Dette américaine : Moody's propose un "deal" aux Etats-Unis

Par latribune.fr  |   |  446  mots
Copyright Reuters
L'agence de notation Moody's a suggéré lundi aux Etats-Unis d'éliminer simplement le plafond imposé à la dette extérieure du pays afin de réduire l'incertitude chez les détenteurs d'obligations souveraines et maintenir sa note.

Les Etats-Unis sont l'un des rares pays au monde à fixer un niveau maximal à leur endettement, ce qui alimente une "incertitude périodique" quant à la capacité des pouvoirs publics à faire face à leurs obligations, note Moody's dans un rapport.

"Nous réduirions notre évaluation du risque d'un événement de crédit dans le cas où le gouvernement modifierait son dispositif de gestion de la dette souveraine afin de réduire ou de supprimer cette incertitude", écrit Steven Hess, l'un des analystes de Moody's, dans ce rapport.

La semaine dernière, Moody's avait prévenu qu'elle abaisserait la note AAA des Etats-Unis s'ils venaient à faire défaut sur leur dette.

A Washington, la pression s'accroît sur les dirigeants politiques, mais la Maison blanche et le Congrès ne parviennent pas à s'entendre sur la réduction du déficit budgétaire, qui conditionne tout accord sur le relèvement du plafond de la dette.

Le Chili cité en exemple

Moody's souligne avoir toujours jugé le risque d'un défaut américain comme très faible, car le Congrès a déjà autorisé une dette plus élevée à de nombreuses reprises depuis des dizaines d'années, le plus souvent sans grande controverse.

Mais la profondeur des divisions actuelles entre les parlementaires républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, et l'administration démocrate du président Barack Obama entraîne une très forte incertitude "et nous pousse à relever notre évaluation du risque d'un événement de crédit", ajoute Steven Hess. Les parlementaires ont jusqu'à vendredi pour se mettre d'accord.

N'hésitant pas à s'immiscer plus avant dans le débat politique, Moody's suggère aux Etats-Unis de s'inspirer d'autres exemples, et cite notamment le cas du Chili, généralement considéré comme le bon élève de l'Amérique latine en matière de politique budgétaire.

"Ailleurs, le niveau des déficits est déterminé par une 'règle budgétaire', ce qui signifie que le creusement de la dette est restreint, mais pas limité techniquement", ajoute Moody's en précisant que ce système s'est montré efficace au Chili.

L'agence de notation évoque également le critère de Maastricht en vigueur pour l'Union européenne, qui fixe à 60% du produit intérieur brut le seuil à ne pas dépasser pour le volume de la dette. Moody's indique toutefois que cette règle est fréquemment enfreinte par les Etats membres.

Selon l'agence, la limite concrète appliquée aux Etats-Unis n'a pas permis de limiter l'endettement du pays car elle a régulièrement été relevée et qu'elle n'est pas liée au niveau des dépenses budgétaires approuvé par le Congrès.