FESF et recapitalisation des banques au menu de la rencontre Sarkozy-Merkel de ce dimanche à Berlin

Par Frank Paul Weber  |   |  536  mots
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Angela Merkel plaide ouvertement pour la recapitalisation des banques européennes alors que Paris reste prudent sur le sujet. Le renforcement du FESF prôné par les Français irrite les Allemands.

Dimanche après-midi, la chancelière allemande et le président français discuteront des moyens d'éviter « l'inacceptable » pour leur pays dans l'actuelle crise de la zone euro. Nicolas Sarkozy aura à coeur de calmer les ardeurs de son ancienne ministre des Finances, Christine Lagarde qui, désormais à la tête du Fonds monétaire international (FMI), plaide pour une recapitalisation des banques européennes, en particulier celle, exposées à une possible faillite de l'État grec. Mais Angela Merkel a bien insisté jeudi soir en expliquant qu'une telle recapitalisation bancaire serait « de l'argent raisonnablement investi et qu'il ne faut pas hésiter ». À Berlin, tout le monde n'est pas sur sa ligne et l'on indique « en off » ne pas pousser à une telle injection de fonds publics dans les établissements bancaires. En présence de Christine Lagarde, Angela Merkel a justement pris soin de souligner que « les recommandations des experts », c'est-à-dire en l'occurrence du FMI, « étaient à prendre très au sérieux ». Apparemment cette divergence entre Paris et Berlin sur la nécessité de réinjecter des fonds publics dans leurs banques naît du sentiment outre-Rhin que les banques allemandes n'auraient pas besoin d'une nouvelle aide. D'après le quotidien « Die Welt », Berlin estime toutefois que l'on ne peut attendre l'issue des élections présidentielles françaises au printemps prochain pour procéder à une telle opération. « Ce que font les Français à propos de la recapitalisation de leurs banques, ce n'est pas notre problème », entend-on du coup dans la capitale allemande, de sources proches du gouvernement, un rien irritées.

Point délicat

Le FESF sera l'autre point délicat au menu des discussions entre le président français et la chancelière ce dimanche. L'exécutif français est « très fortement favorable à un effet de levier dans le Fonds européen de stabilité financière (FESF) », indique un ministre. L'idée est que ce fonds d'aide à un pays de la zone euro en difficulté, même renforcé à la suite du sommet européen du 21 juillet dernier, ne saurait suffire face à la chute d'un gros État membre comme l'Italie. Le FESF devrait pouvoir se financer au-delà du niveau de risque fixé, espère-t-on. En langage ministériel cela se traduit par « utiliser les instruments existants [le FESF, Ndlr] de façon optimale ». Mais à Berlin, on considère qu'une garantie ainsi presque illimitée donnée à des États dispendieux n'est pas la bonne solution pour stabiliser l'euro. « Le plafond de garanties de 211 milliards d'euros » est intouchable, estime-t-on à Berlin, rappelant que pour faire plus « il faudrait une nouvelle décision ad hoc du Parlement allemand ». Ce qui, au vu de la récente grande difficulté de la chancelière à ressouder sa majorité pour acquiescer au nouveau FESF, paraît tout à fait improbable.

« La France perdrait sa note triple A auprès des agences de notation si cet effet de levier était décidé », avertit Berlin, histoire de calmer les ardeurs françaises en la matière. La clé de ce dossier réside dans le rôle que la Banque centrale européenne (BCE) devrait ou non jouer vis-à-vis du FESF. De quoi animer l'après-midi berlinois du président français.