Le parlement de Crimée veut un rattachement de la péninsule à la Russie, Kiev demande sa dissolution

Par latribune.fr  |   |  570  mots
Les députés ont décidé "d'adhérer à la Fédération de Russie avec les droits d'un sujet de la Fédération de Russie". (DR)
Le parlement de Crimée, région russophone d'Ukraine au cœur de la crise entre Moscou et Kiev, a voté le rattachement de la région à la Russie jeudi. La décision doit être soumise à la population le 16 mars prochain. Le parlement compte également nationaliser les biens d'État de la région.

Le plus vaste pays du monde va-t-il l'être encore un peu plus ? Le parlement de Crimée, province ukrainienne, s'est prononcé jeudi à l'unanimité en faveur du rattachement de la région à la Fédération de Russie, rapporte l'agence de presse russe RIA.

Le président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, a réagi dans l'après-midi, expliquant que le Parlement ukrainien va engager une procédure de dissolution du Parlement de la Crimée. La tenue du référendum est "une farce, un crime contre l'Ukraine commis par les militaires russes", a-t-il ajouté.

D'après des propos tenus par le vice-Premier ministre criméen, Roustam Temourgaliev et rapporté par l'agence Interfax, la Crimée pourrait également adopter la monnaie nationale rousse, le rouble.  

"Toutes les entreprises nationales ukrainiennes [locales] seront nationalisées et deviendront propriété de la Crimée autonome", a également déclaré le vice-Premier ministre.

Le Kremlin "informé"

Les députés du Parlement de Crimée ont décidé "d'adhérer à la Fédération de Russie avec les droits d'un sujet de la Fédération de Russie", lit-on dans le texte approuvé. Le parlement local, dominé par des pro-russes, a demandé à Vladimir Poutine le rattachement de la péninsule ukrainienne à la Russie et annoncé l'organisation d'un référendum le 16 mars pour le valider. 

Le Kremlin a aussitôt confirmé que le président russe avait été informé de la demande du Parlement local de Crimée. "Cette information (sur la demande du Parlement local de Crimée) vient tout juste de nous parvenir, le président en a été informé", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, cité par l'agence officielle Itar-Tass.

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Référendum avancé de 15 jours

Un peu plus tôt, le vice-Premier ministre de Crimée Roustam Temirgaliev avait annoncé qu'un référendum sur le statut de la péninsule aurait lieu dès le 16 mars, et que les électeurs seraient appelés à dire s'ils souhaitent le maintien au sein de l'Ukraine - avec renforcement de l'autonomie - ou le rattachement à la Russie, a précisé le député Grigori Ioffe.

L'assemblée de Crimée avait jusqu'à présent prévu l'organisation le 30 mars d'un référendum prévoyant simplement un renforcement de son autonomie. République autonome de deux millions d'habitants, en majorité d'origine russe, la Crimée est contrôlée de facto par des forces russes depuis le 28 février.

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Occupation russe

La veille, le parlement local avait été occupé par des hommes armés pro-russes et avait nommé alors à sa tête, dans des conditions contestées par Kiev, un nouveau Premier ministre, Serguiï Axionov.

Le parquet général ukrainien a annoncé mercredi le lancement de poursuites contre ce dernier, ainsi que contre le président du parlement local Volodymyr Konstantinov, pour "atteinte à l'intégrité" de l'Ukraine. Ils encourent jusqu'à dix ans de prison. 

La Crimée, qui a été cédée dans les années 1950 à l'Ukraine par le dirigeant soviétique d'alors Nikita Khrouchtchev, qui était ukrainien, est peuplée majoritairement de russophones. Cette péninsule est depuis la semaine dernière au coeur de la crise qui oppose Kiev à Moscou.

 

Article publié le 06/03 à 12h20 et mis à jour à 14h31.