"Gouvernement économique", Grèce, Portugal, Espagne... le sommet européen de jeudi s'annonce crucial

Par latribune.fr  |   |  589  mots
Comment parler d'une seule voix pour asseoir son influence face à la Chine et les Etats-Unis ? Comment créer assez de croissance pour préserver le mode de vie européen ? Confronté à ces défis, le nouveau président de l'Union européenne, le belge Herman Van Rompuy, pourrait proposer lors du somment européen de jeudi une "gouvernance économique" commune. Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, a modifié son agenda pour y assister.

Le président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy, aurait évoqué, selon l'AFP (Agence France Presse), la création d'un "gouvernement économique" des 27 pays membres, une proposition qui ravira la France depuis longtemps favorable à un tel projet. Nicolas Sarkozy pourrait faire des propositions en ce sens jeudi, lors du prochain sommet européen. En revanche, l'Allemagne et la Grande-Bretagne devraient rester méfiants.

Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne sont chacun dans leur pays "responsables de la stratégie économique de leur gouvernement" national. A l'avenir "ils devraient l'être au niveau de l'UE", écrit Herman Van Rompuy dans un document révélé par l'Agence France Presse.

"Notre taux de croissance structurel n'est pas assez élevé pour maintenir notre modèle social. Nous devons agir ensemble pour aider à préserver le mode de vie européen", a également souligné le président dans une lettre envoyée aux dirigeants de l'UE.

Par ailleurs, "les récents développements dans la zone euro soulignent l'urgence de renforcer notre gouvernance", a déclaré Herman Van Rompuy en se référant aux difficultés financières de la Grèce.

Le discours est le même du côté de la nouvelle Commission européenne, mise en place ce mardi. Son président reconduit, José Manuel Barroso, a insisté, devant le Parlement européen, sur l'importance d'avoir une Europe qui parle "avec une seule voix" et dont les politiques économiques soient "mieux coordonnées."

"On peut se demander si l'UE compte autant qu'elle le devrait dans le monde. Pas encore", a-til dit aux eurodéputés ce mardi.

Quels objectifs communs et quelles incitations ?

Ces propositions devraient être débattues par les 27 dirigeants européens au sommet de jeudi à Bruxelles sur la relance économique, un rendez-vous qui est supposé poser les jalons d'une nouvelle stratégie économique pour l'UE, en remplacement de la stratégie de Lisbonne.

Lancée en 2000, cette dernière ambitionnait de faire de l'UE "l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde", et cela en une décennie. Elle a largement échoué.

Herman Van Rompuy proposera de remédier à cet échec en restant modeste quant à la définition des objectifs communs, des objectifs dont il a souhaité qu'ils prennent en compte la situation "individuelle" chaque pays, plutôt que de s'appliquer à tous de la même façon.

Comment s'assurer toutefois que les pays membres joueront le jeu ? Pour Herman Van Rompuy, chaque pays serait audité, par des missions d'experts de la Commission européenne et par d'autres Etats. Les mauvais élèves recevraient des rappels à l'ordre.

A l'inverse, pour les Etats qui jouent le jeu, le président de l'UE propose de puiser dans le budget européen pour dégager des "incitations" financières.

Inquiétudes sur la Grèce

Le sommet de jeudi se déroulera par ailleurs sur fond de situation budgétaire catastrophique en Grèce, et d'inquiétudes autour des déficits portugais et espagnols. 

Sur ce point, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, ayant écourté ce mardi un déplacement en Australie pour retourner en Europe, les spéculations vont bon train sur de possibles initiatives de sa part visant à apaiser l'inquiétude des investisseurs.

Le commissaire européen aux Affaires économiques Joaquin Almunia a enfoncé le clou devant le Parlement européen ce mardi, estimant qu'il avait des "risques de contagion" de la situation grecque aux autres pays de l'UE.