Israël doit faire face à un afflux d'immigrés venant d'Afrique

Par Pascal Lacorie, à Jérusalem  |   |  542  mots
Des centaines de personnes habitant le quartier déshérité de Hatikva au sud de Tel Aviv manifestaient mercredi contre l'installation d'immigrés africains /Copyright AFP
Venus en majorité du Soudan et de l'Érythrée notamment via la frontière égyptienne, ils sont prés de 10.000 à être entrés illégalement en Israël, en quête d'Eldorado. L'État hébreu a de plus en plus de difficultés à maîtriser cette présence qui représente désormais 1% de la population israélienne.

Les dirigeants israéliens ont découvert une nouvelle « menace stratégique » : les immigrants illégaux africains qui s'infiltrent en masse à partir de la frontière égyptienne. L'afflux est tel que le gouvernement paraît totalement débordé. L'an dernier, leur nombre a bondi de 150% et dépasse désormais les 60.000, soit près de 1% de la population israélienne. Venus après un long et périlleux périple à pied, souvent rançonnés par des passeurs, la plupart d'entre eux viennent du Soudan et de l'Erythrée à la recherche d'un emploi dans un pays aux allures d'Eldorado. Mais une fois arrivés, ils ne sont loin d'être au bout de leur peine.

Interdiction de travailler

La quasi totalité d'entre eux se voient refusé un statut de réfugiés politiques et n'obtiennent qu'un visa de demandeurs d'asile qui leur interdit de travailler et les privent du moindre droit social ce qui les condamnent au dés?uvrement. Certains parviennent malgré tout à se faire embaucher au noir dans des restaurants, des hôtels ou des chantiers pour des salaires de misère. Faute de mieux, ils se concentrent dans les quartiers les plus déshérités de Tel Aviv ou dans la station balnéaire d'Eilat sur le Mer Rouge provoquant des réactions xénophobes d'une partie de la population.

Des médias entretiennent cette peur en montant en épingle des cas de viols, de trafic de drogues, de vols. Certains ministres et députés désireux de surfer sur cette vague préconisent l'expulsion de ces illégaux vers leur pays d'origine même pour ceux qu'un tel retour condamnerait à mort pour des raisons politiques ou religieuses. Benjamin Netanyahu, le Premier ministre, tente, pour sa part, de parer au plus pressé.

Durcir la répression contre les chefs d'entreprises employeurs d'illégaux

Selon lui, le risque est de voir le nombre d'illégaux être multiplié par dix « d'ici peu ce qui constituerait un danger aussi bien pour notre sécurité nationale que pour notre identité ». Le gouvernement a ainsi décidé d'accélérer la construction d'une clôture électronique de 240 km le long de la frontière avec l'Egypte. L'ouvrage devrait achevé à la fin de l'année. Un nouveau centre de rétention pouvant contenir 10.000 détenus va être ouvert dans les prochains mois. Les autorités prévoient également de durcir la répression contre les chefs d'entreprises, qui emploient des travailleurs illégaux. Mais cette tactique du « tout répression » ne fait pas l'unanimité. Certains doutent de son efficacité.

Accorder des permis de travail temporaire

Un exemple : le chef de la police Yohanan Danino, estime qu'accorder des permis de travail temporaire constituerait le meilleur moyen de désamorcer cette bombe à retardement et de réduire une criminalité, qui n'est pas d'ailleurs pas supérieure à celle constatée au sein de la population israélienne. Le quotidien économique Globes n'a pas non plus manqué de souligner que la clôture n'est pas une solution dans la mesure où la majorité des étrangers en situation irrégulière ne s'infiltrent pas via l'Egypte. Ils arrivent par l'aéroport Ben Gourion comme de simples touristes ou restent en Israël à l'expiration de leur permis de travail.