Moody's dégrade de quatre crans la note du Portugal

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  699  mots
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Moody's a placé mardi soir la note du Portugal en catégorie spéculative. Selon l'agence de notation, le pays pourrait avoir besoin d'un deuxième plan d'aide. "La France fait confiance au Portugal" a déclaré, ce mercredi, François Baroin sur Europe 1.

L'agence de notation Moody's a abaissé mardi soir  de quatre crans la note souveraine du Portugal de Baa1 à Ba2, avec perspective négative. La dette souveraine à long terme de Lisbonne se trouve donc désormais en catégorie spéculative ("junk"). François Baroin a réagi ce mercredi sur cette dégradation en déclarant  sur Europe 1 : "ce n'est pas le regard d'une agence de notation qui va régler la question des dettes souveraines". Le ministre français de l'Economie et des Finances a ajouté : "nous faisons confiance au Portugal".

L'agence Moody's redoute notamment que Lisbonne ne soit pas en mesure d'atteindre ses objectifs en matière de réduction du déficit et de stabilisation de la dette, tels que définis dans l'accord d'aide financière conclu avec l'Union européenne et le Fonds monétaire international.

Selon Moody's, il existe en conséquence un risque croissant que le Portugal ait besoin d'un second plan d'assistance financière avant d'être en mesure de se financer lui-même sur les marchés internationaux.

La probabilité que Lisbonne ne parvienne pas à ramener ses coûts d'emprunt à un niveau lui permettant de se financer sans aide au deuxième semestre 2013 s'accroît également, ajoute l'agence.

Lisbonne reconnaît sa vulnérabilité

Moody's est la première des trois grandes agences de notation à placer la note portugaise en catégorie spéculative. Standard & Poor's et Fitch évaluent le Portugal à BBB-, soit le dernier niveau de la catégorie investissement.

Le gouvernement portugais a aussitôt réagi à la décision de Moody's, qui selon Lisbonne met en évidence la vulnérabilité de l'économie portugaise dans le contexte de la crise de la dette.

Lisbonne a toutefois estimé que Moody's n'avait pas tenu compte du fort soutien politique apporté dans le pays au programme d'austérité, ni de la mise en place d'un impôt supplémentaire.

Les pouvoirs publics portugais ont renouvelé leur engagement à respecter le plan proposé la semaine dernière, qui est selon eux "le seul moyen d'inverser la tendance et de restaurer la confiance".

Anthony Thomas, analyste chargé du Portugal chez Moody's, a indiqué à Reuters que "des preuves que le Portugal atteint ou dépasse ses objectifs de réduction du déficit" seraient un élément positif qui pourrait pousser l'agence à ramener sa perspective de négative à stable.

Mais il a également indiqué que cette perspective dépendrait largement de la participation que les pouvoirs publics européens demanderaient au secteur privé dans les programmes d'aide aux autres pays périphériques de la zone euro.

Pour l'heure, cette participation se fait en principe sur la base du volontariat, dans le but de ne pas entraîner un "événement de crédit".

Volonté Politique

Felipe Garcia, directeur du cabinet de consultants Informacao de Mercados Financeiros, à Porto, a jugé que la décision de Moody's était "un peu extrême", et qu'elle aggraverait probablement les inquiétudes portant sur la dette du pays.

"La capacité d'un pays à revenir à terme sur les marchés dépend des solutions structurelles plus globales que proposera l'Europe, plutôt que des actes individuels de ce pays. Je pense qu'il est trop tôt pour parler d'un deuxième plan de sauvetage du Portugal, en tout cas pas cette année", a-t-il dit.

Selon lui, les agences de notation ne tiennent pas compte de la détermination politique européenne à éviter qu'un des membres de la zone euro se trouve en situation de défaut.

"Soit ils ne croient pas à la volonté politique de l'Union européenne d'éviter un défaut, soit ils sous-estiment l'union politique."

Selon Robert Tipp, responsable des investissements chez Prudential Fixed Income, la baisse de la note portugaise montre que la crise ne s'arrêtera pas à la Grèce, qui est sur le point de recevoir une nouvelle aide financière.

"Une fois que ce sera réglé pour la Grèce, on passera à un autre pays, et selon toute vraisemblance la situation de la zone euro suivra ce schéma pour encore un ou deux ans, jusqu'à la stabilisation des perspectives financières à long terme de ces pays", a-t-il déclaré.