L'Iran attaqué par "Flame", un nouveau virus informatique

Par Pascal Lacorie, à Jérusalem  |   |  573  mots
Le programme du virus "Flame" identifié par le laboratoire russe Kaspersky Lab /Copyright AFP
Israël ne dément ni ne confirme la présence d'un virus informatique espion dans les programmes informatiques du nucléaire de l'Iran, qui participe de la cyber-guerre que se mène les deux pays.

Un nouvel épisode de la cyberguerre secrète menée par Israël contre l'Iran a peut-être été révélé au grand jour. Selon Kaspersky, une compagnie multinationale russe spécialisée dans la sécurité informatique, un nouveau virus espion particulièrement « sophistiqué » surnommé « Flame » (Flamme) a été découvert après avoir fourni une masse de renseignements notamment sur l'Iran.

Aussitôt les soupçons se sont tournés vers Israël, qui n'a ni confirmé ni démenti officiellement. Mais cette fois-ci, l'Etat hébreu a entretenu une véritable l'ambiguité . « On peut supposer que tous ceux qui considèrent que la menace iranienne est bien réelle recourent à tous les moyens dont ils disposent, y compris celui lui là (des cyber-attaques), pour s'en prendre aux programme nucléaire iranien », a confié à la radio de l'armée, Moshé Ayalon, le vice-Premier ministre chargé des affaires stratégiques et ancien chef d'état major.

Une allusion claire

Ces propos, selon les commentateurs israéliens, constituent l'allusion la plus claire faite jusqu'à présent sur l'implication éventuelle de l'Etat hébreu dans ce genre de pratique. Selon la plupart des experts, seuls des Etats, dont Israël qui se trouve dans le peloton de tête mondial en matière de haute-technologie disposent des moyens financiers et du savoir-faire technologique pour mettre au point une telle arme.

L'armée israélienne ainsi que le Mossad, les services de renseignements disposent de plusieurs unités composées de petits génies de l'informatique. Leurs missions est de contrer des cyberattaques de pays hostiles contre les systèmes de communications militaires ou des installations civiles « stratégiques » tels que les compagnies d'électricité ou des eaux, mais aussi de lancer des offensives ou des opérations d'espionnage ou de sabotage visant des Etats ou des organisations « ennemis».

Des retards de plusieurs années pour le programme nucléaire iranien

Selon des experts étrangers, les différentes attaques informatique menées par l'Etat hébreu aurait d'ores et déjà provoqué des retards de plusieurs années dans le programme nucléaire iranien.
Seule certitude en tout cas: ce nouveau virus n'est pas le premier à viser Téhéran. En, 2010, un de ses « cousins » surnommé Stuxnet avaient déjà paralysé les systèmes informatiques de contrôle de milliers de centrifugeuses utilisées par les Iraniens pour l'enrichissement de l'uranium indispensable pour la production de l'arme atomique.

Un aspirateur de données

« Mais cette fois-ci, Flame n'a pas pour raison d'être de détruire une cible précise, comme le faisait Stuxnet, mais de s'introduire dans les réseaux informatiques pour recueillir à la fois des données, des images filmées par des caméras vidéo, ou la teneur de conversations. En fait, on pourrait l'assimiler à un gigantesque aspirateur de données qui avale tout, », estime Yossi Melman, un spécialiste des questions de renseignements du quotidien Haarezt .

Autre différence : Flame est « beaucoup plus difficilement détectable car il ne fonctionne pas en permanence, mais uniquement sur ordre d'un ou de plusieurs ordinateurs extérieurs », ajoute Ilan Promovich, représentant en Israël de Kaspersky. Pour lui, « Flame », repéré par sa firme lors d'un contrôle de sécurité effectué par sa firme pour le compte de l'Union Internationale des Télécommunications des Nations unies, constitue une «nouvelle escalade dans la cyberguerre » qui fait rage dans le monde.