Dette grecque : le FMI et Ben Bernanke sonnent le tocsin

Par latribune.fr, avec agences  |   |  688  mots
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Le Fonds monétaire international a appelé ce jeudi à une action plus rapide pour traiter la crise de la dette en Grèce, disant craindre que la confusion ne s'installe sur les marchés financiers. Pour le patron de la Fed, "ce qui se passe (en Europe) menace l'économie des Etats-Unis". Concernant la dette américaine, il a estimé que des coupes budgétaires profondes et excessives seraient préjudiciables à la reprise qui reste fragile.

"La situation budgétaire en Grèce représente une menace de désordre sur les marchés qui affecterait les taux de financement d'autres pays fragiles et pourrait avoir des conséquences graves pour les établissements financiers", déclare le FMI dans une note destinée aux pays du G20.

Le FMI estime également qu'un retard dans le relèvement du plafond de la dette des Etats-Unis constitue un risque pour la croissance mondiale. Il souligne la menace de surchauffe dans les pays émergents et dans certains pays développés, avec la hausse de l'inflation et la croissance rapide du crédit.

"Dans les pays émergents du G20, un resserrement de politique macroéconomique plus rapide et un rééquilibrage de la demande sont nécessaires dans certains cas", ajoute le FMI qui appelle aussi à l'utilisation "pragmatique" des contrôles de change pour gérer les flux de capitaux qui arrivent sur ces pays.

Même inquiétude pour le président de la Fed, Ben Bernanke, qui a estimé jeudi à Washington que la crise de la dette en Europe menaçait l'économie de son pays. "Ce qui se passe menace l'économie des Etats-Unis parce que s'il devait y avoir une forte détérioration de la conjoncture en Europe, nous verrions une augmentation généralisée de l'aversion au risque, une chute des prix des actifs financiers et une instabilité forte sur les marchés", a-t-il déclaré devant la Commission bancaire du Sénat.

"Nous pâtirions davantage de la conjoncture financière générale qui serait ainsi créée que de l'exposition directe" des établissements américains à la Grèce, au Portugal et à l'Irlande, a-t-il ajouté. En réponse à une question d'un élu, Ben Bernanke a indiqué que la Fed passait "beaucoup de temps à évaluer l'exposition des établissements financiers américains" à ces trois pays. Celle-ci est "assez faible et gérable", a-t-il indiqué, "donc, nous ne prévoyons pas que les effets directs de problèmes comme un défaut de paiement [d'un de ces pays] par exemple soient déterminants" pour les banques et les fonds américains.

Pour Ben Bernanke, la croissance économique des Etats-Unis devrait s'accélérer d'ici à la fin de l'année, mais elle devrait rester lente et il y a un risque non négligeable que cette prévision soit trop optimiste en raison des grosses incertitudes provoquées entre autres par la crise de la dette en Europe.

Attention aux coupes budgétaires excessives

Concernant la dette américaine, le patron de la Fed a prévenu que des coupes claires trop profondes dans les dépenses publiques risquent de mettre à mal une reprise déjà fragile aux Etats-Unis. "Tout ce que je demande, alors que le Congrès examine le calendrier et les modalités des amendements au budget, c'est que ce dernier prenne en compte qu'à très court terme la reprise reste fragile et que des coupes profondes et excessives à très court terme seraient préjudiciables à cette reprise", a-t-il insisté.

Il s'était adressé la veille à une commission de la Chambre des Représentants, suivant l'ordre du jour de son traditionnel exposé semestriel sur la politique monétaire. Il a dit à peu près la même chose aux deux commissions. Ben Bernanke a ajouté qu'un défaut sur la dette américaine serait dévastateur. "Ce serait un résultat calamiteux (...) Cela créerait un grave choc financier qui aurait des répercussions non seulement sur l'économie américaine mais aussi sur l'économie mondiale".

Ne pas relever le plafond de la dette dans les temps constituerait une "auto-mutilation" pour l'économie, a-t-il jugé. Les négociations budgétaires entre la Maison Blanche et le Congrès sont dans une impasse. Les Républicains veulent 2.400 milliards de dollars de réduction des dépenses en échange de leur accord au relèvement du plafond d'endettement, actuellement de 14.300 milliards de dollars. Le Trésor a dit qu'il serait à court d'argent si un accord de relèvement n'était pas conclu d'ici la date limite du 2 août.