Un G7 Finances à Marseille sous haute tension

Par Sylvain Rolland  |   |  567  mots
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Alors que le débat sur la politique économique à mettre en place pour lutter contre la crise - rigueur ou relance - devrait être au cœur des débats du G7 Finances à Marseille, les doutes sur la croissance mondiale accentuent la pression sur les dirigeants. Mais leurs marges de manœuvre restent réduites.

"Il ne faut pas s'attendre à une solution miracle ou même une réponse globale et uniforme aux solutions à apporter à la crise". De source proche de la présidence française du G20, on veille à ce que les attentes concernant le G7 Finances, qui se tient ce vendredi à Marseille, ne soient pas trop élevées. Pourtant, cette réunion des ministres des Finances des pays du G7 (Etats-Unis, Canada, Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni et Japon) et des banquiers centraux est attendue de pied ferme. Car même s'il ne s'agit que d'une rencontre préparatoire avant le G20 Finances du 23 septembre à Washington, elle donnera un signal sur la capacité de réponse des économies occidentales aux crises à répétition qui menacent l'économie mondiale.

Rigueur ou relance ?

La pression est donc grande. Le FMI ou encore Timothy Geithner, secrétaire au Trésor américain, ont exhorté jeudi les Européens à prendre de nouvelles mesure susceptibles de "rassurer" sur leur capacité à répondre à la crise. L'enjeu est un vrai débat de politique économique : alors que les perspectives de croissance ne cessent d'être revues à la baisse et que les craintes d'une récession se font vives, la politique de rigueur installée partout en Europe est-elle la bonne solution ? Ne vaudrait-il mieux pas, à l'image du plan de 450 milliards de dollars de Barack Obama, favoriser la relance de l'économie pour stimuler la croissance, quitte à alourdir provisoirement le poids des déficits et de la dette ?

Le débat, qui s'était tu depuis que les mesures de relance de 2008-2009 ont contribué aux crises de la dette, a ressurgi ces derniers jours suite à l'appel de Christine Lagarde à favoriser le retour de la croissance par la relance. Mais la marge de manoeuvre des pays du G7 est limitée.  Selon les économistes, la nécessité impérative de réduire les dettes publiques et le rejet des mesures d'assouplissement monétaire par les pays émergents, qui les accusent de nourrir l'inflation et les bulles, forment une équation difficile à résoudre.  "Alors que les perspectives d'activité se sont nettement assombries pendant l'été, Portugal, Grèce, Espagne et maintenant Italie (bientôt la France ?) en sont réduits à multiplier les mesures de consolidation fiscale afin de respecter leurs engagements budgétaires. Un cercle vicieux s'est ainsi enclenché, où toute nouvelle révision à la baisse des prévisions de croissance appelle à une nouvelle cure d'austérité qui déprime à nouveau l'activité", estime Sylvain Broyer, économiste chez Natixis.

Taxe controversée sur les transactions financières

La question sur comment concilier rigueur et relance sera en tout cas débattue ce vendredi. Signe que les positions pourraient évoluer en Europe, qui jusqu'à présent s'est engouffrée dans l'austérité, le ministre des Finances François Baroin, dans une interview au Figaro, a estimé que chaque pays doit "rechercher ce qui est le plus adapté à sa situation".

Autre sujet qui devrait faire l'objet de discussions : la taxe sur les transactions financières. Sous l'impulsion du président français, François Baroin et son homologue allemand Wolfgang Schäuble ont sollicité vendredi la Commission européenne pour mettre cette question à l'ordre du jour du Conseil dans les prochains mois. Mais là encore, le consensus est difficile à trouver. Le Royaume-Uni a d'ores et déjà annoncé vendredi qu'il est "sceptique" au sujet d'une taxe au sujet de la seule UE.