La Grèce presse l'Union européenne de lui apporter son soutien

Par latribune.fr  |   |  666  mots
Devant une commission du Parlement européen ce jeudi, le Premier ministre grec George Papandréou a pressé l'Union européenne de l'aider à venir à bout de ses déficits publics colossaux. Et a brandi la menace du recours au FMI en cas de refus.

Auditionné par la commission spéciale du Parlement européen sur la crise financière,  le Premier ministre grec George Papandréou a pressé ce jeudi l'Union européenne (UE) d'accorder un soutien à son pays dès le sommet de l'Union prévu la semaine prochaine.

Le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, avait bien annoncé lundi un accord des ministres des Finances de la zone euro (16 pays) sur un dispositif d'assistance financière à la Grèce. Le plan - qui atteindrait 20 à 25 milliards d'euros sous forme de prêts bilatéraux - a d'ailleurs été endossé, dès jour suivant, le mardi 16 mars, par les ministres des Finances de l'ensemble de l'UE (27 pays).

Cependant, ce mécanisme inédit doit encore faire l'objet d'une validation politique par les chefs d'Etat et de gouvernement européens pour pouvoir être déclenché le moment venu.  Et surtout, la chancelière allemande Angela Merkel a, mercredi 17 mars, exprimé sans ambiguïté son opposition à un soutien financier à la Grèce.

FMI or not FMI ?

Le Premier ministre grec a ainsi fait comprendre à l'Union européenne que son pays pourrait se tourner vers le Fonds monétaire international (FMI). La plupart des pays de la zone euro refusent à ce stade cette possibilité, qui serait vécue comme un aveu d'échec pour l'Union.

Plus tôt dans la matinée, un haut fonctionnaire grec cité par l'agence Dow Jones avait affirmé que la Grèce pourrait s'adresser au FMI dès le mois prochain, Athènes ne croyant plus guère à ses chances d'obtenir une aide de ses partenaires européens.

Coûts d'emprunt trop élevés

Le Premier ministre grec a pris soin de préciser ce jeudi devant le Parlement européen que la Grèce ne réclamait pas d'assistance financière : "Nous ne demandons pas d'argent des Allemands, des Français, des Italiens, ou d'autres travailleurs ou contribuables", a-t-il dit. La Grèce demande en fait essentiellement de pouvoir "emprunter à des taux normaux".

George Papandréou l'a réaffirmé, son pays ne pourra pas mener à bien son programme de réduction des déficits si les coûts de l'emprunt restent aussi élevés.  Les taux d'intérêt pour la Grèce s'élèvent à un peu plus de 6%, soit plus du double de ce que doit verser l' Allemagne. "Ce que nous disons, c'est que nous avons besoin d'un soutien politique fort pour nous permettre de faire les réformes nécessaires, et de nous assurer que nous n'allons pas payer plus que nécessaire pour mettre en oeuvre ces réformes", a-t-il expliqué aux Eurodéputés

Le Premier ministre a également estimé aussi que les mesures mises en oeuvre par Athènes, dont un plan d'austérité de 10 milliards d'euros, illustraient la volonté du pays de contribuer à la stabilité de la zone euro.

Mardi déjà, l'agence de notation Standard & Poor's avait estimé que les mesures de réduction du déficit mises en place par la Grèce étaient "adaptées" et avait confirmé les notes de la dette du pays à A-2 à court terme et à BBB+ à long terme et mis un terme à la période de mise sous surveillance , excluant ainsi une dégradation à court et moyen terme.

Georges Papandréou s'est également montré sceptique jeudi concernant l'idée allemande d'exclure en dernier recours de la zone euro un pays trop laxiste en matière budgétaire. "Simplement sanctionner ne pourrait pas être la solution. Et punir et exclure un pays serait un échec non seulement pour le pays [exclu] mais aussi pour l'Union", a-t-il déclaré.

Les chiffres publiés ce jeudi par le service grec des statistiques (NSS) indiquent un taux de chômage en hausse pour le quatrième trimestre en Grèce, à 10,3%, contre 9,3% au troisième trimestre. Au quatrième trimestre 2008, le taux de chômage n'était que de 7,9%. La moyenne du taux de chômage dans zone euro est restée à 9,9% en janvier, selon Eurostat.