+64,1% : progression record du déficit commercial au Japon

Par latribune.fr  |   |  524  mots
La dépréciation subie par le yen depuis l'année dernière face au dollar et à l'euro, est du à l'assouplissement monétaire décidé par la banque centrale du Japon (BOJ) dans le cadre de la politique économique de Shinzo Abe.
Le déficit commercial japonais a atteint en septembre 932 milliards de yens (soit l'équivalent de 7 milliards d'euros), à cause d'une forte dépréciation du yen qui renchérit les importations.

+64,1%: le déficit commercial japonais connaît une hausse sans précédent sur un an. Ce phénomène s'explique par  une forte augmentation des importations, elle-même provoquée par la forte dépréciation du yen, due à la politique économique accommodante menée par le Premier ministre Shinzo Abe, revenu au pouvoir en décembre 2012.

Le déficit commercial du Japon a atteint en septembre une durée inédite de quinze mois consécutifs, selon le ministère des Finances nippon. Il s'établissait alors à 932 milliards de yens soit environ 7 milliards d'euros. En France, le déficit commercial était de 5,1 milliards d'euros en juillet dernier.

Le yen déprécié de 25% depuis l'an dernier

Dans le détail: au Japon, bien que le volume des importations se soit réduit de 2,2%, sa valeur a grimpé de 16,5%. Il faut dire que le yen a été déprécié de 25% depuis 2012 face au dollar et à l'euro.

Les achats en valeur de téléphones portables et autres équipements de télécommunications depuis l'étranger se sont envolés de 63,5%, ceux de semi-conducteurs de 59%. Ces produits sont importés par le Japon depuis les pays asiatiques et notamment la Chine où les groupes nippons les produisent eux-mêmes ou les confient à des tiers, ce qui a entraîné une aggravation du déficit subi par l'archipel vis-à-vis de l'Empire du milieu - son premier fournisseur.

Bien que peu changées d'une année sur l'autre, les importations de pétrole, gaz et charbon sont restées en outre très onéreuses, deux ans et demi après la catastrophe de Fukushima qui a entraîné l'arrêt temporaire de tous les réacteurs nucléaires de l'archipel. Et il est peu probable que des réacteurs nucléaires soient relancés cette année.

Un déficit structurel qui n'est pas prêt de se réduire

Ainsi,  "le Japon restera très dépendant des importations d'énergie, et (...) la hausse des revenus tirés des exportations grâce à l'affaiblissement du yen ne suffira pas à inverser le déficit commercial", estime un analyste cité par Dow Jones Newswires.

Le moindre renchérissement du yen élève en effet les revenus tirés à l'étranger de la vente des produits japonais, une fois les recettes converties en monnaie nippone. En septembre, ce phénomène a contribué à une augmentation de 11,5% des exportations en valeur, bien qu'elles se soient effritées de 1,9% en volume.

L'économiste à l'Institut de recherche Daiwa Masahiko Hashimoto, a jugé auprès de l'AFP que le Japon risquait de rester en déficit commercial encore un moment pour "des raisons structurelles" (facture énergétique et yen faible), alors que ce pays était autrefois habitué à de larges excédents soutenus par la puissance de ses industries automobile et électronique, entre autres. Si la progression du déficit commercial sur un an semble déjà exceptionnelle, rappelons qu'au mois de septembre 2012, le Japon enregistrait déjà son pire déficit commercial depuis 1979 jusqu'alors: l'équivalent de 5,5 milliards d'euros.

>> Le Japon enregistre le pire déficit commercial depuis 1979