La crise grecque repart de plus belle

Par latribune.fr  |   |  992  mots
(Crédits : © 2010 Thomson Reuters)
Les nouvelles tensions autour de la Grèce ont porté le taux des obligations grecques à un nouveau record historique de près de 7,5%. Dans le même temps, l'euro a dévissé sous 1,33 dollar et les grandes places financières européennes ont reculé, plombées par les valeurs bancaires.

La situation des finances publiques grecques inquiétent de  plus en plus. Alors que la nervosité des investisseurs sur le sujet s'était dissipée après l'adoption d'un plan d'aide européen, les tensions sont subitement revenues. Les opérateurs ne redoutent en effet qu'Athènes éprouve des difficultés à assurer ses besoins de financement immédiats. 

Autre élément d'inquiétude, les marchés ont été affectés par des rumeurs selon lesquelles le gouvernement grec pourrait remettre en cause l'accord conclu le mois dernier par le conseil européen en liaison avec le Fonds monétaire international (FMI). Athènes pourrait s'opposer aux conditions requises par le FMI, qui vient d'envoyer ses équipes sur place, en cas d'activation du plan de sauvetage.

Pour participer à ce contexte tendu, la banque centrale grecque a confirmé au Financial Times que les épargnants grecs commencaient à s'inquiéter de la situation financière du pays. Ils retirent ainsi progressivement leurs économies de leurs comptes bancaires pour les transférer dans des banques étrangères. Des retraits qui ont atteint 5 milliards d'euros en janvier et encore 3 milliards en février.

Taux record pour les obligations grecques

Les inquiétudes liées à la crise grecque ne sont pas sans impact sur les marchés obligataires et des actions. Ainsi, le taux des obligations grecques à dix ans a atteint ce jeudi matin le niveau historique de 7,322%, du jamais vu depuis l'adoption de l'euro par la Grèce en 2001. Le différentiel ("spread") avec l'obligation d'Etat allemande, le Bund 10 ans, qui sert de référence sur le marché obligataire européen, atteignait 424 points de base, également un plus haut depuis l'entrée de la Grèce dans la zone euro.

Concrètement, cela signifie que la Grèce doit offrir aux investisseurs un taux d'intérêt de 4,24 points de pourcentage supérieur à celui de l'Allemagne, pour emprunter sur le marché obligataire afin de refinancer sa dette. Ce qui vient de fait encore renforcer les inquiétudes sur la capacité du pays à réduire son déficit budgétaire face au coût grandissant de sa dette.

La Grèce va continuer d'emprunter malgré les taux élevés des obligations grecques sur les marchés, a affirmé ce jeudi au parlement le ministre grec des Finances Georges Papaconstantinou.

L'euro dévisse et les banques souffrent

Les tensions sur la Grèce pénalisent également la monnaie européenne, l'euro étant retombé sous le seuil de 1,33 dollar pour un euro, soit ses plus bas niveaux atteints au plus fort de la crise fin mars.

Sur les marchés actions, le compartiment financier entraîne les grandes places européennes à la baisse. A la Bourse de Paris, le CAC 40 est ainsi retombé largement sous le seuil des 4.000 points. Société Générale, Dexia, Crédit Agricole et BNP Paribas signent les plus forts replis de l'indice avec des baisses de près de 4%. L'exposition des banques françaises à la dette grecque atteindrait 75 milliards de dollars soit 56 milliards d'euros selon la BRI, la banque des règlements internationaux. Elles détiendraient ainsi un quart de la dette grecque.

De son côté, l'indice DJ Stoxx européen des banques chute de 2,5%, les banques grecques étant à la peine, avec des forts replis compris entre 6% et 8%. La Bourse d'Athènes chute pour sa part en milieu de journée de 5,06%, l'indice général reculant à 1.887,74 points après une baisse de 3,9% mercredi à la clôture.

Dans ce contexte, les opérateurs de marché ont suivi de près les déclarations de la Banque centrale européenne (BCE) dont le président Jean-Claude Trichet a tenté de calmer le jeu sur la crise grecque. De son côté, le porte-parole du gouvernement grec Georges Pétalotis a déclaré qu'"il n'était pas nécessaire pour le moment d'activer le plan d'aide Union européenne-FMI (fonds monétaire international", décidé le 25 mars à Bruxelles et prévoyant l'octroi à la Grèce de prêts européens et du FMI.

Les investisseurs suivent ce dossier comme le lait sur le feu car ils craignent toujours une contagion de la crise grecque à d'autres pays du sud de la zone euro en proie à des difficultés budgétaires, comme le Portugal, l'Espagne et l'Italie. Les ministres des finances de la zone euro devraient se réunir ce jeudi dans la soirée, selon une source citée par l'agence Reuters, pour plancher sur un plan d'aide d'urgence à la Grèce. Des représentants de la Banque centrale européenne (BCE) devraient assister à cette réunion d'urgence.

Standard & Poor's pourrait à nouveau dégrader sa notation

La Grèce risque une dégradation de sa notation si ses coûts d'emprunt restent élevés et si le gouvernement ne prend pas alors des mesures pour revenir dans les clous de son programme de réduction du déficit, a déclaré ce jeudi Marko Mrsnik, analyste spécialiste de la Grèce chez Standard and Poor's. Ce dernier a cependant estimé que le risque de défaut était toujours très bas".

Marko Mrsnik a par ailleurs déclaré que la notation souveraine de la Grèce dépendait de la mise en oeuvre complète du programme d'austérité et de la résistance de la croissance nationale à l'effort de consolidation. "Si, toutefois, un coût d'emprunt élevé persiste et si on ne réplique pas à la déviation hors du chemin de consolidation qui en résulterait, nous pensons que cela pourrait retarder le retournement de la trajectoire de la dette grecque et déboucher sur un abaissement de la notation", a-t-il déclaré.

S&P a maintenu le mois dernier la note BBB+ pour la Grèce mais a prévenu que le pays était toujours sous la menace d'une dégradation de cette note dans les 18 à 24 mois à venir, s'il échouait à appliquer son plan de réduction du déficit.