Affaire Morales-Snowden : des pays du Mercosur demandent à la France de s'excuser publiquement

Par latribune.fr  |   |  713  mots
L'escale forcée du président bolivien d'Evo Morales continue de provoquer la colère en Amérique du sud Copyright Reuters
Un bloc de pays du Mercosur, constitué de l'Argentine, du Brésil, de l'Uruguay et du Venezuela, a décidé d'"exiger des excuses publiques des pays d'Europe qui ont agressé" le président de la Bolivie Evo Morales, interdit la semaine dernière d'espace aérien par la France, l'Italie, l'Espagne et le Portugal. Tous les présidents des pays du Mercosur ont également demandé vendredi le respect du droit d'asile et la sécurité face à l'espionnage informatique, et ont apporté leur soutien à leur homologue bolivien.

Les présidents des pays du Mercosur ont demandé vendredi le respect du droit d'asile et la sécurité face à l'espionnage informatique, soutenant également leur homologue bolivien, interdit d'espace aérien en Europe la semaine dernière. "Un communiqué a été ratifié pour garantir l'asile comme droit fondamental", a indiqué en séance plénière à Montevideo le président du Venezuela, Nicolas Maduro, au cours du sommet semestriel des chefs d'Etats du Mercosur, dominé par le cas d'Edward Snowden, l'ex-consultant du renseignement américain recherché pour espionnage par les Etats-Unis. Nicolas Maduro a également demandé que soit garantie la sécurité informatique, critiquant l'espionnage mené par des agences de renseignement américaines, récemment révélé par Edward Snowden, à qui le Venezuela et la Bolivie ont proposé l'asile politique.

Le bloc constitué de l'Argentine, du Brésil, de l'Uruguay et du Venezuela - le Paraguay est actuellement suspendu et la Bolivie en cours d'adhésion - a aussi décidé d'"exiger des excuses publiques des pays d'Europe qui ont agressé" le président Morales, a ajouté Nicolas Maduro. La semaine dernière, la France, l'Italie, l'Espagne et le Portugal ont refusé leur espace aérien à l'avion d'Evo Morales, de retour de Moscou, soupçonnant qu'il transportait à son bord Edward Snowden, qui a finalement demandé vendredi l'asile à la Russie. "Je soumettrai ma demande dans la journée et j'espère qu'elle sera acceptée favorablement", a indiqué l'informaticien américain aux organisations de défense des droits de l'homme lors d'une rencontre à Moscou, selon le site internet WikiLeaks qui l'aide dans ses démarches. Edward Snowden est à l'origine de révélations sur l'étendue du programme de surveillance exercé par les Etats-Unis à travers le monde. Le gouvernement russe a indiqué samedi ne pas être en contact avec l'ancien analyste de la NSA et ne pas avoir reçu de demande d'asile politique.

Le Brésil critique les Etats-Unis

La présidente brésilienne, Dilma Rousseff, a elle critiqué l'espionnage américain, dont son pays a été victime selon des articles de presse basés sur des documents fournis par Edward Snowden, et estimé que ces événements sont "l'occasion pour le Mercosur de marquer une limite". "Nous devons adopter des mesures pertinentes pour éviter que ne se répètent des situation comme celles-ci", a déclaré la présidente du Brésil, dont le pays a refusé la semaine dernière d'étudier la demande d'asile formulée par le jeune informaticien.

Edward Snowden "veut aller en Amérique latine - il l'a dit très clairement. Mais la seule manière pour lui de garantir sa sécurité en Russie est de déposer une demande formelle d'asile", a expliqué Tania Lokchina, membre de Human Rights Watch, l'une des organisations invitées à la réunion. Les autorités russes ont montré des signes croissants d'impatience face au séjour prolongé d'Edward Snowden, mais il est difficile pour l'informaticien, pour des raisons de procédure, de rejoindre l'un des pays - Bolivie, Nicaragua, Venezuela - qui lui ont proposé l'asile politique.

Retour du Paraguay dans le Mercosur ?

Dernier sujet épineux de ce somment semestriel, le retour dans l'organisation du Paraguay, suspendu il y a un an, suite à la destitution par le Congrès paraguayen du président de l'époque, Fernando Lugo. Ce retour était programmé pour le 15 août, après l'investiture du nouveau président du Paraguay, élu en avril, Horacio Cartes, mais l'annonce que la présidence pro tempore du bloc reviendrait au Venezuela à l'issue de ce sommet, ce à quoi s'oppose farouchement le Paraguay, laisse planer une incertitude sur cette réintégration. Le Paraguay estime que l'adhésion officielle du Venezuela au Marché commun sud-américain est irrégulière car formalisée durant sa suspension. Les parlementaires paraguayens refusent depuis des années de ratifier l'entrée du Venezuela dans le bloc. Nicolas Maduro a assuré vendredi que la première tâche du Mercosur était la réincorporation du Paraguay comme "membre actif" dès l'investiture de Horacio Cartes.

Par ailleurs, des accords d'associations stratégiques ont été signés lors de ce sommet avec le Guyana et le Surinam, le Mercosur disposant désormais d'accord commerciaux avec tous les pays sud-américains.