Ukraine : l'Est menace de faire secession

Par latribune.fr  |   |  559  mots
En Crimée, un soldat russe a abattu lundi un officier de la marine ukrainienne. (Photo : Reuters)
Le pays traverse une nouvelle montée de tension après que des militants pro-russes ont proclamé la création d'une république séparatiste et demandé l'organisation d'un référendum d'autodétermination.

L'Ukraine était confrontée lundi à une menace de sécession de zones russophones frontalières de la Russie où des militants ont proclamé une "république souveraine" à Donetsk, un plan russe pour "démembrer" le pays, selon le gouvernement pro-européen de Kiev.

Montée de tension dans l'Est

La tension s'est brusquement aggravée depuis dimanche .Des manifestants pro-russes se sont emparés de bâtiments officiels dans plusieurs villes de l'Est ukrainien, pour hisser à la place des drapeaux ukrainiens ceux de la Russie.

À Donetsk, ville d'un million d'habitants située à une cinquantaine de kilomètres de la frontière russe, des manifestants, dont certains armés, se sont emparés du bâtiment des services de sécurité (SBU), après celui de l'administration. Dans la soirée de lundi la présidence ukrainienne a annoncé dans un communiqué la reprise sans victimes du bâtiment du SBU par les forces loyalistes.

"République populaire de Donetsk"

En fin de matinée, barricadés dans les locaux de l'administration, les séparatistes ont proclamé sous les vivats une "république populaire de Donetsk", comme le montre une vidéo postée sur internet .

Selon l'agence de presse Interfax, ils ont décidé d'organiser un référendum sur une souveraineté régionale avant le 11 mai, le site d'information régional Ostrov affirmant de son côté qu'ils demandaient à rejoindre la Fédération de Russie.

Éviter une répétition du scénario de la Crimée

Le gouvernement ukrainien pro-européen a dénoncé un plan du grand voisin russe "pour déstabiliser, pour qu'une armée étrangère passe la frontière et envahisse le territoire ukrainien".

Le président par intérim Olexandre Tourtchinov a accusé les séparatistes de travailler "avec les services secrets russes" pour "rejouer le scénario de la Crimée".

La Russie a rétorqué par la voix du ministère des Affaires étrangères en demandant qu'on cesse de "l'accuser de tous les problèmes de l'Ukraine". Et de réaffirmer sa position selon laquelle seule une "fédéralisation" pourrait assurer "les intérêts de toutes les régions du pays".

Risque pour l'élection présidentielle 

Une élection présidentielle anticipée est prévue le 25 mai et les favoris en sont des pro-européens soucieux d'arrimer à l'Ouest ce pays de 46 millions d'habitants, frontalier de plusieurs États membres de l'Union européenne.

Kiev soupçonne Moscou de vouloir torpiller ce scrutin par des troubles ou des demandes de référendums, sur la fédéralisation, l'autonomie ou le rattachement à la Russie.

Intervention internationale

Face au danger pour le fragile gouvernement intérimaire en place à Kiev depuis le renversement d'un régime pro-russe fin février, Washington a enjoint le président russe Vladimir Poutine de cesser de "déstabiliser" l'Ukraine. Et, tout comme les Européens ces derniers jours, a menacé Moscou de "nouvelles sanctions contre l'économie russe" en cas de dérapage, selon le porte-parole de la Maison Blanche.

Les ministres américain et russe des Affaires étrangères, John Kerry et Sergueï Lavrov, ont également discuté lundi de la possibilité de "pourparlers directs" d'ici à dix jours entre les États-Unis, la Russie, l'Union européenne et l'Ukraine pour tenter de régler la crise, selon le département d'État américain.