Ukraine : vers une présidentielle anticipée et une réforme de la Constitution

Par latribune.fr  |   |  578  mots
Le président ukrainien a annoncé vendredi la tenue d'une élection présidentielle anticipée. (Reuters/Thomas Peter)
Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a annoncé vendredi une élection présidentielle anticipée, une réforme constitutionnelle et la formation d'un gouvernement d'unité nationale. Des propositions acceptées par l'opposition.

Article publié à 11:55 le 21/02/2014, mis à jour à 15:08 le 21/02/2014 

La médiation internationale a porté ses fruits. Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a consenti vendredi des concessions majeures aux demandes de l'opposition. Après une journée sanglante dans le centre de Kiev jeudi, il a annoncé vendredi une élection présidentielle anticipée, une réforme constitutionnelle et la formation d'un gouvernement d'unité nationale.

"J'annonce le lancement d'une procédure en vue d'une présidentielle anticipée", a déclaré le président dans un communiqué sans en préciser la date. "Je lance aussi le processus du retour à la Constitution de 2004" qui réduit les pouvoir présidentiels au profit du gouvernement et du Parlement ainsi que la formation d'un "gouvernement d'unité nationale". L'opposition a accepté l'ensemble de ces propositions et a signé vendredi après-midi un accord de sortie de crise avec Viktor Ianoukovitch.

Déchaînement de violences

La veille, la violence s'était déchaînée jeudi en Ukraine avec au moins 60 morts à Kiev, selon l'opposition, alors que les efforts de trois ministres européens pour arracher un compromis se sont poursuivis toute la nuit de jeudi à vendredi.

Dans la matinée de vendredi, le ministère ukrainien de l'Intérieur a accusé des manifestants d'avoir ouvert le feu sur des policiers en essayant de percer les cordons en direction du parlement. "Les tirs se poursuivent", écrit le ministère dans un communiqué, en accusant les manifestants d'avoir "violé la trêve".

Négociations "très difficiles"

Quelques heures plus tôt, l'entourage du chef de la diplomatie française Laurent Fabius avait indiqué que les négociations étaient "très difficiles" et qu'il n'y avait "pas d'accord pour l'instant". Fabius a par la suite quitté Kiev pour Pékin en raison d'engagements en Chine, a indiqué le Quai d'Orsay. Il demeure cependant "en permanence en liaison avec ses homologues allemand et polonais" et "pleinement mobilisé par cette négociation".

Les deux diplomates et leur homologue allemand Frank-Walter Steinmeier ont passé une grande partie de la journée en consultations avec le président Ianoukovitch et avec les leaders de l'opposition ukrainienne, au moment même où une nouvelle vague de violence s'abattait sur le pays.

Dégradation économique

À la suite d'une "dégradation substantielle" de la situation en Ukraine, l'agence d'évaluation financière Standard & Poor's a abaissé vendredi à "CCC" la note du pays, où manifestants anti-gouvernement et policiers s'affrontent depuis plusieurs jours.

Cette note correspond à un pays proche du défaut de paiement, et est assortie d'une perspective négative, ce qui signifie que l'agence envisage un nouvel abaissement. L'Ukraine après les violences des derniers jours, qui risquent de remettre en cause l'aide financière russe et la solvabilité du pays.

Matières premières agricoles

Selon la société de conseil indépendante Agritel, experte sur les marchés de l'agri-industrie, les affrontements ont également affecté la commercialisation des matières premières agricoles. Son directeur général, Michel Portier, cité par communiqué, a indiqué :

L'impact des récents événements de la crise ukrainienne sur le marché local des grains est de plus en plus marqué. Notre bureau à Kiev constate les premiers retraits des agriculteurs à la vente depuis le début de la semaine.

Le communiqué précise que les prix FOB du maïs ont augmenté sur les ports de 5 $/t à 8 $/t depuis le début de la semaine et les cours s'affichent désormais à 225 $/t.