Les émergents refusent de continuer à payer pour les décisions de la Fed... Les autorités de plusieurs pays dont la monnaie est violemment secouée depuis la décision de l'institution américaine de réduire son programme d'injection de liquidités dans l'économie en décembre, tentent de contre-attaquer.
Inde, Argentine et Turquie répliquent
Avant la réunion de la Réserve fédérale américaine ce mardi et mercredi, qui risque de déboucher sur une nouvelle réduction du programme de rachats d'actifs, la Banque centrale indienne a ainsi relevé son taux directeur d'un quart de point mardi.
En Turquie, une réunion devait se tenir ce mardi à la Banque centrale turque qui pourrait déboucher sur une hausse des taux. Une semaine plus tôt, le choix de racheter de la livre turque afin d'enrayer sa dévaluation n'a pas été suivie des effets escomptés. Erdem Basci, son gouverneur, a déclaré ce mardi que:
"La banque n'hésitera pas à prendre des mesures durables pour resserrer sa politique monétaire si nécessaire".
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La veille, la présidente argentine, Cristina Kirchner, a dénoncé sur son compte Twitter les "pressions spéculatives" contre les monnaies de pays émergents. Le peso a perdu plus de 19% en trois semaines après que le gouvernement a choisi de laisser filer le cours de la monnaie pour tenter de ramener la confiance.
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Quel effet sur la Fed?
Toute la question est de savoir si ces actions "vont influer sur la réflexion de la Banque centrale américaine", commente Simon Smith, analyste chez FxPro pour l'AFP. Ses membres pourraient en effet décider d'une nouvelle réduction de son programme de "Quantitative Easing" (injections de liquidités) s'ils considèrent que ses effets sur le rétablissement de l'économie américaine sont suffisants.
Comment la Fed influence les monnaies des pays émergents
Pourquoi une telle crainte de la part des émergents? Au moment où la Fed rachetait des actifs pour un montant de 85 milliards de dollars par mois, une partie de l'afflux de liquidité s'était dirigé vers les pays émergents. La simple perspective d'un diminution de ces rachats renforce l'attrait pour le dollar, une valeur considérée comme plus sûre. Au mois d'août déjà, la roupie indienne avait déjà été secouée.
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Depuis la réduction du programme à 75 milliards de dollars par mois, la chute des monnaie émergentes s'est accélérée. Les pays dont les comptes courants sont en déficit sont plus "vulnérables" rappelle Jane Foley, économiste chez Rabobank, interviewée par l'AFP. Le rand, par exemple la monnaie sud-africaine, a elle aussi, souffert de cette situation.