Espionnage électronique : oui, "les Etats-Unis recueillent certaines informations à l'étranger"

Par latribune.fr  |   |  447  mots
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Selon le Guardian, les ambassades de France, d'Italie et de Grèce font partie des 38 cibles de la National Security Agency (NSA). Alors que Bruxelles attend des explications de Washington, le gouvernement américain a fait savoir qu'il répondrait par le canal diplomatique, sans faire de commentaires publics sur ces allégations, le tout en estimant agir "comme tous les pays".

"Nous n'allons pas faire publiquement de commentaires sur ces allégations concernant des activités de renseignement". Voici ce qu'a annoncé dimanche un porte-parole de la direction du renseignement américain. Avant de poursuivre: "les Etats-Unis recueillent certaines informations à l'étranger comme le font tous les pays". 

38 ambassades et missions diplomatiques

Une annonce qui intervient alors que les Etats-Unis sont soupçonnés d'avoir orchestré un vaste système d'espionnage électronique visant notamment des institutions de l'Union européenne, comme l'a rapporté l'hebdomadaire allemand Der Spiegel. Au total, selon le Guardian, 38 ambassades et missions diplomatiques sont décrites comme des "cibles" par ce document qui "détaille une gamme extraordinaire de méthodes d'espionnage utilisées contre chacune de ces cibles, allant de micros dissimulés dans des équipements électroniques de communication à des branchements sur des câbles ou à la collecte de transmissions au moyen d'antennes spéciales".

La France, l'Italie et la Grèce

"En plus des adversaires idéologiques traditionnels et des pays sensibles du Moyen-Orient, la liste de cibles inclut les missions de l'UE et les ambassades de France, d'Italie et de Grèce, ainsi qu'un certain nombre d'alliés de l'Amérique, dont le Japon, le Mexique, la Corée du Sud, l'Inde et la Turquie", ajoute le Guardian. D'après l'hebdomadaire allemand, qui a poursuivi dimanche dans sa publication de révélations, les Etats-Unis interceptent également quelque 500 millions de communications, par téléphone ou internet, chaque mois en Allemagne et près de 50 millions en France.

"Cela rappelle les initiatives prises entre ennemis durant la Guerre froide"

Ces nouvelles révélations ont suscité l'indignation au sein de l'UE, où, de Bruxelles à Paris en passant par Berlin, fusent critiques et demandes d'explications à Washington. "Si les révélations des médias sont justes, cela rappelle les initiatives prises entre ennemis durant la Guerre froide. Cela dépasse l'imagination que nos amis aux Etats-Unis considèrent les Européens comme des ennemis", a réagi la ministre de la Justice, Sabine Leutheusser-Schnarrenberger.

En attendant, la commissaire européenne à la Justice et aux droits fondamentaux, Viviane Reding, s'est prononcée dimanche en faveur d'un gel des négociations commerciales avec les Etats-Unis, qui devaient officiellement être lancées à Washington dans les prochains jours. "Les partenaires ne s'espionnent pas entre eux", a-t-elle dit lors d'une conférence au Luxembourg. "Nous ne pouvons pas négocier au sujet d'un grand marché transatlantique s'il y a le moindre doute sur le fait que nos partenaires espionnent les bureaux de nos négociateurs", a-t-elle ajouté, citée par sa porte-parole.
 
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