Grèce : les agences de notation sous le feu des critiques

Critiquée pour sa "sévérité", l'agence Standard & Poors défend sa position sur la dette grecque par la voix de son directeur en Allemagne ce mercredi. Moody"s a publié mardi une note avertissant des conséquences d'une éventuelle application du plan de sauvetage français. Face à ces résistances, François Baroin, avec le ministre allemand des finances, soutient ce plan pour qu'il soit "prêt en septembre".
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Trop sévères, les agences de notation ? Pour le patron de Standard & Poor's en Allemagne, elles ne font que leur travail, en prenant en compte "les faits".

Depuis les menaces de prononcer un défaut de paiement au cas où les créanciers privés prolongeraient leur prêt, selon le plan de sauvetage préconisé par la France, l'agence de notation sont très critiquées. L'annonce de la dégradation de la note du Portugal n'a fait qu'amplifier ces critiques.

Limiter l'influence des agences?

José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, les a ainsi remises en causes, ce mercredi lors d'une conférence de presse à Strasbourg. "Nous envisageons des mesures pour améliorer la méthodologie et la transparence des notes souveraines, réduire la dépendance excessive des institutions financières vis à vis des notes", a-t-il expliqué.

Le ministre grec des finance a ainsi dénoncé  la "folie" des agences de notation. Evoquant la dégradation de la note du Portugal, Stavros Lambrinidis a déclaré que cette dégradation n'est pas basée sur le fait que le Portugal ne fait pas son travail de réformes mais sur l'hypothèse que le pays va à nouveau avoir besoin d'aide."Voyez-vous la folie de cette prophétie auto-réalisatrice?", a-t-il aussi lancé lors d'une conférence à Berlin.

Concernant le cas de la Grèce, le membre du conseil de gouverneurs de la Banque centrale européenne, Ewald Nowotny avait déclaré lundi que "les agences de notation sont sur ce dossier européen beaucoup plus strictes et beaucoup plus agressives que par exemple dans des cas similaires en Amérique du Sud", sur une chaîne de télévision autrichienne.

Pour Torsten Hinrichs, directeur de Standard & Poor's en Allemagne, "ces allégations n'ont aucun fondement et sont factuellement fausses. Elles reposent soit sur la méconnaissance des faits, soit sur des motivations politiques qui négligent ces faits". Selon lui, les reports de remboursement ne sont "pas conformes à la promesse originelle paiement en temps et en heure des intérêts et du principal. En ce sens, ce plan constituerait donc un défaut ".

"Preuve objective"

Moody's énonce une mise en garde similaire. Selon une note publiée lundi, une participation des créanciers privés suivant le plan français serait forcément coûteuse. En effet, selon des règles comptables internationales, rappelle l'agence, les prêteurs seraient contraints de constater la baisse de la valeur de leurs actifs et de passer des provisions lors de leur clôture en cas de "preuve objective que ces actifs ont perdu de leur valeur".

Or, cette preuve serait "liée aux difficultés financières de l'emprunteur", dans ce cas précis la Grèce, et " rares sont ceux qui contesteront que la Grèce est en difficulté financière significative".

Discussions en France

Ce mercredi, des représentants de groupes financiers doivent se rencontrer à Paris dans le cadre de l'Institut de la finance internationale (IIF), principal lobby bancaire mondial. Au cours de cette réunion technique, la participation des banques privées au plan français devrait être évoquée.

Pour François Baroin, ce plan doit être "prêt pour septembre", a-t-il précisé au micro d'Europe 1 ce mardi. Le ministre de l'Economie se rendra jeudi en Allemagne, pour son premier déplacement à son nouveau poste, afin d'évoquer avec son homologue Wolfgang Schäuble des modalités d'application du second plan d'aide à la Grèce.

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