La zone euro n'a fait que "gagner du temps", prévient Angela Merkel

Par Source Reuters  |   |  736  mots
Le plan de stabilisation de 750 milliards d'euros dont s'est doté l'Union européenne n'offre qu'un répit à la zone euro, a averti la chancelière allemande.

Le plan de stabilisation de 750 milliards d'euros dont s'est doté l'Union européenne n'offre qu'un répit à la zone euro, a averti dimanche la chancelière allemande Angela Merkel, estimant que le problème de fond que constitue l'écart croissant entre les économies les plus fortes et les plus faibles restait à résoudre.

Tout en dénonçant ce qu'elle a présenté comme la spéculation contre l'euro, elle a déclaré que les dirigeants européens ne pourraient ramener le calme qu'en trouvant les moyens d'aplanir les importantes divergences entre les 16 pays utilisant la monnaie unique.

"Nous n'avons rien fait d'autre que de gagner du temps afin de supprimer les différences en matière de compétitivité et de déficits budgétaires des différents pays de la zone euro", a-t-elle dit. "Si nous nous contentons d'ignorer ce problème, nous ne pourrons pas apaiser la situation."

Lors du congrès de la Fédération des syndicats allemands, elle a exprimé son soutien au plan de stabilisation élaboré par l'Union et le Fonds monétaire international (FMI) pour prévenir une contagion de la crise de la dette grecque à d'autres pays de la zone euro.

Mais la chancelière, longtemps réticente à l'idée de soutenir la Grèce et d'autres pays, a jugé qu'il fallait aller encore plus loin.

"Au cours de la semaine écoulée, nous avons assisté (...) à des spéculations contre l'euro, notre monnaie", a-t-elle dit en soulignant que ces spéculations avaient atteint une ampleur inimaginable il y a encore quelques jours.

"Cela plaide pour une régulation accrue", a-t-elle déclaré. "Malheureusement, ces spéculations ont été et sont possibles parce qu'il existe des différences considérables en matière de solidité économique et d'endettement entre les Etats membres de la zone euro."

L'euro a perdu 4% de sa valeur face au dollar sur la semaine écoulée, tombant vendredi à son plus bas niveau depuis 18 mois, autour de 1,2350 dollar .

L'Allemagne peut se permettre de dénoncer les différences en matière de santé économique et budgétaire au sein de la zone euro: elle a contenu son déficit à 3,3% du produit intérieur brut (PIB) l'an dernier alors que la Grèce affichait un ratio de 13,6%, et sa dette publique représente 73% de son PIB, contre près de 150% pour la Grèce.

CERCLES VICIEUX

Le ministre autrichien des finances, Josef Pröll, a estimé de son côté que l'Union devrait imposer des limites à ses pays membres en matière d'endettement. Cela "se traduirait par un plafonnement clair des nouveaux emprunts, par une discipline budgétaire stricte et par des budgets équilibrés en Europe", a-t-il dit au quotidien allemand Die Welt.

Pour sa part, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a appelé à accorder la priorité à la lutte contre la dette afin d'éviter que les pays les plus mal en point entraînent les autres dans leur chute.

"Parce que les économies des pays de la zone euro sont étroitement liées par une monnaie, il est important d'empêcher la faiblesse de la politique économique d'un pays donné de compromettre la réussite des autres", a-t-il expliqué dans le quotidien finlandais Helsingin Sanomat.

"A l'avenir, l'évolution de la dette publique devra être suivie plus étroitement qu'auparavant et il faudra briser à temps d'éventuels cercles vicieux", a-t-il ajouté.

S'il a lui aussi considéré que l'action de l'Union avait permis d'éviter une contagion de la crise grecque, il a ajouté que cette crise avait mis l'accent sur une faiblesse fondamentale de l'économie de la zone euro.

"Nous avons empêché le feu de broussailles de la Grèce de se transformer en feu de forêt incontrôlable", a-t-il dit.

"Le problème de l'union économique et monétaire, c'est que le pilier monétaire a été, depuis le début, plus solide que le pilier économique. La crise a démontré qu'ils étaient tous les deux nécessaires."

En effet, si la zone euro s'est dotée d'une politique monétaire commune orchestrée par la Banque centrale européenne (BCE), la politique budgétaire reste du ressort de ses 16 Etats membres.

La Commission européenne a d'ailleurs proposé mercredi de conférer à l'exécutif communautaire un droit de regard sur les projets de budget nationaux avant leur examen par les parlements.