Les agences de notation sous le feu des critiques

Par latribune.fr  |   |  863  mots
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Sévères sur la dette grecque, sans concession pour le Portugal, les agences de notation comme Standard and Poor's ou Moody's sont fortement critiquées. La première a d'ailleurs été condamnée en Italie pour avoir attribué une note dans la catégorie "investissement" à Parmalat alors en difficulté financière. Paris souhaite que la régulation des agences de notation se poursuive.

Faut-il contrôler les agences de notation ? C'est en tous cas ce qu'a demandé José Manuel Barroso après la décision de Moody's de dégrader la note du Portugal. "Nous envisageons des mesures pour améliorer la méthodologie et la transparence des notes souveraines, réduire la dépendance excessive des institutions financières vis à vis des notes", a déclaré le président de la Commission européenne lors d'une conférence de presse à Strasbourg. José Manuel Barroso, qui a même estimé que cette décision pourrait aggraver la crise de la dette dans la zone euro.

Avant l'annonce de Moody's, le rôle des agences était déjà remis en cause. Les menaces de Standard and Poor's de prononcer un défaut de paiement au cas où les créanciers privés prolongeraient leur prêt à la Grèce, puis la décision de la BCE de reconnaître ce défaut de paiement au cas où il ferait l'objet d'un consensus de la part des agences de notation avaient déjà suscité des critiques.

"La France considère que l'effort de régulation des agences de notation, qui a démarré en 2008, doit se poursuivre", a déclaré ce jeudi la porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse, en affirmant qu'il ne fallait pas porter de "jugement hâtif" susceptible de porter atteinte au plan de redressement financier portugais.

Limiter l'influence des agences

La dernière décision de Moody's n'a fait que rajouter de l'huile sur le feu. Le ministre grec des finance a ainsi dénoncé la  "folie"de ces institutions chargées d'évaluer des entreprises ou des Etats. Pour Stavros Lambrinidis cette décision "n'est pas basée sur le fait que le Portugal ne fait pas son travail de réformes" mais sur la seule hypothèse que le pays aura à nouveau avoir besoin d'aide. "Voyez-vous la folie de cette prophétie auto-réalisatrice?", a-t-il lancé lors d'une conférence à Berlin.

Même combat chez le ministre allemand des Finances. Pour Wolfgang Schäuble, il faut "briser l'oligopole des agences de notation". Ce dernier disait ne pas comprendre ce qui avait présidé à la décision de dégrader la note du Portugal alors que le pays avait fait montre de volnotarisme en prenant des mesures d'austérité.

Concernant la Grèce, le nouveau ministre des Affaires européennes, Jean Leonnetti désapprouve lui aussi l'influence des agences de notation. "Ce n'est pas les agences de notation qui décident de la façon dont on aide la Grèce et l'euro", a-t-il ainsi affirmé.

La sévérité de les notations, en particulier, fait partie des sujets "d'incompréhension" sources des reproches adressés aux agences. Le membre du conseil de gouverneurs de la Banque centrale européenne, Ewald Nowotny avait ainsi déclaré lundi que "les agences de notation sont sur ce dossier européen beaucoup plus strictes et beaucoup plus agressives que par exemple dans des cas similaires en Amérique du Sud", sur une chaîne de télévision autrichienne.

Standard & Poor's se défend

Le patron de Standard & Poor's en Allemagne a tenté de défendre son travail. Pour Torsten Hinrichs, les propos d'Ewald Nowotny "n'ont aucun fondement et sont factuellement fausses. Elles reposent soit sur la méconnaissance des faits, soit sur des motivations politiques qui négligent ces faits".

Selon Torsten Hinrichs, les reports de remboursement proposés pour aider la Grèce ne sont "pas conformes à la promesse originelle paiement en temps et en heure des intérêts et du principal. En ce sens, ce plan constituerait donc un défaut ".

Moody's énonce une mise en garde similaire. Selon une note publiée lundi, une participation des créanciers privés suivant le plan français serait forcément coûteuse. En effet, selon des règles comptables internationales, rappelle l'agence, les prêteurs seraient contraints de constater la baisse de la valeur de leurs actifs et de passer des provisions lors de leur clôture en cas de "preuve objective que ces actifs ont perdu de leur valeur".

Or, cette preuve serait "liée aux difficultés financières de l'emprunteur", dans ce cas précis la Grèce, et " rares sont ceux qui contesteront que la Grèce est en difficulté financière significative".

Condamnation

Standard & Poor's n'est pas seulement critiquée, elle est aussi condamnée par la justice. Ce mercredi, le tribunal de Milan imposé à MCGraw-Hill Companies, qui appartient à S and P, le versement de 784.000 euros et de payer des frais de justice à Parmalat. Le groupe alimentaire avait été noté dans la catégorie "investissement" alors qu'elles connaissait de graves difficultés financières jusqu'en 200. Les sommes à verser représentent l'équivalent de ce qui avait été perçu par l'agence au moment de cette notation. Cette dernière avance que l'entreprise Italienne ne transmettaient que des comptes falsfiés, ce pourquoi son ancien patron, Calisto Tanzi a d'ailleurs été condamné en 2010. Une demande de dédommagement de 4 milliards d'euros formulée par Parmalat contre l'agence de notation a par ailleurs été rejetée.