La corruption, le fléau de la Chine... selon les Chinois

Par Robert Jules  |   |  530  mots
Les Chinois sont désormais 48% contre 41% en 2008 à se plaindre des inégalités croissantes dans leur pays où « les riches deviennent de plus en plus riches, les pauvres de plus en plus pauvres ». /Copyright Reuters
En quatre ans, les Chinois sont passés de l'enthousiasme à un certain désenchantement, avec le ralentissement généralisé de l'économie. Ils sont en particulier préoccupés par le niveau atteint par la corruption et les inégalités sociales croissantes. Pour autant, même critiques, ils plébiscitent le système du marché libre et les plus jeunes sont admiratifs des Etats-Unis.

A quelques semaines d'un congrès - prévu  le 8 novembre - qui devrait voir arriver une nouvelle génération de responsables à la tête de la deuxième économie mondiale, les Chinois commencent à se montrer plus sceptiques quand aux bienfaits de la révolution industrielle et urbaine engendrés par leur croissance économique. Du moins certains d'entre eux.

C'est ce que montre l'enquête réalisée par le think tank américain Pew Research Center auprès de 3.177 personnes entre le 18 mars et le 15 avril. La précédente avait été menée en 2008.

« Les riches deviennent de plus en plus riches, les pauvres de plus en plus pauvres »

En 2012, ils sont désormais 50% (contre 39% en 2008) à voir dans la corruption des diverses autorités officielles un « très grave problème », et 87% y voient "simplement" un problème. Cette corruption participe également de l'accroissement des inégalités dans une société chinoise pour qui l'égalité était une pierre angulaire. Ils sont désormais 48% contre 41% à s'en plaindre, car ils constatent que derrière le miracle économique « les riches deviennent de plus en plus riches, les pauvres de plus en plus pauvres ».

Corrélativement, l'augmentation des prix à la consommation est une préoccupation largement répandue en raison de la proportion d'habitants dont les revenus restent faibles, 6 Chinois sur 10 la redoutent. L'inflation demeure d'ailleurs un indicateur étroitement surveillé par les autorités de Pékin, avec un certain succès puisqu'elle est contenue officiellement sous les 2% en rythme annuel, selon le dernier pointage au mois de septembre. Elle devrait dépasser légèrement les 3% sur l'ensemble de l'année.

Socialement, nombre de Chinois regrettent la disparition rapide de la société qui existait il y a encore 20 ans. S'ils restent majoritaires, ils ne sont que 59% à aimer la vie actuelle contre 71% en 2008. Même si en quelque vingt ans des millions de Chinois sont sortis d'une situation de pauvreté, aujourd'hui, les inégalités sociales laissent nombre de laissés pour compte de la croissance.

Sécurité alimentaire

Autre enseignement de l'enquête, les Chinois commencent aussi à avoir des revendications similaires à celles des classes moyennes dans les pays occidentaux, en particulier en matière de bien-être et de consommation. Les différents scandales alimentaires qui ont alimenté la chronique et la colère des citoyens, par exemple celui du lait frelaté, ont fait grossir le nombre de personnes concernées par ces problèmes, 42% contre 12% en 2008. De même, l'émergence d'une classe moyenne, jeune, urbaine se traduit par la prise de conscience des effets négatifs de certaines nuisances comme la pollution de l'air et de l'eau.

Ils sont d'ailleurs 52% à dire qu'ils apprécient le système démocratique américain, dont certains - jeunes, riches, urbains, éduqués - admirent en particulier le dynamisme des Etats-Unis en matière technologique et scientifique. Une majorité face au système du parti unique omnipotent qui dirige le pays.

Enfin, ils sont 74% à approuver le système capitaliste. Une donnée que les nouveaux maîtres communistes qui seront désignés le 8 novembre devront intégrer dans leur politique qui devra répondre aux attentes des Chinois.