La Chine, première puissance commerciale au monde

Par Romain Renier  |   |  632  mots
La Chine est en passe de devenir la première puissance commerciale au monde en dépassant les 4.000 milliards de dollars de biens échangés. Si elle surmonte ses défis, elle a toutes les chances de se maintenir en 2014. (Photo : Reuters)
Avec des échanges s'élevant à 4.160 milliards de dollars en 2013, la Chine établit un nouveau record et revendique la place de première puissance commerciale au monde devant les États-Unis. Il y aura toutefois quelques obstacles à franchir en 2014.

La Chine a revendiqué la place de première puissance commerciale au monde pour la première fois vendredi, après l'annonce d'un volume d'échanges qui a dépassé les 4.000 milliards de dollars, à 4.160 milliards de dollars en 2013. Un record.

Les exportations chinoises ont en effet grimpé en 2013 de 7,9%, à 2.210 milliards de dollars, et les importations de 7,3%, à 1.950 milliards, selon des chiffres publiés vendredi par les douanes. Faisant gonfler l'excédent commercial de 12,8% en 2013, à 260 milliards de dollars après un bond de presque 50% l'année précédente.

La Chine détrône les États-Unis

Au total, le commerce extérieur chinois a progressé de 7,6%, manquant l'objectif de 8% fixé par Pékin un an plus tôt. Mais avec ce niveau record, "il est presque confirmé que la Chine a détrôné les Etats-Unis pour la première fois l'an dernier, au premier rang mondial en termes d'échanges commerciaux de biens", s'est félicité le porte-parole des douanes, Zheng Yuesheng.

Une affirmation qui peut paraitre étrange alors que de nombreux commentateurs avaient annoncé la première position de la Chine un an auparavant. Les douanes ont expliqué qu'elles avaient changé leur mode de calcul depuis et qu'elles considèrent que la bascule ne s'est faite que cette année.

Pékin a notamment amélioré sa lutte contre les faux contrats d'exportations, qui permettaient aux exportateurs de faire rentrer des devises étrangères dans le pays, malgré les restrictions. Ce qui a eu en général tendance à faire baisser le chiffre des exportations.

Quoi qu'il en soit, les déclarations chinoises pour cette année sont très plausibles, malgré l'absence de chiffre définitifs pour les États-Unis, car le total du commerce extérieur américain a atteint 3,57 milliards de dollars sur les onze premiers mois de l'année, rendant très improbable le dépassement par la Chine. Les chiffres définitifs ne seront toutefois connus qu'en février.

Selon Rajiv Biswas, chef économiste Asie Pacifique à IHS Global Insight, "l'écart entre le commerce chinois et le commerce américain devrait atteindre près de 250 milliards de dollars pour 2013", au profit de la Chine. "C'est suffisamment significatif pour qu'aucun ajustement ne puisse remettre en cause la position des deux pays", ajoute-t-il.

Perspectives en demi-teinte

Malgré tout, les chiffres sont mitigés en décembre pour la deuxième économie mondiale. L'excédent commercial du pays s'est en effet effondré le mois dernier par rapport à la même période il y a un an. En cause : les exportations qui n'ont augmenté en décembre que de 4,3% sur un an, à 207,74 milliards de dollars, un net ralentissement par rapport à la hausse de 12,7% sur un an enregistrée en novembre. A noter tout de même que la base de comparaison de décembre 2012 était élevée.

En revanche, les importations ont quant à elle progressé de 8,3%, suggérant une bonne tenue de la demande intérieure, l'un des principaux objectifs de Pékin, qui table sur un rééquilibrage de son modèle de croissance, moins dépendant des exportations.

L'année 2014 s'annonce mieux pour la Chine en raison d'une reprise de la demande, notamment en provenance d'Europe, son premier partenaire commercial, et des États-Unis, selon les autorités chinoises.

Mais un renforcement du yuan par rapport à d'autres grandes devises internationales comme le dollar ou surtout le yen et un affaiblissement des partenaires de l'Asean en raison du retrait progressif de la Fed de son plan d'assouplissement monétaire risquent de compliquer la tâche des exportateurs. De même que la lutte des autorités contre une trop forte expansion du crédit pourrait pénaliser la demande intérieure, et donc les importations.

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