Sécurité accentuée pour les 55 centrales nucléaires japonaises

Par latribune.fr  |   |  891  mots
Un ersponsable deL'agence de sécurioté nucléaire japonaise pendant une conférence de presse à Tokyo. Copyright Reuters
L'accident qui frappe la centrale de Fukushima-Daiichi pousse les autorités japonaises à édicter de nouvelles mesures de sécurité applicables d'ici fin avril. La situation à Fukushima n'est toujours pas maîtrisée. A 10 km de là, de la fumée s'est échappée de la deuxième centrale de Fukushima.

Le ministère japonais de l'Economie a annoncé ce mercredi dans un communiqué une mise à jour des règles de sécurité pour les 55 centrales nucléaires du pays. Ces nouvelles mesures devront être appliquées avant la fin avril.

Elles prévoient notamment des installations électriques de secours pour pallier une rupture de l'alimentation. Des camions de pompiers équipés de lances à incendie devront être prêts à intervenir à tout moment pour assurer le refroidissement des réacteurs et des piscines dans lesquelles est stocké le combustible usagé. A charge pour les exploitants des centrales de revoir leurs manuels de fonctionnement et d'organiser la formation de leur personnel en tenant compte des nouvelles mesures de sécurité.

"Ce sont les mesures minimales auxquelles nous avons pensé pour l'instant et qui doivent être prises immédiatement", a expliqué Banri Kaieda, ministre de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie. Ce dernier ne souhaite pas attendre qu'une évaluation complète et générale de la situation soit opérée afin de ne pas perdre de temps

Le nucléaire reste une source d'énergie importante pour le Japon (30%) mais le pays doit commencer à revoir sa politique énergétique et à écouter les experts, a souligné Banri Kaieda. Une révision globale de la politique énergétique japonaise est nécessaire et passera par l'énergie solaire, a-t-il ajouté.

La situation à Fukushima n'est toujours pas maîtrisée

Pendant ce temps-là, la centrale de Fukushima, gravement endommagée par le séisme et le tsunami dévastateurs du 11 mars reste au coeur des préoccupations. Les autorités japonaises ont fait état mercredi d'un niveau de radioactivité plus de 3.000 fois supérieur à la limite autorisée dans l'eau de mer au large du site. La France et les Etats-Unis ont été appelés en renfort pour contenir la radioactivité et maîtriser la situation dans cette centrale.

Le gouvernement japonais reconnaissait ne pas être du tout en mesure de dire quand la situation sera maîtrisée à la centrale. "Nous étudions diverses mesures, mais à ce stade, nous ne sommes pas en mesure de dire quand nous contrôlerons de nouveau la situation", a admis Yukio Edano, secrétaire général et porte-parole du gouvernement.

N'oublions pas que depuis le 11 mars, date du séisme et du tsunami, le Japon déplore pour l'instant quelques 27.500 morts et disparus.

Zone d'évacuation jugée insuffisante

Greenpeace estime que la zone d'évacuation de la population autour de la centrale, d'un rayon actuel de 20 km, devrait être étendu de 10 km suppplémentaires. Sachant que les habitants situés dans la zone comprise entre 20 et 30 kilomètres ont été invités -mais non contraints-par le gouvernement à partir également. Il se trouve que l'association a en effet noté que le taux de radioactivité était inégal selon les zones mais que certains endroits à plus de 40 km de la centrale étaient plus dangereux que d'autres situés dans la zone d'évacuation. "Cela veut dire que quelqu'un pourrait y dépasser la dose annuelle maximum de 1.000 microsieverts en environ 10 heures", a déclaré Jan van de Putte, un responsable de Greenpeace lors d'une conférence de presse qui s'est tenue ce mercredi à Tokyo.

Les interrogations grandissent quant à la gestion de cette crise par Tepco, l'exploitant de Fukushima. Surtout depuis que ce dernier a reconnu avoir écarté le risque d'un tsunami de plus de 6 mètres, hypothèse pourtant envisagée par les concepteurs de la centrale en 2007. 

Son PDG Masataka Shimizu, qui n'avait plus été vu en public depuis le 13 mars, a été hospitalisé mardi pour hypertension et vertiges. C'est désormais son numéro 2, Tsunehisa Katsumata, qui est aux commandes.

Incident dans la 2e centrale de Fukushima

A Fukushima Daini, 2e centrale nucléaire située à 10 kilomètres de Fukushima Daiichi, de la fumée s'est échappée d'une armoire électrique située dans la salle de la turbine du réacteur 1 a expliqué un responsable de l'opérateur Tepco. Un court circuit en est probablement la cause. L'opérateur du site a indiqué que les pompiers étaient intervenus, que la fumée s'était arrêtée et assure qu'aucun dégât ne s'en est suivi. Les quatre réacteurs de cette centrale sont à l'arrêt depuis le séisme et le tsunami. 

Contrôles alimentaires éventuellement renforcés en Europe

La découverte de plutonium sur le site de la centrale pourrait amener l'Union européenne à intensifier les contrôles alimentaires en provenance des zones du Japon radioactives. Pour l'heure, les contrôles ne portent que sur la présence de césium et d'iode. La recherche de plutonium pourrait s'y ajouter. "L'Union européenne va se pencher sur la question" a indiqué Frédéric Vincent, le porte-parole de la Commission européenne pour les questions de santé.

Pas de surréaction, insiste pourtant le Japon. Un document de l'OMC publié ce mercredi rapporte en effet que le Japon veut éviter que ses partenaires commerciaux restreignent leurs importations; des mesures que l'Archipel juge "injustifiables". Une demande qui s'adresse notamment à la Corée du Sud dont l'embargo décidé le 25 mars dernier concernent différents produits (légumes et lait). Mais les Etats-Unis, Hong kong, l'Australie, Singapour, la Russier et Taïwan ont eux aussi décidé de restreindre leurs importations en provenance du Japon.