La presse internationale obsédée plus par Julie Gayet que par le "tournant"

Par latribune.fr  |   |  627  mots
"Les journalistes français sont restés poliment silencieux", s'étonne le Telegraph, en évoquant l'affaire Gayet. (Photo : Reuters)
La presse internationale s'est montrée plus préoccupée par le scandale de la relation entre François Hollande avec Julie Gayet que par l'économie lors de la conférence de presse du chef de l'Etat.

La presse internationale a globalement salué le tournant de François Hollande à l'issue de sa conférence de presse très attendue... lorsqu'elle en a parlé. Car c'est surtout l'affaire Julie Gayet qui été au centre de ses préoccupations, même pour les titres les plus sérieux.

Le tournant salué par les conservateurs en Allemagne

En Allemagne, c'est l'économie qui prime. La presse conservatrice est même enthousiaste. Dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung l'éditorial parle d'un "tournant des plus radicaux".

Le quotidien se réjouit que le président français, ayant abandonné le "déni de réalité", "donne raison à la politique allemande d'Angela Merkel » et s'engage « sur la route allemande pour acquérir de nouvelles forces." 

La Süddeutsche Zeitung parle d'un "pacte avec le diable." D'autres journaux allemands attendent pour voir et doutent notamment de la capacité du président français de faire passer sa volonté réformatrice dans l'opinion. Die Welt titre ainsi "Hollande choque les Français avec sa politique de réforme."

Enfin, le Handelsblatt se dit déçu : "encore une fois, les annonces chocs ont été suivies de conditions et de portes de sortie." Quant à la Bild Zeitung, elle se contente de quelques lignes sur les annonces du président, préférant s'attarder sur l'affaire de cœur de François Hollande et sur les photos dénudées de la maîtresse du président que le quotidien populaire a déniché.

Pour les Italiens, le vrai sujet c'est Julie Gayet

En Italie, les quotidiens sont bien plus intéressés par l'affaire de mœurs que par le contenu des réformes avancé par François Hollande et à la non-nomination de Julie Gayet à la Villa Medicis. Même le quotidien sérieux turinois La Stampa consacre l'essentiel de sa couverture à cette affaire. Le Corriere della Sera est néanmoins fort sceptique, considérant que les plans de François Hollande n'a pas su briser les "vrais tabous" comme la semaine des 35 heures.

Les journalistes français sont trop doux pour les britanniques

Quant à la presse d'outre-Manche, réputée pour son French-bashing, elle s'interroge sur la frilosité des journalistes français à poser des questions sur le vrai sujet à François Hollande : quid de Julie Gayet ?

A l'image du Telegraph, friand de scandales, qui s'étonne que François Hollande ait pu parler une demi heure durant d'économie sans évoquer l'affaire.

"Une minute a passé, puis une deuxième. Bientôt cinq minutes s'étaient écoulées, puis dix, vingt, et enfin une demi heure. Il a parlé, parlé, sans permettre la moindre interruption, de ses plans pour l'économie. Tout au long de cette lecture, les journalistes français sont restés poliment silencieux".

Même le très sérieux Financial Times consacre une partie de son éditorial à l'affaire. Les questions économiques y tiennent toutefois une place de choix.

Pour le quotidien financier de la City, "les annonces qu'a fait François Hollande mardi contiennent un certain nombre de pas dans la bonne direction".

Ceci salué, l'éditorialiste attend maintenant que les annonces soient suivies de faits concrets.

Aux États-Unis : Hollande démission !

Aux États-Unis aussi, la presse généraliste n'a de mots que pour l'affaire Gayet. A l'image du Washington Post, autrefois célèbre pour ses révélations dans l'affaire du Watergate, qui s'indigne :

"Mardi, à Paris, aucun des centaines de journalistes qui ont levé la main pour poser une question n'a demandé si Hollande allait, disons, démissionner."

Il faut se pencher sur les colonnes du très sérieux Wall Street Journal, pour en apprendre sur le mouvement "pro-entreprise" de François Hollande. Mais là encore, l'affaire Gayet occupe une bonne part des préoccupations.