Fed, BCE, Allemagne, France, émergents, États-Unis : l'OCDE n'épargne personne

Par latribune.fr  |   |  672  mots
Selon l'OCDE, la BCE doit se tenir prête à employer des mesures non conventionelles pour lutter contre la déflation. (Photo : Reuters)
Affaiblissement des émergents, encouragement au maintien des politiques monétaires accommodantes, réduction de son excédent courant par l'Allemagne, appel aux réformes structurelles en France et au Japon, et à la paix budgétaire entre républicains et démocrates aux États-Unis : l'OCDE a eu un mot pour tout le monde dans ses prévisions d'automne. Revue de détail.

Le ralentissement des grandes économies avancées commence à avoir des effets négatifs sur les émergents, ce qui va peser sur la croissance mondiale. C'est en somme ce que nous apprend le dernier rapport de l'OCDE faisant état de ses prévisions d'automne à la baisse. Elle table désormais sur une croissance mondiale de 2,7% cette année et de 3,6% l'an prochain, et donne une première prévision pour 2015, à 3,9%, selon son rapport annuel de conjoncture.

  • Les économies occidentales n'ont plus assez de carburants pour nourrir les émergents

Chine mise à part, les grands pays émergents ne sont plus en mesure d'être les locomotives de l'économie mondiale, plombés qu'ils sont par des sorties de capitaux depuis que la Réserve fédérale américaine a évoqué la possibilité de fermer progressivement le robinet de la création monétaire.

  • Les banques centrales priées de maintenir leurs politiques monétaires accommodantes

C'est d'ailleurs la raison pour laquelle l'organisation appelle la Fed à ne pas relâcher sa politique monétaire. Elle a de plus demandé à la BCE de faire des efforts supplémentaires de type "non conventionnels" au cas où le risque de déflation qui pèse sur elle venait à se réaliser pour de bon, alors qu'elle vient de baisser son principal taux directeur à un plus bas historique de 0,25%. Pour l'OCDE, ce taux ne doit pas être relevé avant 2015.

Quant à la Banque centrale du Japon (BoJ), elle est sommée de poursuivre sa politique monétaire agressive, mais pas seulement. L'OCDE fait en effet pression sur Tokyo pour mettre les réformes 

  • Les États-Unis doivent mettre fin au plafond de la dette afin de redevenir crédibles

L'organisation sise à Paris s'est par ailleurs penchée sur les problèmes budgétaires des États-Unis, la principale faiblesse de la première économie du monde, dont la croissance repart. Pour elle, la solution est claire : il faut abandonner le plafond de la dette et mettre fin à la "stratégie de la corde raide" employée par le Congrès américain.

A la place, Washington devrait être en mesure de mettre en place "un programme crédible, à long terme, de redressement des finances publiques".

  • L'excédent courant allemand à nouveau épinglé

L'Allemagne, dont la santé économique fait des envieux en Europe notamment, a été épinglée en particulier par les Etats-Unis pour ses excédents courants, accusés de handicaper les autres pays exportateurs. La semaine dernière la Commission européenne a même déclenché un "examen approfondi" des déséquilibres macroéconomiques allemands, une procédure inédite. L'OCDE y est elle aussi allée de son grain de sel.

"Un ajustement plus durable et plus symétrique est nécessaire à travers des réformes des marchés de biens et du travail, y compris une libéralisation des services en Allemagne qui renforcerait et rééquilibrerait la demande", écrit l'OCDE dans son rapport.

Selon elle, dans la première économie européenne, "des réformes structurelles destinées à déréguler les services, à faire tomber les barrières au travail à temps complet des femmes, et à améliorer l'accès à l'éducation supérieure renforceraient la croissance et contribueraient à un rééquilibrage global".

  • Réformes structurelles et "incitations à travailler" pour la France

 Enfin, la France a elle aussi eu droit à ses recommandations. Au menu : réformes structurelles en vue de renforcer la compétitivité et développement des "incitations à travailler". Pour elle, l'engagement du pays à réduire ses dépenses publiques est "bienvenu".

La semaine dernière, l'OCDE avait été bien plus féroce à l'égard de la deuxième économie de la zone euro. Partant du constat de la perte de compétitivité de la France, l'OCDE avait alors estimé qu'elle était "le symptôme de faiblesses économiques sous-jacentes". Ce recul "ne renvoie pas seulement à la question de la capacité d'exportation de la France mais d'une manière plus générale à sa capacité productive et à son potentiel de croissance", affirmait alors le club des pays riches.