Ukraine : riposte violente du gouvernement de Kiev

Par latribune.fr  |   |  1327  mots
La tension est montée d'un cran dans l'Est de l'Ukraine
Le gouvernement ukrainien a lancé une opération dans l'Est du pays pour déloger des "pro-russes" qui occupaient des bâtiments officiels. Il y aurait des morts et des blessés dans les deux camps.

Le gouvernement ukrainien pro-européen, confronté à des insurrections armées pro-russes faisant craindre l'éclatement du pays, a lancé dimanche une opération "antiterroriste" de reconquête qui a fait "des morts et des blessés", selon un ministre.

"Une opération antiterroriste a débuté à Slaviansk", une des villes de l'Est de l'Ukraine visées samedi 12 avril par les attaques de groupes armés pro-russes, a annoncé sur sa page Facebook Arsen Avakov, ministre de l'Intérieur du gouvernement intérimaire.

Des morts des deux côtés

Le ministre a ensuite fait état de "morts et blessés des deux côtés", un tué et cinq blessés côté loyalistes et "un nombre non déterminé" chez les séparatistes. Selon lui, les forces loyalistes "se regroupent".

Les assaillants, bien équipés et organisés mais ne portant aucun insigne et présentés comme des milices locales, avaient pris samedi le contrôle des bâtiments de la police et des services de sécurité.

Un photographe de l'AFP en ville n'a entendu aucun bruit de combat particulier dimanche matin et les séparatistes tenaient toujours à la mi-journée au moins le bâtiment de la police.

Des hélicoptères survolaient la localité de quelque 100.000 habitants à basse altitude. Des habitants, notamment des femmes, étaient massés dans le froid sous de fines averses devant les barricades proches du commissariat pour défendre les lieux. M. Avakov a pour sa part écrit que les assaillants "se cachent derrière les populations civiles utilisées comme boucliers humains".

 

- 'Cosaques du Terek' -

 

Un autre photographe a constaté que des séparatistes armés tenaient un pont à l'entrée de la ville. Certains se sont présentés comme des "cosaques du Terek", fleuve du Caucase russe.

Samedi soir, M. Avakov avait dénoncé une "agression" russe, après la série d'attaques visiblement cordonnées lancées tout au long de la journée contre des bâtiments publics dans l'Est russophone, frontalier de la Russie. Il avait évoqué des combats dans plusieurs localités, sans faire état de victimes.

A l'issue d'une première série de soulèvements le 6 avril, des insurgés pro-russes avaient proclamé à Donetsk, grande ville de l'Est, une "république souveraine", tout en ne contrôlant alors que deux bâtiments.

Ils réclament le rattachement à la Russie, ou au minimum une "fédéralisation" de la Constitution ukrainienne pour donner de grands pouvoirs aux régions. Le gouvernement de Kiev refuse, y voyant la porte ouverte à un éclatement du pays, et accepte seulement une "décentralisation".

Ces assauts, menées par des hommes en uniformes non marqués, armés et visiblement bien organisés, rappellent le scénario qui s'est déroulé en mars en Crimée, et ont fait craindre que la Russie, qui a massé jusqu'à 40.000 hommes à la frontière, ne se saisisse du prétexte de ces troubles pour intervenir sur le territoire de son voisin.

Les assaillants sont "équipés d'armes russes et des mêmes uniformes que ceux portés par les forces russes qui ont envahi la Crimée", a ainsi tweeté l'ambassadeur des Etats-Unis à Kiev, Geoffrey Pyatt.

Moscou n'a jamais reconnu le gouvernement provisoire pro-européen arrivé au pouvoir après le renversement fin février du président pro-russe Viktor Ianoukovitch suite à des manifestations sanglantes à Kiev. Et la Russie avait mis en garde samedi l'Ukraine contre tout recours à la force contre les insurgés.

 

- 'Fascistes' -

Le gouvernement ukrainien était par ailleurs pressé par les militants pro-européens ou nationalistes, dont ceux du Pravy Sektor (secteur droit) qualifiés de "fascistes" par Moscou, de réagir.

Washington a lancé samedi soir un avertissement aux Russes. Dénonçant des attaques "orchestrées et synchronisées", le secrétaire d'État John Kerry a averti son homologue Sergueï Lavrov que Moscou devrait faire face à des "conséquences supplémentaires" si la tension ne retombe pas et si les troupes russes ne se retirent pas de la frontière.

Dimanche, la France s'est aussi prononcée pour "de nouvelles sanctions en cas d'escalade militaire".

Moscou dément toute responsabilité dans les troubles et M. Lavrov a de nouveau affirmé samedi que Moscou n'avait aucune intention de rattacher à la Russie les régions orientales de l'Ukraine.

Se déclarant "très inquiet" face aux "risques croissants d'affrontements violents", le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a de son côté appelé tous les protagonistes à "faire preuve du maximum de retenue" et à dialoguer pour faire baisser la tension.

Des pourparlers Russie/Ukraine/Etats-Unis/Union européenne sont justement annoncés pour jeudi prochain à Genève, mais la Russie a douché samedi cette lueur d'optimisme en affirmant que rien n'était en fait arrêté, notamment le "format" des discussions. Moscou a insisté pour que les pro-russes puissent être représentés et exposer leurs "intérêts légitimes".

Le président russe Vladimir Poutine a fait encore monter cette semaine les enjeux de la crise, la pire entre Est et Ouest depuis la fin de la guerre froide, en avertissant qu'elle pourrait mettre en danger les approvisionnements en gaz de l'Europe.

Quelque 13% du gaz consommé par l'Union européenne transite en effet par l'Ukraine, qui a des milliards de dollars de dette gazière envers Moscou. M. Poutine a menacé de cesser les livraisons à l'Ukraine si ce sommes n'étaient pas réglées.

Pour sa part, le secrétaire d'État américain John Kerry a averti son homologue russe que Moscou devra faire face à des "conséquences supplémentaires" si la tension ne retombe pas avec l'Ukraine voisine et si les troupes russes ne se retirent pas de la frontière.

La cote de popularité de François Hollande a chuté de cinq points en avril, à 18%, le plus bas niveau jamais atteint depuis deux ans, tandis que celle de Manuel Valls, tout nouveau Premier ministre, s'affiche à 58%, selon le baromètre mensuel Ifop pour le Journal du dimanche.

Président le plus impopulaire de la Ve République, François Hollande n'était jamais tombé si bas, ses derniers plus mauvais scores étant les 20% enregistrés en novembre 2013 puis de nouveau en février 2014. Le mois dernier, sa cote de popularité s'était légèrement redressée à 23%, toujours selon ce baromètre.

Quant à Manuel Valls, testé pour la première fois en sa qualité de Premier ministre, ses 58% font de lui le chef de gouvernement le plus populaire en début de mandat (en prenant en compte les scores à leurs débuts des "deuxièmes" chefs de gouvernement d'un mandat présidentiel).

A titre de comparaison, Dominique de Villepin en juin 2005 enregistrait un indice de popularité de 44%, et Laurent Fabius de 29% en août 1984. Celui-ci venait alors de succéder au premier Premier ministre de François Mitterrand, Pierre Mauroy.

Surtout, relève l'Ifop, un tel écart de 40 points entre les cotes de popularité du président de la République et du Premier ministre n'a jamais été vu depuis 1958 (hors cohabitations). Le plus important jusqu'alors était le différentiel de 21 points enregistré entre Nicolas Sarkozy (37) et François Fillon (58) en mars 2008.

Dans le détail, 2% des sondés se disent "très satisfaits" de François Hollande comme président de la République (chiffre inchangé par rapport à mars), et 16% "plutôt satisfaits" (-5), tandis que 44% se disent "plutôt mécontents" (+6) et 38% "très mécontents" (idem). 0% ne se prononce pas.

Quant au Premier ministre, quelques jours après son installation à Matignon le 1er avril, 5% se disent "très satisfaits", 53% "plutôt satisfaits", 23% sont "plutôt mécontents" et 12% "très mécontents". 7% ne se prononcent pas.

Etude réalisée par téléphone du 4 au 12 avril auprès d'un échantillon de 1.909 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas).