Chine : le défaut obligataire qui rassurerait les investisseurs

Par Romain Renier  |   |  406  mots
Un défaut du fabricant de panneaux solaires chinois Chaori Solar Energy Science & Technology serait "une excellente chose" pour certains investisseurs. (Photo : Reuters)
Un fabricant de panneaux solaires chinois pourrait être la première entreprise chinoise continentale à faire défaut sur les intérêts de ses obligations vendredi. Paradoxalement, un tel défaut rassurerait les investisseurs, qui y verraient un assainissement du marché obligatoire.

La solidité du secteur financier chinois pose de plus en plus question. Investisseurs et analystes craignent notamment l'émergence d'un risque obligataire nouveau dans la deuxième économie mondiale. L'inquiétude a été relancée à l'approche d'une échéance importante pour le fabricant de panneaux solaires chinois Chaori Solar Energy Science & Technology, qui a indiqué mardi soir ne pas être en mesure d'honorer le paiement de l'équivalent de 10,7 millions d'euros d'intérêts sur des obligations émises en 2012.

La somme est anecdotique, mais cet éventuel défaut aurait valeur de symbole. Chaori, coté à la Bourse de Shenzen, serait en effet le premier à essuyer un défaut de paiement sur des obligations d'entreprises en Chine continentale, après le report de paiement d'intérêts de l'aciériste Angang en 2012.

"Une excellente chose"

Mais surprise, un tel défaut, sans intervention des autorités chinoises comme on soupçonne que cela arrive parfois, aurait tendance à rassurer les investisseurs. Celui-ci pourrait en effet être le début d'un assainissement du marché obligataire chinois qui, miné par les créances douteuses et considéré comme peu transparent, rappelle à certains l'épisode des obligations pourries aux Etats-Unis dans les années 1980.

"C'est une excellente chose, une économie normale a besoin de ces défauts afin de distinguer les obligations saines des autres produits de crédit", observe ainsi Lu Ting, analyste de Bank of America Merrill Lynch cité par l'AFP. Bref, les investisseurs pourraient mieux peser leur risque pour prendre leurs décisions.

Tant que le risque ne devient pas systémique

Pour lui, qui ne croit pas à une crise de la dette en Chine, "ce type de défaut sur quelques produits de crédit n'a absolument rien à voir avec l'effondrement d'une institution bancaire majeure". Dans une note récente, BNP Paribas faisait part d'un risque de crédit accru en Chine lié au manque de contrôle des banques publiques chinoises et des autorités sur une croissance exponentielle de l'endettement. Sans pour autant croire non plus à un risque systémique.

Il y a peu la première banque chinoise, ICBC, avait toutefois échappé de peu à un défaut historique d'un montant équivalent à 360 millions d'euros grâce à l'intervention au dernier moment d'une tierce partie anonyme dont on soupçonne Pékin d'être derrière. Rendez-vous vendredi pour savoir si cette fois encore, le défaut sera évité au dernier moment et dans des conditions opaques.