Jean-Claude Trichet : les Etats européens responsables de la chute de l'euro

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  596  mots
Alors que la devise unique évolue à son plus bas niveau depuis octobre 2008, le président de la Banque centrale européenne appelle les pays membres à renforcer le contrôle de leurs budgets. L'Allemagne voudrait présenter un plan concerté de réduction des déficits.

Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, estime que l'euro n'est pas en butte à des attaques spéculatives malgré sa forte chute face au dollar, et plaide pour un contrôle renforcé des budgets nationaux, rapporte samedi Der Spiegel.

Dans une interview accordée à la revue allemande, Trichet considère que l'Europe doit envisager des changements profonds en vue de prévenir et de sanctionner les écarts de conduite des Etats de la zone euro en matière de politique économique.

Il note que les marchés financiers traversent leur plus mauvaise passe depuis la Seconde Guerre mondiale, voire depuis la Première. Mais il nie que les gouvernements de la zone euro aient forcé la BCE à se joindre cette semaine au plan de stabilisation de 750 milliards d'euros adopté pour empêcher la crise de la dette grecque de s'étendre au reste de la zone et au-delà.

Dans son interview, Jean-Claude Trichet laisse entendre que c'est aux gouvernements européens, plus qu'aux marchés monétaires, qu'incombe la responsabilité du recul de l'euro, qui est tombé vendredi à un nouveau plus bas de 18 mois face au billet vert.

"Ce n'est pas une question d'attaque contre l'euro. Cela concerne le secteur public et donc la stabilité financière dans la zone euro, dit-il. Il est clair que les Européens ont pour principale responsabilité de prendre des mesures appropriées pour contrebalancer les tensions actuelles en Europe."

RENFORCER LE CONTRÔLE DES BUDGETS NATIONAUX

Vendredi, la monnaie unique a enfoncé à la baisse deux seuils successifs, 1,25 dollar puis 1,24 dollar, pour toucher un "plus bas" de séance à 1,2358 dollar sur la plate-forme de transactions électroniques EBS.

Le président de la BCE exhorte depuis longtemps les gouvernements de la zone euro à réduire leurs déficits budgétaires afin de contenir la hausse de leur dette. Le fait que le gouvernement grec n'en ait pas tenu compte a ainsi engendré une crise qui risquait de s'étendre à d'autres pays de la zone connaissant des problèmes analogues, et au-delà.

Jean-Claude Trichet préconise un contrôle plus serré des budgets gouvernementaux. Aux termes du Pacte de stabilité et de croissance, ces derniers sont censés gérer des déficits ne dépassant pas 3% du produit intérieur brut (PIB), mais certains pays dont la Grèce se situent déjà près de quatre fois plus haut que ce seuil.

Comme on lui demande s'il est souhaitable que la Grèce quitte la zone euro, il répond: "Non, ce n'est pas une option. Quand un pays entre dans l'union monétaire, il partage un destin commun avec les autres pays."

Trichet ajoute cependant: "Nous devons faire un bond en avant dans la surveillance mutuelle des politiques européennes en Europe. Nous avons besoin de meilleurs mécanismes pour prévenir et sanctionner les écarts de conduite."

"Il nous faut une mise en oeuvre efficace du contrôle mutuel, nous avons besoin de sanctions efficaces pour les atteintes au Pacte de stabilité et de croissance. La BCE réclame ici de profonds changements", souligne-t-il.

L'Allemagne devrait d'ailleurs présenter prochainement à l'Union européenne une initiative en faveur d'un programme concerté de réduction des déficits dans la zone euro, lors d'une des prochaines réunions de l'Eurogroupe.

"Le gouvernement allemand veut présenter sous peu une initiative en faveur d'un plan européen concerté de réduction des déficits dans la zone euro, pour rétablir la confiance écornée dans la monnaie commune", écrit le spiegelonline, sans citer de source.