ? Sur quelles statistiques repose le jugement du chef de l'Etat ?

Est-ce sur l'enquête sur les investissements dans l'industrie publiée ce jeudi par l'Insee ? Probablement. Selon celle-ci, l'investissement des entreprises manufacturières aurait progressé de 2% en 2014. Mieux, en 2015, il accélérerait pour afficher une augmentation de 3% ! L'investissement prendrait enfin le relais de la consommation des ménages, chancelante, et du commerce extérieur, atone ?

Ce serait formidable. Toutefois, il faut rappeler que les résultats de cette enquête sont à prendre avec des pincettes. Parce qu'elle n'est qu'une photographie à un instant "T", elle parvient difficilement à anticiper les tendances de l'investissement. De fait, les prévisions des chefs d'entreprises sont traditionnellement très optimistes en début d'année, avant d'être révisées, le plus souvent à la baisse. En début d'année 2014, une hausse de l'investissement n'était-elle pas anticipée.

L'action de la BCE en question

Fortement souhaitée, la progression de l'investissement en 2015 est relativement illusoire, malgré le faible niveau des taux d'intérêt. En effet, les carnets de commandes sont peu garnis et l'export est en berne. La décision de la Banque centrale européenne d'abreuver de liquidités les circuits de financements peut-elle stimuler l'investissement ? Rien n'est moins sûr. Il faudrait d'abord que la demande décolle pour l'action de la BCE puisse avoir un effet.

On espère donc que le jugement du chef de l'Etat ne repose pas uniquement sur cette enquête du jour. Compte-t-il sur la montée en puissance du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), dont le taux est passé de 4% à 6% de la masse salariale en dessous de 2,5 SMIC, et sur les allégements de cotisations patronales contenues dans le Pacte de responsabilité, en vigueur depuis le 1er janvier ? Probablement. Mais là encore, ces dispositifs risquent d'être insuffisamment puissants pour relancer l'investissement.