L'Espagne est-elle en train de sortir de la crise ?

Par Tiphaine Honoré  |   |  406  mots
Le ministre de l’Economie espagnol Luis de Guindos – ici en pleine conversation avec le président de la Banque Centrale Européenne Mario Draghi- est confiant quant à la capacité de son pays à retrouver le chemin de la croissance.
Après cinq années de crise économique, l'Espagne espère commencer à voir le bout du tunnel. Malgré des indicateurs toujours dans le rouge, le gouvernement table sur une hausse de 1,5% de la croissance cette année.

Chute des prix, baisse des salaires et des crédits, secteur immobilier moribond… Même le chômage continue d'augmenter, en dépit de deux réformes du travail, pour atteindre 25,9% en décembre 2013. Sans parler d'une dette publique qui avoisine les 100% du PIB et d'un déficit parmi les plus élevés d'Europe, à 6,62% du PIB en 2013. Les conditions d'une reprise de la croissance espagnole ne semblent pas réunies.

Des prévisions en augmentation constante

Pourtant, aucune de ces mauvaises nouvelles ne parait entamer l'optimisme du gouvernement quant à une reprise sérieuse de sa croissance. Ses prévisions ne font d'ailleurs qu'augmenter. Il y a deux semaines, le ministre de l'Economie Luis de Guindos évoquait une hausse d'à peine 1% pour 2014. Aujourd'hui, il table sur une progression de 1,5%. Un véritable bond quand on sait que le PIB a reculé de 1,2% en 2013, selon la Banque d'Espagne.

Il faut dire qu'un soupçon de reprise semble amorcé depuis l'an dernier. Ou plutôt, la baisse de la croissance du PIB a commencé à ralentir en 2013 : de -1,9 % en janvier, elle est passée à -0,2% au mois d'octobre dernier.

Les exportations tirent l'économie vers le haut

La reprise est instiguée par les ventes vers l'étranger, a expliqué un membre de l'exécutif espagnol au quotidien El Pais :

 « Les exportations restent positives et on observe également un retour de la consommation des ménages. Les reprises peuvent être aussi inattendues que les récessions ! ».

La Banque d'Espagne est même plus confiante que le gouvernement sur le rythme du retour à la croissance. Elle prévoit jusqu'à 1,7% d'augmentation du PIB en 2014 et 2015.

Avec des prévisions qui reprennent des couleurs, l'Espagne change de statut aux yeux de Bruxelles. Après avoir longtemps été l'un des mauvais élèves de l'Union Européenne, elle devient un exemple de réussite de la politique imposée par la Commission. Un haut responsable européen confiait au journal El Pais que « l'Espagne a appliqué des réformes que ni la France ni l'Italie n'ont mis en place ». Madrid de son côté se félicite de ses efforts pour relancer le secteur bancaire et faire baisser son déficit public.

Si la prévision des 1,5% de croissance se confirme à la fin de l'année, le pays repassera même devant la moyenne de la zone euro. La Banque centrale européenne (BCE) estime que son PIB devrait croître de 1,2% en 2014.