Dette américaine : deux propositions, zéro compromis

Par Reuters.com  |   |  814  mots
Copyright Reuters
Alors que la date butoir du 2 août se rapproche, les élus démocrates et républicains du Congrès ont proposé chacun de leur côté une solution au relèvement du plafond de la dette des Etats-Unis. Barack Obama appelle républicains et démocrates à trouver un "compromis juste".

Les élus démocrates et républicains du Congrès ont proposé chacun de leur côté une solution au relèvement du plafond de la dette des Etats-Unis, ce qui laisse peu de place à un compromis à une semaine de la date butoir du 2 août.

A une semaine de cette échéance qui, faute d'accord, placera la première puissance économique mondiale en situation de défaut technique, Barack Obama a appelé, lundi 25 juillet, républicains et démocrates à trouver un "compromis juste" sur la dette et les déficits américains pour éviter un défaut de paiement "risqué et irresponsable".

Lors d'une allocution à la nation prononcée à la Maison Blanche, le président américain a détaillé les graves conséquences économiques que provoqueraient un défaut voire un abaissement de la note souveraine si les élus du Congrès ne parvenaient pas à s'entendre d'ici à la date butoir du 2 août. "Nous risquerions de déclencher une grave crise économique, une crise provoquée presque entièrement par Washington", a déclaré Barack Obama.

"J'ai dit aux dirigeants des deux partis qu'ils devaient parvenir à un compromis juste dans les prochains jours, qui serait susceptible d'être adopté par les deux chambres du Congrès, un compromis que je puisse promulguer, a déclaré Obama. Le peuple américain a peut-être voté pour un gouvernement divisé, mais il n'a pas voté pour un gouvernement qui ne fonctionne pas."

Malgré la perspective d'une nouvelle crise financière évoquée au fil des semaines par des responsables économiques et politiques en cas de l'absence de compromis permettant à Washington de relever le plafond de sa dette, actuellement de 14.300 milliards de dollars, les investisseurs semblent pour l'instant ne pas céder à la panique.

Certes Wall Street a cédé plus de 0,5% lundi, effaçant une partie des gains accumulés la semaine dernière, le dollar a touché un nouveau plus bas face au franc suisse et l'or a atteint un nouveau plus haut, mais il n'y a pas encore de mouvements de vente frénétiques.

"Malgré la poursuite des discussions, les intervenants du marché ont le pressentiment que le gouvernement fédéral ne se retrouvera pas en situation de défaut le 2 août", a déclaré Robbert Van Batenburg, chargé de la recherche actions chez Louis Capital.

Pourtant, au vu de l'acrimonie des échanges entre les camps républicains et démocrates, cet optimisme n'est peut-être plus de rigueur.

Plus tôt dans la journée, le Fonds monétaire international (FMI) a estimé que les Etats-Unis devaient relever rapidement le plafond de leur dette et maintenir celle-ci sous contrôle pour le bien de l'économie mondiale.

"GADGETS" ET "EXTREMISTES"

- Les républicains, qui contrôlent la Chambre des représentants, ont été les premiers à présenter leur proposition visant à sortir de l'impasse, fondée sur une réduction des dépenses de 1.200 milliards de dollars sur dix ans. Mais, dans le cadre de ce texte, le plafond de la dette n'est relevé que de 1.000 milliards de dollars, ce qui ne couvre les besoins de financement du gouvernement fédéral que pendant quelques mois. Or Barack Obama a dit à plusieurs reprises qu'il voulait un relèvement du plafond suffisamment conséquent pour que le pays ait le temps de souffler sur le moyen terme.

- De leur côté, les démocrates ont proposé des baisses des dépenses de 2.700 milliards sur la prochaine décennie avec l'assurance que les besoins de refinancement de Washington seraient assurés jusqu'à la fin de 2012, année électorale.

John Boehner, chef de file des républicains à la Chambre des représentants a estimé que le plan démocrate n'était qu'une accumulation de "gadgets" tandis que Harry Reid, leader démocrate au Sénat, a souligné que les "extrémistes" au sein du parti républicain ne devaient pas être autorisés à donner le la dans les discussions sur la dette et le budget.

La Maison blanche a, sans surprise, apporté son soutien au plan démocrate en disant que "la balle était dans le camp" des républicains. Pour l'instant, ces derniers ne semblent pas vouloir céder, John Boehner disant après la présentation du plan des républicains qu'il "serait irresponsable que le président oppose son veto à ce texte". Harry Reid a précisé que sur les 2.700 milliards de dollars d'économies prévues par le projet démocrate, 1.200 milliards ont déjà été approuvés par les républicains.

Quoi qu'il en soit, il est possible qu'aucun des deux plans ne suffise à éviter une baisse de la note des Etats-Unis, actuellement à "AAA", le niveau le plus élevé possible. Les analystes estiment en effet qu'un plan d'économie de 4.000 milliards sur dix ans serait nécessaire pour maintenir la dette à un niveau gérable.