Barnier d'accord pour les "eurobonds", avec la Commission

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  545  mots
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Les euro-obligations sont une bonne idée a priori mais nécessitent comme préalable une meilleure gouvernance de la zone euro et un budget européen plus important, a déclaré dimanche Michel Barnier, commissaire européen au Marché intérieur.

La Commission européenne proposera mercredi prochain que lui soient confiés des pouvoirs d'intervention sur les budgets nationaux comme contrepartie à des émissions communes de dette pour les pays de la zone euro. "Nous travaillons sur cette idée (des euro-obligations)", confirme Michel Barnier dans une interview accordée à TV5-Monde.

"Le préalable pour faire des obligations mutualisées, pour faire des dettes en commun, ce qui me paraît être une idée juste, c'est d'avoir une coordination, une surveillance, une gouvernance communes, et d'avoir un budget européen plus important", ajoute-t-il.

Des assurances concernant la gouvernance de la zone euro et la solidité du budget européen pourraient amener l'Allemagne à lever son opposition à la mutualisation de la dette européenne par l'introduction d'euro-obligations, ajoute-t-il. "L'Allemagne bougera dès l'instant où elle aura confiance dans cette capacité de gérer notre économie en commun", prédit Michel Barnier.

Selon le Financial Times (FT) de ce lundi, qui cite justement une étude de la Commission, les euro-obligations en lieu et place des emprunts nationaux des différents pays de la zone euro pourraient être la meilleure solution en vue de stabiliser le marché de la dette souveraine. La création d'"obligations de stabilité" permettrait à tous les pays de la zone euro de combler leurs besoins de financement et donnerait naissance à un vaste marché capable de concurrencer celui des "Treasuries" américain, suivant cette étude qui doit être publiée mercredi.

Cette démarche "assurerait le refinancement intégral de tous les Etats membres, quelle que soit la situation de leurs finances publiques nationales", écrit le FT, citant l'étude. Toutefois, l'introduction de telles obligations nécessiterait d'amender les traités de l'Union européenne, repoussant la procédure de plusieurs années, ajoute le quotidien financier.

Débat sur les agences de notation

Le commissaire européen reconnaît par ailleurs que les propositions qu'il vient de formuler pour modifier le fonctionnement des agences de notation n'ont pas fait l'unanimité. "Il faudra certainement un peu plus de temps pour convaincre avec cette proposition", admet-il. "Nous avons besoin des agences de notation. Je ne veux pas leur faire la guerre, à condition qu'elles soient transparentes, ne rajoutent pas de l'instabilité à l'instabilité."

Un autre sujet qui divise Français et Allemands dans la gestion de la crise des dettes souveraines qui ébranle la zone euro concerne le rôle que doit jouer la Banque centrale européenne (BCE).

L'ancien Premier ministre français, Edouard Balladur, apporte sa contribution à ce débat en se prononçant dans une interview que publie lundi Le Figaro pour une intervention massive de la BCE pour acheter de la dette sous forme d'obligations afin de calmer les marchés.

"Soyons réalistes : nous avons besoin d'une force de dissuasion considérable pour mettre en échec la spéculation sur les dettes souveraines des Etats", dit-il. "Le problème étant de dissuader la spéculation, il est urgent que la BCE accepte de faire ce que font toutes les banques centrales du monde, c'est-à-dire acheter des titres de la dette souveraine pour garantir la solvabilité des États", ajoute Edouard Balladur. "Si la BCE mettait en oeuvre cette dissuasion massive, la spéculation reculerait et nous cesserions d'aller de crise en crise."