Paris obtient un nouveau délai pour ramener son déficit sous 3%

Par latribune.fr  |   |  770  mots
"L'extension de deux ans de la procédure de réduction du déficit de la France a été approuvée", a déclaré le responsable européen.
Paris a désormais jusqu'en 2017 pour respecter la norme européenne, conformément aux recommandations formulées par la Commission européenne le mois dernier.

Nouveau délai pour Paris. Les ministres des Finances de l'Union européenne, réunis mardi à Bruxelles, ont validé une nouvelle extension de deux ans du délai accordé à la France pour ramener son déficit public sous la limite des 3% de son produit intérieur brut, a annoncé un responsable européen.

Troisième fois depuis 2009

Paris a désormais jusqu'en 2017 pour respecter la norme européenne, conformément aux recommandations formulées par la Commission européenne le mois dernier.

"L'extension de deux ans de la procédure de réduction du déficit de la France a été approuvée", a déclaré le responsable européen.

C'est la troisième fois depuis 2009 que la deuxième puissance économique de la zone euro obtient un sursis.

"On a fait un très bon travail qui débouche aujourd'hui sur une nouvelle recommandation", a commenté Michel Sapin. "La France doit, ce qui est parfaitement naturel, respecter l'obligation de passer sous les 3% de déficit par rapport à son PIB en 2017", a ajouté le ministre français des Finances, en soulignant que cette trajectoire correspondait à celle que la France s'est elle-même fixée.

Dans ses préconisations, rendues publiques le 25 février, la Commission européenne avait proposé de repousser la date butoir de 2015 à 2017 en exigeant du gouvernement français davantage d'efforts de réduction du déficit public du pays.

Ce nouveau report n'est pas allé de soi, suscitant quelques grincements de dents parmi les partenaires européens de la France et jusque dans les rangs de la Commission. .

L'Europe : aide ou punition ?

La semaine dernière, Michel Sapin avait dit comprendre l'énervement de certains responsables européens mais expliqué qu'une réduction plus rapide du déficit aurait eu des conséquences graves pour toute la zone euro.

"L'Europe est là pour nous aider, elle n'est pas là pour nous punir. L'Europe est là pour nous accompagner, elle n'est pas là pour nous contraindre", a-t-il dit mardi à l'issue de l'Ecofin. "Chaque fois qu'on parle de punition ou de contraintes, ce n'est pas la démocratie que l'on sert, ce sont les extrêmes que l'on sert", a-t-il ajouté.

Au cours d'une réunion largement consacrée à la situation grecque, les ministres des Finances de la seule zone euro avaient discuté lundi soir à Bruxelles de la recommandation de la Commission et du respect des règles budgétaires communautaires.

"Il y a eu un débat général au cours duquel ont été évoquées la rigueur et la souplesse (des règles), pas spécifiquement sur un pays particulier mais davantage en termes généraux", rapportait le président de l'Eurogroupe, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem.

Dans un communiqué diffusé à l'issue de cette réunion, les ministres des Finances de l'Eurogroupe ont appelé la France à en faire davantage pour se conformer aux règles budgétaires et ont repris à leur compte l'exigence d'un effort additionnel équivalent à 0,2% du PIB que la Commission attend de la France pour 2015.

De nécessaires mesures complémentaires

Dans le Financial Times, Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), a souligné pour sa part que la zone euro ne devait pas donner l'impression qu'elle s'écarte de ses propres règles ou que ces lois s'appliquent différemment en fonction de l'importance de ses Etats membres. Il ajoute :

"Il importe toujours d'éviter l'état de fait, ou même le sentiment, que les grands pays sont traités avec plus de bienveillance que les petits"

Mais l'Allemagne, principale puissance économique de l'ensemble monétaire, n'a pas voulu enfoncer le clou. Et après avoir longtemps exigé du gouvernement français d'importantes réformes structurelles, la chancelière Angela Merkel a apporté sa bénédiction à la loi sur la croissance et l'activité et déclaré à plusieurs reprises que la France était sur la bonne voie pour améliorer la compétitivité de son économie.

21 milliards cette année

A Bruxelles, Michel Sapin a redit que la France s'engageait à respecter ses engagements pour 2015 "au niveau de 0,5% d'ajustement structurel".

Le plan de réduction des déficits de 50 milliards d'euros sur la période 2015-2017, dont 21 milliards pour cette année, avait été détaillé dans un contexte d'inflation à 1% alors qu'elle sera beaucoup plus faible.

"Il sera donc nécessaire de prendre des mesures complémentaires non pas tant pour dépasser ce quantum de 21 milliards que pour atteindre 21 milliards", a-t-il dit, évoquant des "précisions" à venir sur des réformes en cours ou sur de nouvelles réformes, dont celle du marché du travail.