Menaces de sanctions, manœuvres militaires... la pression monte sur Moscou

Par latribune.fr  |   |  897  mots
Vladimir Poutine s'est entretenu dimanche avec la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique David Cameron.
Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française, confirme ce mardi la préparation en Europe et aux Etats-Unis de sanctions à l'encontre de la Russie. Retrouvez également un résumé des derniers événements en Ukraine et de ceux qui sont attendus ce 11 mars.

L'UE passera-t-elle à l'offensive ? Comment les Etats-Unis vont-ils gérer la crise? Vladimir Poutine fera-t-il machine arrière? Ce mardi bien des questions restent en suspens concernant la crise ukrainienne. La Tribune résume les principaux événements et enjeux de la journée. 

  • Des sanctions européennes? 

Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, a affirmé ce mardi sur France inter que si Moscou ne répond pas aux propositions occidentales, des sanctions seraient prises contre la Russie. Il a précisé:

"Nous leur avons envoyé une proposition pour cette désescalade, s'ils répondent positivement, John Kerry ira à Moscou et à ce moment-là, les sanctions ne sont pas immédiates." 

Des sources diplomatique ont confié une information du même ordre à l'agence Reuters et au Financial Times d'autre part. D'après le quotidien financier, des responsables européens et américains doivent se rencontrer ce mardi à Londres pour décider d'une liste de sanctions qu'ils pourraient imposer à la Russie. Elles seraient mises en place si Moscou n'établit pas de relation diplomatique avec le gouvernement intérimaire à Kiev, et si le pays ratifie le vote du parlement de Crimée qui doit décider le 16 mars d'un rattachement à la Russie. Ce vote est considéré comme illégal par les nouvelles autorités à Kiev. Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius l'a d'ailleurs qualifié d'illégitime ce mardi, affirmant que "le seul vote légitime, c'est le vote du 25 mai pour le président de la république en Ukraine". 

De son côté, un responsable européen a évoqué cette série de sanctions auprès de l'agence Reuters. Il s'agirait de refus de visas, des gels d'actifs et l'annulation du sommet entre l'Union européenne et la Russie. Ces sanctions pourraient être discutées les 20 et 21 mars, donc après le vote du parlement de Crimée.

Par ailleurs, le volet politique du traité douanier avec l'Union européenne serait en passe d'être signé par Kiev. La levée de certaines barrières douanières permettrait au pays d'économiser 487 millions d'euros par an. C'est le rejet de ce traité par Viktor Ianoukovitch en novembre qui avait jeté de l'huile sur le feu et poussé ses opposants dans la rue. 

  • Tensions entre Moscou et Washington

Or rien ne permet d'indiquer que la Russie accepte de lâcher du lest. Au petit matin heure française, Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, a fait savoir que la Russie allait présenter "ses propres propositions" aux Occidentaux pour "ramener la situation dans le cadre du droit international", selon des propos rapportés par l'AFP.

De son côté, le Financial Times rapporte que Sergueï Lavrov blâme son homologue John Kerry qui aurait annulé un voyage à Moscou. En revanche, un rendez-vous est prévu mercredi entre le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk et le président Obama aux Etats-Unis.

  • Exercices militaires 

Avant cela, et dans ce contexte particulièrement tendu, des exercices militaires américains sont prévus ce mardi, notamment des manœuvres de F-16 au-dessus de la Pologne, à la demande de Varsovie. D'autres Etats de l'Otan devraient également lancer des exercices. L'organisation a annoncé l'envoi d'avions-radars Awacs pour des missions de reconnaissance au-dessus de la Pologne et de la Roumanie.

  • Cameron : "la crise en Crimée est un test pour l'Europe"

De son côté, le Premier ministre britannique, David Cameron, a accordé un entretien au quotidien allemand Bild publié ce mardi. Il y déclare notamment: 

"La crise en Crimée est certainement un test pour l'Europe. Oui, nous sommes du côté du peuple ukrainien et de leur droit à décider de leur avenir. Et non, nous n'acceptons pas que la Russie bafoue la souveraineté de l'Ukraine et la piétine. Nous sommes unis, ensemble, pour les droits de l'Ukraine ! Et nous allons imposer de dures sanctions si Moscou ne change pas de cap." 

Dimanche, le Premier ministre britannique et son homologue allemande se sont entretenus par téléphone avec Vladimir Poutine. Lequel a convenu de la nécessité de "désamorcer les tensions" tout en rappelant qu'il ne partageait pas le point de vue des Occidentaux sur la situation en Ukraine. 

  • La Banque mondiale promet 3 milliards à l'Ukraine

L'organisme international compte prêter jusqu'à 3 milliards de dollars à l'Ukraine, dont deux consacrés à des projets déjà en cours dans le pays. Le surplus sera dédié aux réformes prévues par le nouveau gouvernement. Lors de sa nomination, le Premier ministre par intérim Arseni Iatseniouk a préparé les Ukrainiens à ce qui les attendait, indiquant qu'il faudrait au nouveau gouvernement mettre en place des mesures "extraordinairement impopulaires" pour redresser les comptes du pays. 

>> Ukraine: Arseni Iatseniouk dirigera un "gouvernement de kamikazes"

  •  Le gaz dans la balance

Parallèlement, Bruxelles aurait repoussé sa décision sur l'utilisation du pipeline Opal, qui doit permettre d'acheminer du gaz russe par la mer Baltique, et donc en contournant l'Ukraine. l'entreprise publique russe Gazprom a annoncé une semaine plus tôt qu'il pourrait couper le robinet de gaz à l'Ukraine, officiellement pour des raisons d'impayés et après avoir supprimé des rabais accordés en décembre. 

  •  Nouvelle conférence de Ianoukovitch

 Enfin, à Rostov-sur-le-Don, en Russie, le président déchu Viktor Ianoukovitch a prévu de s'adresser une nouvelle fois au public ce mardi.