Dette américaine : les négociations à nouveau dans l'impasse

John Boehner, le président républicain de la Chambre des représentants, a décidé de mettre un terme aux discussions menées depuis plusieurs jours avec la Maison Blanche. A dix jours de l'échéance, tout repart de zéro.
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Nouveau rebondissement à Washington. A dix jours de la date limite pour relever le plafond de la dette (le 2 août), les négociations menées ces derniers jours entre Barack Obama et John Boehner se sont soldées par un cuisant échec. "A cause de visions différentes de notre pays", a expliqué le président républicain de la Chambre des représentants aux membres de son parti. "Nous n'avons jamais été proche d'un accord", a-t-il poursuivi alors que la presse américaine s'était montrée plutôt optimiste sur l'issue de ses discussions.

Au cours d'une conférence de presse, Barack Obama a regretté que son interlocuteur soit passé à côté d'un "accord extraordinairement juste". Ce nouveau plan de réduction des déficits publics - une condition indispensable pour que le Congres accepte de procéder au relèvement du plafond - portait sur une baisse des dépenses de 3.000 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie. En outre, le président américain avait accepté que les hausses d'impôts ne soient programmées qu'à compter de la fin 2012, pour un montant de 1.000 milliards de dollars sur dix ans.

C'est sur ce dernier point que les négociations ont buté. Les représentants républicains s'opposent toujours à un renforcement de la fiscalité, notamment par l'intermédiaire de la suppression d' avantages fiscaux dont bénéficient les ménages les plus riches et de grandes entreprises, comme les compagnies pétrolières. Mardi dernier, ils avaient d'ailleurs adopté une initiative baptisée "Couper, plafonner, équilibrer". Un texte extrême, provocateur et symbolique qui aurait provoqué 5.500 milliards de dollars de coupes budgétaires au cours de la prochaine décennie, sans la moindre hausse d'impôts. Ce texte a été rejeté vendredi par le Sénat.

"Je suis allé très loin pour tenter de trouver un compromis", a poursuivi Barack Obama, visiblement très remonté, se demandant ce qu'il faudrait aux républicains pour qu'ils acceptent ses propositions. "Ils vont devoir m'expliquer comment ils comptent éviter un défaut de paiement", a-t-il poursuivi, précisant qu'une rencontre était prévue samedi en fin de matinée. Faute d'accord validé au 2 août, l'État ne pourra alors plus s'endetter, sera contraint de réduire drastiquement ses dépenses, et pourrait se retrouver en situation de défaut sur le remboursement de ses emprunts obligataires.

"La Maison Blanche n'est tout simplement pas décidé à mettre fin à la boulimie des dépenses publiques qui détruit des emplois et met en danger le futur de nos enfants", avait fait savoir John Boehner, peu avant la conférence de presse de Barack Obama. "J'ai décidé de mettre un terme aux discussions avec la Maison Blanche et d'entamer des conversations avec le Sénat pour déterminer la marche à suivre."

Au Sénat justement, un groupe bipartisan de sénateurs, baptisé le "Gang des six", avait trouvé en début de semaine un compromis sur un plan combinant baisse des dépenses publiques, réforme des programmes sociaux et hausse des recettes fiscales. Ce projet permettrait de réduire de 3.700 milliards de dollars la progression attendue de la dette au cours des dix prochaines années. 74% de ce montant proviendrait de coupes budgétaires, touchant notamment au système de retraite et à l'assurance santé des personnes âgées Medicare. Le reste (26%) serait dégagé par une hausse des impôts, en échange d'une profonde réforme de la fiscalité.

Présenté aux sénateurs, ce plan a reçu un accueil plutôt favorable des deux côtés de l'échiquier politique. Mais il ne suscite pas le même enthousiasme à la Chambre. Les représentants démocrates, moins modérés que leurs confrères du Sénat, rejettent toujours des coupes dans les programmes sociaux. "Nous ne supporterons pas ces propositions", avait expliqué Nancy Pelosi, leur chef de file. Côté républicain, les hausses d'impôts provoquent la fureur du Tea Party, dont le poids et l'influence sont plus importants à la Chambre qu'au Sénat. Eric Cantor, le numéro deux du parti républicain à la Chambre, s'était, lui aussi, montré sceptique "sur l'objectif en termes de recettes".

Pour s'offrir un délai supplémentaire, Barack Obama s'est dit prêt à accepter une hausse à court terme du plafond, hypothèse qu'il avait jusque là toujours refusée. Car la date butoir fixée par la Maison-Blanche, pour qu'un accord puisse être adopté à temps, a été atteinte ce vendredi. Certes, il reste encore jusqu'au 2 août pour négocier. Mais chaque jour qui passe resserre un peu plus le calendrier et réduit d'autant la marge de man?uvre, alors même que les débats au Sénat et surtout à la Chambre des représentants menacent de durer.

En cas d'impasse, le Congrès pourrait se rabattre sur la solution de secours proposée par le républicain Mitch McConnell. Ce projet permettrait au président de relever le plafond de la dette de 2.500 milliards de dollars, en passant outre l'opposition du Congrès. Il serait accompagné de 1.500 milliards de dollars de coupes budgétaires, discutées au sein d'un comité bipartisan. Accueillie favorablement par certains responsables démocrates, cette proposition est rejetée par de nombreux républicains. Elle suscite même une réticence croissante ces derniers jours.

Et pour ne rien arranger, la Chambre des représentants a décidé de prendre son week-end. L'horloge, elle, continue de tourner...

Commentaires 22
à écrit le 23/07/2011 à 14:31
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Les USA ont envoyé au congrès des élus du Tea Parti, des extrémistes complètement butés qui sont incapables de faire le moindre compromis. Donc logiquement, les négociations sont dans l'impasse. Après la crise des dettes européennes, la crise des det...

à écrit le 23/07/2011 à 14:00
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Ceci est combat de coq politique avec en arrière plan les élections présidentielles. La "plafond" de la dette américaine est un chiffre symbolique. La question est où est le plafond de la dette américaine soutenable. Déjà la FED détient une grande pa...

à écrit le 23/07/2011 à 11:00
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Les USA passent directement de la note AAA à défaut de payement!,les agences de notation sont USet on ne baisse pas la note de son chef! "quelle note voulez-vous chef? ah ah ah!.Mais alors,si les états de l'Occident s'effondrent cela signifie qu'ils ...

à écrit le 23/07/2011 à 9:47
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L'Europe et les USA se dirigent doucement mais surement vers la banqueroute. la planche à billet tourne plus plus vite. On apprend parallèlement que la France devra débourser 15 milliards de plus pour la Grèce alors que le déficit budgétaire est abys...

le 23/07/2011 à 10:35
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Achetez de l'or vite !!!!!!

le 23/07/2011 à 15:24
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@libre achète plutôt des anxiolytiques si tu as des angoisses , tu perdras moins de fric qu'en achetant de l'or

le 23/07/2011 à 15:59
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L?autre problème est à la fois grec et européen. Selon Athènes, 200 milliards d?euros venus de Grèce dorment dans la banques suisses, soit l?équivalent du plan européen d?aide à la Grèce. Il faut que l?Union européenne et Athènes forcent la Suisse...

à écrit le 23/07/2011 à 9:39
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L'égoïsme forcené des possédants américains et leur autisme pathologique, leur absence quasi totale de conscience de l'intérêt collectif, du bien commun, de la fragilité de l'environnement, leur idéologie du fric hissée au pinacle tel le veau d'or, l...

le 23/07/2011 à 10:11
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Vous avez raison Effondrement prévisible comme en URSS, le plus grave c'est que nos politicards sont complices des Etats Unis, l'UMP nous vante les mérites de l'Avocate des cabinets américains Lagarde qui ne fait que défendre les intérêts des voyous ...

le 23/07/2011 à 15:54
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@ COMPLICES: Que vient faire Pétain dans le débat ? et qu?aurais-tu fait à sa place ? Les résistants après la bataille étaient légions, mais les héros pendant les combats beaucoup moins nombreux :-) Faut qu'on, y a qu'à, d?accord, mais la majorité vi...

le 24/07/2011 à 8:01
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Comme vous avez raison, Patrick ! Les resistants au debut de la guerre se comptaient presque sur les doigts de la main( resistants vivant en France, j'entends)La vaste majorite des Francais a accueilli l'armistice avec soulagement. 4 ans plus tard 99...

à écrit le 23/07/2011 à 9:10
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Obama en téléphonant à Merkel était mû par le souci qu'elle n'entrave pas le casino-financier chargé depuis trois décennies de fixer les enchères de la création de valeurs et de croissance dans les salles du Marché mondialisé. Le foirail européen a o...

à écrit le 23/07/2011 à 8:16
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les hommes politiques actuels n'ont aucun courage.ils essayent de gagner du temps pour refiler le probleme de la dette à leur successeur,mais en fin de compte,plus dure sera la chute pour les nombreux electeurs qui leur auront fait confiance. en fin ...

à écrit le 23/07/2011 à 7:57
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arretons, arretons, la dette il faut qu'un jour on arrete de s'endetter c'est la sagesse primaire, les etats sont en faillite - je parle des etats des USA - déja on émet de la monnaie de singe en californie, il va falloir resortir les monnaies dites ...

à écrit le 23/07/2011 à 6:35
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De toute façon, quand on doit 14000 milliards, on est déjà en faillite. Je ne vois donc pas ce qu'un ajout de 2500 milliards de plus apportera. Cela s'appelle faire de la cavalerie ou pyramide de Ponzi. Madoff était vraiment un tout tout tout petit j...

le 23/07/2011 à 7:22
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Bien vu ! C'est exactement que qu'ont décidé les dirigeants européens lors du dernier sommet pour "sauver" la Grèce : une pyramide de Ponzi.

le 23/07/2011 à 15:39
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@ Fatalitas: ce que tu ne vois pas, c'est que 1) le système américain est l'alpha et l'oméga du monde occidental. On doit faire la prière à genoux tous les matins devant la prospère Amérique. 2) le fait de dévaluer la monnaie permet aux US de faire p...

à écrit le 23/07/2011 à 6:19
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cette negociation illustrent a merveille "l ' effet cliquet" chez les politiciens .... les chiffres qu ils avancent sont tres loin d etre des solutions qui reduiront l endettement du gouvernement : ils veulent augmenter le plafont de 2500 milliard , ...

le 23/07/2011 à 16:01
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c'est déjà arrivé sous Reagan ? il me semble... et ceci pour des motifs électoraux ! à quand un peu de raison en Amérique ....

à écrit le 23/07/2011 à 6:12
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Ils amusent la galerie, Ils se veulent forts et determines pour plaire a leurs electeurs en annee preelectoraleet au dernier moment ils signeront un accord. Les deux camps pretendront avoir gagnes, tput le monde sera comptant....et la dette continuer...

le 23/07/2011 à 6:42
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J'aurai aussi pu ecrire comptant, content. Il s'agit de petits comptes bien minables.

le 23/07/2011 à 19:08
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Un économiste russe (Panarin ou quelque chose comme ça) avait prévu dans les années 80 l'effondrement des US, mais tout le monde (dans le monde occidental) riait à l'époque. Il doit plus être tout jeune, et on pourrait assister à une victoire à la pa...

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