"Les trois quarts des capitaux chinois partent vers Hong-Kong, les Caïmans et les Îles Vierges"

Par Romain Renier  |   |  472  mots
Selon Bei Xu, économiste chez Natixis, l'intérêt des Chinois pour certains secteurs de l'économie française ne se traduit pas automatiquement par un investissement en France.
Selon Bei Xu, économiste chez Natixis spécialiste de la Chine, la France ne fait pas partie des destinations privilégiées pour les investisseurs chinois. Les trois quarts des investissements chinois partent vers des places financières et les paradis fiscaux. En Europe, c'est le Royaume-Uni qui est le plus attrayant.

La Tribune : Est-il possible d'estimer le montant des investissements chinois en France?

Bei Xu : Non. Les données que l'on a ne veulent pas dire grand chose. En fait, les trois quarts des investissements directs à l'étranger de la Chine sont dirigés vers Hong-Kong, les Îles Vierges et les Île Caïmans. Le reste du monde se partage le quart restant. Ce qui n'a évidemment aucun sens. Ces capitaux font un détour par ces lieux avant d'être redirigés. Il est donc très difficile de mesurer la relation financière entre la France et la Chine.

Selon les chiffres officiels, la France représenterait moins de 1% des investissements chinois à l'étranger...

C'est évidemment faible car la France n'est pas une priorité pour les entreprises chinoises. La visite du président chinois Xi Jinping est donc peut-être l'occasion d'essayer de faire quelque chose. Pour attirer les Chinois, il faut qu'il y ait un intérêt commun. En général, les secteurs intéressants pour eux sont ceux où ils n'ont pas encore de savoir faire, soit pour servir des marchés tiers, soit pour servir leur propre marché.

Comment la France pourrait-elle mieux tirer profit de la Chine ?

Le problème, c'est que ce type d'intérêt ne se traduit pas automatiquement par un investissement chinois en France. Les cas de Huawei ou de ZTE restent des cas à part car ce sont eux qui ont l'avantage technologique. BioMérieux et Seb sont en revanche de meilleurs exemples. Souvent, les entreprises françaises investissent là-bas et produisent là-bas. L'un des secteurs qui peut toutefois tirer profit de la Chine est celui de l'agroalimentaire en raison des scandales sur la nourriture qui secouent le pays. Les Chinois font plus confiance aux produits étrangers dans ce secteur.

Comment la France se place-t-elle par rapport à ses partenaires européens ?

Les investissements directs étrangers vers l'Europe ne sont pas très élevés, même si elle est la deuxième destination derrière l'Asie en termes de flux. Il y a eu un pic en France en 2011 à 3 milliards de dollars, mais en règle générale on tourne autour de quelques dizaines de millions d'euros. En 2012, par exemple, on était à 154 millions d'euros d'investissements directs chinois en France. En Allemagne on était à 800 millions d'euros. C'est le Royaume-Uni qui occupait la tête avec 3 milliards de dollars d'IDE, suivi du Luxembourg.

Pourquoi de tels écarts ?

Pour le Luxembourg, les raisons sont entièrement fiscales et les investissements purement financiers. La fiscalité est un paramètre important. C'est la raison pour laquelle la plupart des capitaux chinois transitent par Hong-Kong, les Îles Caïmans ou les Îles Vierges. Pour le Royaume-Uni, il y a sans doute d'autres raisons. Il y a essentiellement des investissements financiers et un peu manufacturiers.